Catalyst - The Great Purpose Of The Lords
Chronique
Catalyst The Great Purpose Of The Lords
En matière de Death-Metal ambitieux et atypique l’est de la France reste probablement une des références de l’hexagone en la matière, car si jusqu’à présent on connaissait les vosgiens de DUNGORTHEB et les doubistes de CARCARIASS il va falloir désormais compter avec les mosellans de CATALYST, dont ce premier opus s’avère plus que réussi et surtout très original. Formé début 2017 à Metz le quatuor n’a pas perdu de temps pour se mettre au travail, sortant cette même année un EP remarqué qui lui a permis de se faire une petite réputation au niveau local et même au-delà. En revanche il a pris son temps pour passer à l’étape supérieure, et heureusement car il a poussé plus loin l’expérience musicale en y incorporant une technicité plus importante complétée par des influences venant du Thrash comme du Progressif, sans tomber dans les travers trop souvent entendus quand il y’a multiplicité des genres. Si ce mélange entre brutalité et mélodie pouvait paraître sur le papier casse-gueule voire carrément pompeux, il n’en est rien ici tant la fluidité entrevue déjà chez les gars est toujours active malgré une durée générale de plus d’une heure qui aurait pu être raccourcie.
Car c’est cela qui va sauter aux oreilles dès le départ (juste après l’introduction grandiloquente « Omniscient Bodies ») avec le maîtrisé et intéressant « An Unworthy Covenant » et ses dix minutes au compteur. S’il aurait gagné à être un peu plus court ce morceau permet néanmoins de dévoiler toute la palette technique impressionnante de la bande où la vitesse la plus élevée côtoie des passages plus lents où s’ajoutent des solos mélodieux (dont l’apport sur toute la galette va se révéler être précieux) permettant ainsi d’aérer l’ensemble. Maîtrisant ses parties à la perfection chacun des membres reste d’une précision chirurgicale quelque soit le tempo global et montre ainsi qu’il possède un bagage assez impressionnant, notamment le batteur récemment arrivé qui livre une prestation de haute volée. Celui-ci par son dynamisme a poussé ses camarades dans leurs derniers retranchements et leur a permis de franchir un cap, car il ne se contente pas seulement de taper vite et fort mais il montre également un jeu tout en variations fort appréciable qui évite ainsi de se répéter. Après ce départ en fanfare qui donne le ton pour la suite, celle-ci va mettre à l’honneur une facette plus directe et dépouillée de ses créateurs afin de prouver que leurs compos tiennent aussi la route quand elles vont plus à l’essentiel. C’est le cas du très bon « The Great Purpose Of The Lords » qui joue le grand-écart entre blasts ravageurs et moments plus lourds où l’envie de remuer la tête est présente, et qui traîne moins en longueur à l’instar du redoutable « In Mist We Are Born », où la brutalité va être exacerbée. Pas de concessions ici car ça tabasse pratiquement en continu, tout en proposant suffisamment de cassures pour ne pas tomber dans la linéarité, cela grâce à quelques passages en mid-tempo remuant et d’autres qui s’alourdissent pour mieux repartir par la suite. On retrouve ce même schéma brut de décoffrage sur le furibard « …To Chaos » au nom prédestiné et qui ne cesse que bourriner et jouer à toute allure, et dont l’explosivité est juste ralentie par un léger ralentissement nécessaire et bienvenu.
Mais même en misant tout sur une rythmique surhumaine et ultra-violente la mélodie n’est jamais totalement absente, comme une éclaircie au milieu de la tempête et confirmant que le combo possède plus de finesse et de recherche qu’il n’y parait de prime abord. D’ailleurs à ce sujet l’album raconte l’histoire d’un univers créé par neuf sages dont le nombre garantissait sa survie et son équilibre, jusqu’au jour où le plus puissant d’entre eux décida de régner seul pour garantir sa toute puissance et abandonnant ainsi les autres, créant de cette façon un chaos sans précédent. D’où le fait que cette galette passe par toutes les ambiances possibles et que même si elle semble parfois désarçonnée la cohérence reste de mise, voyant du coup l’apparition également de titres plus massifs où est fait l’éloge de la lenteur. C’est le cas de « Demophobia » qui a bénéficié pour l’occasion d’un réenregistrement (il figurait déjà sur le court-format « Dawn Of A Dreadful Fate »), et qui bien qu’étant relativement équilibré met en avant une facette plus écrasante et entraînante au milieu des déferlantes rageuses. Mais si celui-ci voyait encore une certaine diversité avec « From The Last Sunset… » en revanche le bridage est de rigueur et les accélérations courtes et fugaces, faisant de fait de cette composition quelquechose de différent mais à l’intérêt toujours vif, amenant une très bonne surprise au milieu de cette livraison qui en regorge.
Cependant alors qu’intervient son dernier tiers le temps va commencer à faire son œuvre et l’attention décroître progressivement, cela est visible sur le mitigé « The Empire That Failed » où malgré l’ajout de notes acoustiques de vraies faiblesses apparaissent. La faute à des chœurs pas forcément bien en place et qui manquent un peu de justesse, ainsi qu’à une ambiance spatiale et synthétique trop prononcée qui met à mal le côté aventureux de l’écriture qui était pourtant intéressante. Un peu désordonné le résultat est également plombé par une durée excessive qui finit immanquablement par lasser malgré des bonnes idées qui ne sont pas suffisamment bien exploitées. Ce compte-rendu s’applique également sur la conclusion intitulée « For Whom Summons The Dead » qui lève le pied niveau force brute, mais qui comme précédemment souffre d’une vraie répétition et aurait gagné en accroche en étant plus éphémère.
Mais si cette réalisation a du mal à se terminer il ne faut pas occulter le reste qui mérite le détour et qui va demander pas mal d’écoutes pour être totalement assimilé, tant sa densité et sa profondeur offrent de quoi s’occuper pour un bon moment. Bénéficiant d’une vraie rigueur musicale et de leads fins et aérés exécutés avec soin le boulot réalisé par les gars confirme l’excellente santé du Metal hexagonal, dont on ne cesse de vanter logiquement les nombreuses qualités. Il est certain également que les lorrains seront assurément à surveiller dans les années qui viennent tant leur potentiel semble encore loin d’être totalement exploité, et avec un peu plus de vécu et d’expérience nul doute que les erreurs énumérées plus haut seront évacuées à l’avenir. Autant dire que quand ça sera le cas ils auront franchit un cap et feront partie des dignes héritiers et successeurs d’une scène nationale où petits jeunes aux dents longues et vieux briscards expérimentés ne cessent de se tirer la bourre, pour notre plus grand plaisir auditif !
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