Encore un one man band de
black metal me direz-vous. Et en plus, celui-là, il a l’outrecuidance d’avoir sorti deux albums cette année : «
Chapitre II : Baudelaire » (que je m’apprête donc à traiter) et «
Chapitre III : The Middle Earth – part One » en ce mois de décembre, alors que le premier effort, sobrement intitulé
« Chapitre I », remontait déjà à 2004.
Bon, le
metal et Baudelaire, c’est comme qui dirait « cul et chemise » ou les cinq doigts de la main. Là, sans prendre le temps de faire une recherche approfondie, j’ai
Diamanda Galas et sa version des Litanies de Satan qui me vient immédiatement à l’esprit, le titre « Spleen » des Allemands de
EverEve sur l’album «
Stormbirds » ou encore
Modern Cubism (side-project de
Jean-Luc de Meyer, chanteur de
FRONT 242) avec le très bon «
Les plaintes d’un Icare »… Comment ça mes exemples ne sont pas vraiment du
metal ? Vous voulez que je sorte de la cave « Les fleurs du mal » de
Léo Ferré ? Je ne pense pas que l’on ait besoin d’en arriver à de telles extrémités.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, c’est
Manylaethurius qui se grime en compteur pour mettre en musique dix poèmes en un peu plus d’une heure. Précisons toutefois que sa carrière n’a pas débuté avec
TERRAGON puisqu’on le retrouvait déjà au début des années 2000 dans
SPECTRUMS OF OBLIVION et
ANCETRES, l’épée et le manche (de guitare) à la main.
Je ne m’éterniserai pas trop sur la pochette car, autant le logo de la formation est vraiment classe, autant, s’il n’y avait le titre, j’aurais pu croire que le personnage représenté n’était autre que Michel Houellebecq. Franchement, tu lui rajoutes un mégot dans le bec, l’illusion est parfaite. Une adaptation musicale des « Particules élémentaires » serait d’ailleurs de fort bon goût mais passons, ce n’est point le sujet.
Musicalement, l’homme étant contraint par la taille des poésies sélectionnées, la durée des titres fluctue du bref (deux minutes pour « Le gouffre » ou « Duellum ») à l’imposant (les douze minutes de « Dance macabre »), ce qui tend à confirmer que le compositeur a vraiment cherché à développer les bons climats, les meilleures atmosphères, pour faire vivre les textes au lieu de forcer ces derniers à rentrer dans une structure plus rigide qu’il maîtriserait. Comme je m’y attendais un peu, le style est celui d’un
black metal mélodique, romantique (terme non péjoratif ici car à comprendre dans son acception littéraire) et atmosphérique, alternant les passages narrés avec des éléments plus traditionnellement métalliques, des vapeurs électroniques (« La destruction »), un chant parfois « raw » parfois grave, tantôt chanté, tantôt parlé… Attendez, ça ne serait pas un peu la foire d’empoigne là ?
Paradoxalement, non. Pourquoi cela ? Parce que, et cette interprétation est toute personnelle,
Manylaethurius a fait le choix d’imaginer la musique qui, selon lui, collerait le mieux aux textes. Dans cette optique, il devient alors logique que le
black ne soit pas forcément le style le plus adéquat,
TERRAGON faisant alors jouer sa culture musicale et son sens des arrangements pour mettre les instruments au service de la voix. Le seul défaut à ce choix est que comme la production manque un brin de puissance, les parties orchestrées sont souvent bouffées par le reste, par exemple la batterie sur « Dance macabre » (une composition impressionnante cela dit), alors qu’elles sont pensées pour apporter de l’ampleur, de l’emphase, de la mélancolie là où les guitares ne le peuvent. En cela, « Les litanies de Satan » est sans doute la composition sur laquelle l’équilibre entre l’électrique et l’acoustique me paraît le plus juste même si, à titre personnel, je préfère l’approche belliqueuse de « Duellum » ou le
black doom de « De Profundis Clamavi ».
Le projet était ambitieux, je ne sais pas combien de temps il aura fallu à ce musicien pour composer l’album mais le résultat final est une franche réussite au regard des moyens probablement mis en œuvre et du fait qu’il soit seul pour orchestrer l’ensemble. Bien sûr qu’il y a des défauts dans «
Chapitre II : Baudelaire » mais ils sont gommés par le fait qu’il me redonne le goût de la poésie, genre littéraire qui m’a toujours profondément ennuyé au cours de mes études et pour lequel je n’ai jamais eu d’appétence. Chapeau bas.
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