Atomwinter - Sakrileg
Chronique
Atomwinter Sakrileg
Particulièrement silencieux de la sortie de l’agréable
« Catacombs » il y’a quasiment cinq ans le combo de Basse-Saxe revient aujourd’hui avec son quatrième album, qui continue dans la voie tracée par ses prédécesseurs et ne dépareillera nullement parmi eux. Si le groupe continue de persévérer dans un Death/Doom à l’ancienne qui ne s’encombre pas d’excès techniques tendancieux, en revanche il est certain qu’il ne va toujours pas grimper dans la hiérarchie et rester ainsi confiné dans la deuxième division locale où il a désormais ses habitudes. Car bien que sa musique soit bien écrite et exécutée sans fausses notes avec un rendu qui passe comme une lettre à la poste, tout cela est cependant beaucoup trop scolaire et quelconque pour captiver au-delà d’une poignée de fans, et il fait ainsi peu de doutes que ce cru 2023 malgré ses qualités sera noyé dans la masse des sorties oubliées rapidement. Il faut dire également que d’être signé chez Trollzorn Records n’aide vraiment pas à gagner en visibilité, tant le label de Minden n’est pas du tout reconnu pour avoir un catalogue digne de ce nom qui doit bénéficier de l’intérêt du plus grand nombre… ce qui finit par être rédhibitoire quand on propose un rendu si classique et peu mémorable.
Pourtant il serait dommage de rester sur ces préjugés car ce nouvel opus a quand même des arguments intéressants à dévoiler à la face du monde, vu qu’après la courte introduction il nous balance le typiquement Suédois « Ov Blood And Flesh » qui va jouer la carte du HM-2 à fond et porté par un tempo rapide restant à fond en continu. Sentant totalement l’influence de GRAVE, DISMEMBER, ENTOMBED et consorts cette première composition simplissime et radicale permet à cette galette de se mettre d’entrée sur de bons rails, en dévoilant la facette la plus dépouillée de la bande qui se montre très accrocheuse sans chercher à en faire des tonnes. D’ailleurs cela va rester une constante par la suite et ce même si les gars ne vont pas hésiter à densifier leur propos en jouant autant sur le grand-écart rythmique qu’en l’alourdissant fortement, sans que le résultat global n’y perde au change. Cela va apparaître sur le long et tentaculaire « The Lungs Ov Hell » qui mise sur les deux tableaux, en dévoilant une facette plus sombre et oppressante dont l’étreinte ne relâche jamais la pression sur l’auditeur. Si là-encore tout cela est techniquement très sobre l’entité densifie sa musique en levant le pied avec la même réussite que précédemment entendu, et elle va même ajouter des plans Doom absolument délicieux tel qu’on en trouve sur l’excellent et massif « Brutal Scriptures », où la vitesse est moins présente sans que cela ne montre de signes de lassitude et redondance diverses. Car les Allemands savent faire sonner leurs plages en donnant l’envie de secouer la tête de par des accents terriblement groovy et accrocheurs, à l’instar du redoutable « Catatonic Pathway » qui met aussi l’accent sur des relents guerriers implacables tout tant y est épique à souhait via du mid-tempo implacable et suffocant à l’entrain contagieux.
Pourtant après cette première partie totalement aboutie et hyper agréable la seconde va montrer des signes de fatigue, du moins lors de sa doublette de départ (« The Dark Void », « Sakrileg ») qui vont s’essouffler beaucoup trop rapidement pour captiver sur la longueur, notamment du fait de plans répétitifs et aussi la sensation de n’avoir droit qu’à un vaste recyclage des précédentes réalisations… mais hélas en moins inspiré. Si on pouvait de fait penser que l’attractivité allait être sur le déclin cela n’est heureusement que de courte durée, car une fois ces moments d’ennui passés ça repart sur de bonnes bases et tout d’abord sur l’excellentissime « Cryptic Death » dont l’allure ne faiblit pas et reste enlevée sur toute la longueur… avec en prime de légers accents Punk afin de renforcer l’énergie ambiante qui se dégage de tout ça. Porté par un dynamisme de tous les instants et une attractivité continue cette compo est probablement la meilleure offerte ici par les Teutons qui se font plaisir et cela s’entend avec flagrance. Du coup difficile de passer après cela et on va s’en rendre compte tant « Until The Loss Ov God » va se révéler être tout juste sympathique et agréable, à défaut de mieux. Néanmoins les compères vont terminer dignement les hostilités avec le varié « Born Into Iron Coffins » légèrement plus angoissant et sombre que le reste, et qui sert de parfait condensé rythmique à un enregistrement réussi dans la droite ligne des anciens.
Sans être transcendante ni incontournable cette œuvre tout en sobriété et facilement addictive ne marquera pas l’année de son empreinte mais s’appréciera quand même de temps en temps avec un plaisir non-dissimulé, tant la fluidité y est permanente et aidée par cette relative homogénéité générale. Imparfaite tout en étant très agréable quand même cette galette ne fera pas tâche dans la discographie des acolytes et trônera même sans peine au sommet de celle-ci, même s’il en faudra plus pour que ses créateurs grimpent d’un cran dans la hiérarchie nationale et mondiale. Restant pour l’instant de très bons artisans honnêtes, sincères et sérieux il leur manque toujours un soupçon de petites choses supplémentaire pour grimper au-delà de la deuxième division où ils sont cantonnés depuis leurs débuts, et où ils semblent contraints d’y demeurer encore un peu de temps. A voir désormais si cela changera pour le mieux dans le futur ou si cette stagnation continuera indéfiniment avec des regrets, vu qu’on sent bien qu’il y’a moyen de captiver au-delà de leur cercle restreint mais auquel ils n’ont pas encore trouvé la réponse et l’échappatoire.
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