Altars Ablaze - Life Desecration
Chronique
Altars Ablaze Life Desecration
On ne serait pas déjà bientôt à la fin de l'année ? Et qui dit fin d'année dit bilan, avec le sprint final habituel pour écrire à temps toutes les chroniques d'albums ayant marqué, en bien ou en mal, les douze derniers mois. Une course perdue d'avance en ce qui me concerne puisque je n'ai toujours pas réglé 2021. On va donc plutôt se concentrer sur les perles les plus brillantes de 2022. À commencer par ce premier album de Altars Ablaze, Life Desecration, paru en septembre chez Lavadome Productions.
Si ce nom ne vous dit rien, c'est normal, l'entité s'avère toute récente et n'avait rien sorti jusqu'alors. Le quintette n'est cela dit pas né de la dernière pluie acide puisqu'il se compose de vétérans de la scène tchèque. Principalement des membres et ex-membres d'un combo bien connu ici, Heaving Earth, le batteur étant lui un ancien Brute et nouvellement Cult of Fire pour le live, et le guitariste Franta "Frank" Šerák un ex-Fleshless et Intervalle Bizarre. On se retrouve ainsi avec l'ancien bassiste Pavel Šatra, le chanteur Michal Kusák de retour au bercail depuis peu et le guitariste Tomáš Halama. Et cela s'entend sur beaucoup de tremolos mélodiques à la fois lumineux et infernaux, sur lesquels on reconnaît sans peine la patte du musicien. Ce seront toutefois les seuls points communs avec la formation sœur (ajoutons tout de même l'utilisation régulière de dissonances qui rappellent aussi un peu leurs voisins de Ceremony of Silence), Altars Ablaze s'adonnant à un death metal blackisant plus virulent.
Beaucoup plus virulent même ! Foutre Satan qu'est-ce que ça bourre ! Adorateurs du Dieu blast-beat, vous ne mettrez pas longtemps à devenir des fidèles de cette chapelle slave qui pilonne à tout va dans une déflagration de violence des plus jouissives. Imaginez un croisement entre le blackened death haineux de Angelcorpse et le death metal implacable et bouillonnant de Hate Eternal, avec quelques touches à la Nox/Centurian et une part black metal appuyée. Une brutalité quasi constante bien mise en exergue par une production énorme qui évite l'écueil du trop synthétique, même au niveau de la batterie qui sonne incroyablement bien. Il faut dire aussi que le batteur impressionne grandement, et pas seulement par sa vitesse.
Un peu comme tout le groupe, en fait. Ce n'est pas très compliqué de bourriner, encore faut-il qu'il y ait de la substance derrière le mur de son. De vrais morceaux avec de vrais riffs, des changements de structures, de tempos, une vraie dynamique, une vraie intensité, de la mélodie, une atmosphère, de la maîtrise technique, etc. Et tout cela, Altars Ablaze nous l'offre sur un plateau brûlant pendant trente minutes presque trop vite passées malgré l'intensité de la chose. Déjà, les Tchèques ralentissent tout de même le tempo de temps en temps. Et je ne parle pas des rythmiques thrashies qui apparaissent régulièrement entre deux grosses rasades de blasts. Ce n'est pas très souvent, ça ne dure jamais très longtemps mais mine de rien, les compositions ne sont pas aussi linéaires qu'une écoute distraite pourrait laisser croire. Une aération légère mais vitale. Citons notamment l'introduction mid-tempo dissonante du morceau-titre "Life Desecration" ainsi que sa dernière partie plus posée jusqu'à son sample final de feu qui brûle avec une voix dans le fond. Le démarrage angoissant puis menaçant de "Drenched in Wrath and Blood" ou encore quelques brefs passages comme sur "Shrine Destroyer" (1'02), l'entrée en matière de "With Bone Crowns and Iron Scepters" ou la fin du dernier morceau "Glorification of Rats", autrement une boucherie intégrale, sur des dissonances et un long cri d'agonie.
Plus que quelques coups de frein bien sentis cependant, c'est surtout le travail des guitares qui fait la différence. Loin de certaines formations qui blastent dans le vent, Altars Ablaze a réuni ici une belle collection de riffs. Beaucoup de motifs plus ou moins mélodiques et sombres en tremolo-picking, mais pas que, qui font mouche. Pas mal de séquences black metal également, quelques autres plus thrashies et tout un tas de solos chaotico-mélodiques fort bien branlés. Si la qualité et l'efficacité de l'ensemble saute aux oreilles dès le premier passage, il faudra en fait plusieurs écoutes approfondies pour déceler toutes les subtilités tricotées par la paire de guitaristes et assimiler pleinement la bête.
Les dernières sorties tant attendues de Lavadome, le Beyond Mortal Dreams trop quelconque et brouillon et le Heaving Earth à l'évolution plus froide, clinique et dissonante, m'avaient quelque peu échaudé. Ce premier essai de Altars Ablaze réussit à faire oublier ces déceptions en replaçant le label tchèque dans le haut d'un panier death metal toujours plus garni année après année. Ce que que je peux aimer ce genre de death intense et furieux, intransigeant et exigeant. Maman, quel bonheur que cette orgie de blast-beats ! Ces guitares inspirées et fouillées ! Ces vocaux tantôt growlés tantôt shriekés qui transpirent la haine ! Cette production qui te colle au mur ! Ce mélange magnifiquement ciselé de Angelcorpse, de Hate Eternal et de black metal, avec la patte heaving earthienne de Tomáš Halama sur pas mal de tremolos, me rend fou à chaque fois. Bref, vous l'avez compris en lisant mon enthousiasme débordant, Life Desecration, se place comme mon album death metal de l'année aux côtés du Inanna, dans un registre différent, et dont je prendrai un malin plaisir à vous conter les méfaits dès que possible.
| Keyser 6 Décembre 2022 - 1948 lectures |
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