Obvurt - Triumph Beyond Adversity
Chronique
Obvurt Triumph Beyond Adversity
Après avoir fait parler de lui de brillante façon l’année dernière avec un premier Ep particulièrement prometteur (le bien-nommé
« The Beginning »), il était temps pour le groupe de Philippe Drouin de passer le cap du long-format après bien des péripéties internes. Car après avoir signé chez un Unique Leader en nette perte d’attractivité c’est surtout les départs d’Olivier Pinard et de Samuel Santiago qui semblaient être les plus préjudiciables au combo, qui va néanmoins passer facilement ses écueils tant sa tête-pensante a de la ressource et de la qualité à proposer. Entouré désormais par le bassiste Alexandre Chouinard (MORGUE) et le batteur Charléli Arsenault (ACEDIA, CANTIQUE LEPREUX) le chanteur-guitariste livre ici huit morceaux de Death technique de haut-niveau qui ne tombent jamais dans la branlette musicale, et restent ainsi accrocheurs en continu pour offrir un excellent rendu général. Car même si la technicité a augmenté d’un cran par rapport à la précédente livraison tout ceci reste néanmoins particulièrement fluide, aidé en cela par une durée de chaque composition qui ne traîne jamais en longueur permettant ainsi d’éviter l’écueil de l’indigeste et du trop-plein.
S’inspirant toujours autant de GORGUTS que de MORBID ANGEL la formation du Québec va directement donner le ton sur « Second Chance » qui va jouer autant sur la brutalité continue que la lourdeur intense, en variant régulièrement les tempos histoire d’obtenir un équilibre des forces et une noirceur intégrale. Ajoutant des parties tribales pour accentuer ce ressenti de messe noire oppressante le rendu offre une cohérence impeccable et sans fautes de goût qui prend l’auditeur à la gorge sans jamais relâcher son étreinte, un constat que l’on retrouve sur la doublette « Life And Death » et « Versus » qui sent bon l’ange morbide de la période Steve Tucker. Car ici c’est pachydermique au possible de par une ambiance massive et sombre omniprésente, même si ça n’oublie pas d’accélérer quand il faut pour aérer tout ça. Proposant deux durées totalement opposées ces deux plages complémentaires closent un album impeccable qui ne faiblit jamais et conserve en permanence son homogénéité, et ce même si l’ensemble se ressemble sur certains plans. En effet si l’on a l’impression d’avoir parfois une légère répétition chacun des titres a suffisamment de variété et de personnalité pour qu’ils soient bien identifiables, notamment le barré et progressif « Invisible Enemy » qui pousse l’écriture dans ses derniers retranchements. Car si au départ il est relativement classique et parfaitement exécuté, rapidement les choses partent dans tous les sens (sans pour autant y perdre en cohérence) avec l’apparition d’un break à l’ambiance Jazz d’où émerge un solo d’obédience Blues, pour un résultat bizarroïde mais en total raccord, qui n’aurait pas fait tache chez Devin Townsend.
Néanmoins afin de ne pas finir par faire dans le bourratif l’entité va ensuite retrouver une écriture plus directe et frontale via notamment l’excellent et épique « Halfway From Theory » - où le mid-tempo se montre plus présent tout comme les plans remuants à souhait, qui donnent instantanément envie de headbanguer. Tout ça sans compter l’impeccable « Renverser L’Adversité » (en Français dans le texte) qui se montre rythmiquement enlevé sans discontinuer, à l’instar de « One Last Thing » qui joue sur tous les tableaux possibles et voit un long solo légèrement mélodique apparaître et prouver que le guitariste a un jeu tout en finesse. D’ailleurs ce point s’agglomère à merveille au sein de la brutalité constamment présente ici, et qui garde tout du long de l’écoute sa force de frappe et son attractivité sans bornes. Du coup il n’est pas étonnant que cet enregistrement passe relativement facilement le cap des écoutes et ne soit jamais ennuyeux ou linéaire, malgré une certaine complexité qui demandera du temps pour être parfaitement assimilée. Moderne mais sans trop l’être cette œuvre sans être un futur incontournable a suffisamment d’arguments à se mettre sous la dent pour qu’on y revienne de temps en temps avec facilité, même si ça ne deviendra jamais un incontournable ni un classique. Cependant on saluera la persévérance de son leader qui malgré les épreuves de la vie ne s’est jamais laissé abattre, et a continué à faire ce qu’il aime au prix d’un travail intensif mais positif prouvant une faculté de résilience absolue (comme quoi il aurait été dommage de ne pas s’accrocher), tant cette réalisation de haute-tenue (bien que générique) plaira au plus grand-nombre… qu’il soit exigeant ou non !
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