Catalyst - A Different Painting For A New World
Chronique
Catalyst A Different Painting For A New World
Révélé il y’a trois ans avec le réussi
« The Great Purpose Of The Lords » le combo de la région de Metz aura pris son temps pour fignoler ce deuxième album, qui devait légitimement faire passer un cap au trio originel désormais auréolé d’un nouveau frappeur encore plus redoutable que son prédécesseur (même si Paul Loup a pris le temps d’enregistrer ses parties avant de mettre les voiles), et d’une signature chez Non Serviam Records qui va leur amener de la visibilité bienvenue. Car peu connu encore dans nos contrées le quatuor mérite clairement qu’on s’intéresse à lui tant son bagage technique est impressionnant de la part de chacun des membres, ceux-ci poussant une machine qui ne demande qu’à décoller même si le surrégime n’est jamais très loin et malheureusement présent à plusieurs reprises. Si on avait remarqué sur le précédent opus des erreurs de jeunesse liées notamment à une durée globale comme de chaque plage largement excessive (pour un rendu final de soixante-cinq minutes), celles-ci étaient excusables du fait d’un manque d’expérience conjugué à une volonté manifeste de vouloir trop en faire et d’en coller le maximum possible sur tout l’espace disponible. Hélas même si le groupe a très légèrement réduit la longueur générale celle-ci va rester beaucoup trop importante pour qu’on puisse s’enfiler cette œuvre d’une seule traite, surtout quand en plus nombre de breaks acoustiques, cassures rythmiques et effets en tous genres vont venir briser une dynamique qui n’en avait pas besoin.
Ne nous trompons pas le rendu est techniquement irréprochable, la vitesse y est hallucinante et les riffs comme les patterns d’une précision chirurgicale - à l’instar des nombreux solos flamboyants… mais cela ne fait pas tout et cela va être perceptible dès le départ avec « To Unleash Thy Heinous Fate ». Si cette première composition va dévoiler tout le panel de jeu de haut-niveau des mecs (blasts furibards, parties jouées à deux cent à l’heure, passages lents écrasants et tabassage intensif) ces bonnes choses vont être gâchées ici par des voix claires pas forcément du meilleur goût et qui diminuant un rendu jusqu’alors très efficace. Néanmoins après ce début hésitant « The Last Warning » va dévoiler de bonnes choses en jouant sur les plans mid-tempo pour headbanguer autant que la fureur déchaînée où se mêle cependant de la douceur, via l’ajout de passages hispanisants à la guitare sèche bien troussés qui trouvent facilement leur place au sein d’une écriture plus sobre. C’est d’ailleurs là qu’on s’aperçoit que les Lorrains auraient tout à gagner en allant à l’essentiel tant ils passent à l’échelon supérieur quand ils évoluent dans cette voie, preuve en sont les excellents « Worms And Locusts » et « Paragon Of Devastation » qui ne s’embarrassent pas de futilités sans s’éterniser outre mesure. Passant tous les tempos en revue ces deux morceaux dévoilent une écriture directe et sans chichis où l’explosivité et le tempo ultra-accéléré se mélange facilement à celui ralenti voire carrément lourd, mais jamais y coller nombre de bidouillages inutiles et indigestes qui permettent ici un ressenti impeccable et une vraie attractivité.
Qu’on aurait aimé en effet que les gars restent dans cette ligne de conduite au lieu de partir dans tous les sens… quitte à se perdre un peu en route, et cela va apparaître sur toute la seconde partie de cette galette où l’on ne va retenir que tout ça alors qu’il y’a de bonnes choses à exploiter mais qui se retrouvent noyées sous la masse de synthétisme. Tout cela va s’entendre sur « Arise Of The Anathema » qui malgré son bon début va être plombé par des longueurs trop conséquentes (donnant l’impression de ne sachant pas comment se finir), à l’instar de l’occulte « Behold Thy Purification » riche en atmosphères mais dont les différentes voix ne lui rendent pas grâce. Et que dire de la dégoulinante doublette de fin (« The Catalyst’s End » / « A Different Painting For A New World ») remplie de plans barrés à gogo et qui n’hésite pas à voir l’intégration de piano comme des désormais incontournables cassures unplugged, dont l’intérêt hormis le remplissage n’est pas vraiment évident, clôturant ainsi ce long-format avec un sentiment d’inachevé et bizarre… celui d’une entité au potentiel au-dessus du lot mais qui n’arrive à l’exploiter encore correctement.
Cela est vraiment regrettable car à jouer la surenchère celle-ci finit par perdre un peu le fil et la cohérence de ses compositions, alors qu’il y’avait sans doute mieux à faire en allant vers plus de simplicité. Du coup il est clair qu’il y’a encore du travail pour la voir grimper dans la hiérarchie hexagonale et qu’il sera indispensable pour pouvoir y prétendre de proposer un jeu plus direct et accessible, au risque de ressembler plus à DRAGONFORCE (dont certains plans ici présents semblent avoir faits par les Britanniques) qu’à autre chose. Sans se louper intégralement le rendu est trop inégal pour marquer l’année de son empreinte – et ce malgré les très bons moments proposés avec parcimonie, qui devront être plus nombreux dans le futur si la bande veut devenir un incontournable au sein du pays… au risque pour elle de rejoindre la cohorte d’espoirs déçus et qui s’accrochent encore et toujours en n’intéressant plus grand-monde ou presque.
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