Fidèle au poste depuis maintenant plus de dix ans, Necrowretch n’a jamais failli à sa mission et cela quelle que soit la situation. Mené par un Vlad dévoué et volontaire dont l'exil turc momentané semble avoir porté ses fruits, le groupe originaire de Valence traine en effet derrière lui une discographie généreuse qu’il continue d’étoffer régulièrement. Si on a ici passé sous silence la sortie de
Welcome To Your Funeral, premier live de la formation paru en 2018, le groupe a sorti il y a peu un nouvel album intitulé
The Ones From Hell difficile à ignorer. Bien loin des travaux chargés, infernaux et tentaculaires de Milovan Novaković et Daniel Corcuera, le groupe à cette fois-ci fait appel aux talents du Français Stefan Thanneur (ex-Chaos Echoes) afin de réaliser un artwork semble-t-il inspiré par les pérégrinations asiatiques de Necrowretch fin 2018. Un travail effectivement beaucoup plus sobre mais qui pourtant laisse transparaître, notamment dans ce regard, quelque chose de terriblement sournois et menaçant. Cette oeuvre différente de ce à quoi le groupe nous avait jusque-là habitué traduit également de la part des Français une volonté d’apporter un brin de changement à une recette jusque-là sans surprise et depuis longtemps éprouvée.
D’ailleurs, il y a eu quelques mouvements du côté du line-up (pour changer) puisque Wenceslas Carrieu (Cadaveric Fumes, Repugnizer) a officiellement intégré les rangs de la formation après avoir assuré l’intérim en live pendant près de deux ans en tant que bassiste. Il remplace ainsi Kevin Desecrator (Venefixion, Demonic Oath, Scumslaught, Deströyer 666...) parti s’occuper ailleurs. Toutefois, depuis l’enregistrement de ce nouvel album opéré sous la forme d’un trio, Wenceslas a laissé sa basse à Pierrick Debeaux (The Walking Dead Orchestra) pour ne plus s’occuper désormais que de la seconde guitare.
Mais là n’est pas l’essentiel. En tout cas ce ne sont pas ces changements que j’avais en tête lorsque je vous disais un peu plus haut que le groupe avait quelque peu revu sa copie même si en vrai, on ne peut pas dire qu’il y ait eu chez les Français de gros bouleversements puisque d’une manière générale, Necrowretch poursuit dans la voie qu’il a lui même tracé depuis déjà deux/trois albums. Un Black/Death sauvage et intense mené à toute allure par un Vlad possédé et sadique. Une formule terriblement efficace mais quelque peu limitée qui aura valu à Necrowretch une certaine reconnaissance sans jamais véritablement connaître les honneurs. Alors quoi, vous pensez que je vous baratine depuis tout à l’heure ? Non, pas vraiment car on sent bien que le groupe a souhaité faire de
The Ones From Hell un album plus approfondi, plus ambitieux et finalement plus abouti.
D’ailleurs, les Français ne vont pas chercher à dissimuler ces légères évolutions. Le titre "Pure Hellfire" qui du haut de ses presque sept minutes ouvre l’album atteste très justement et sans détour de ce réel désir d’émancipation. Comment Necrowretch va t-il s’y prendre ? Et bien en n’hésitant pas à ralentir le tempo, en travaillant ses atmosphères et grâce à un sens de la mélodie bien plus développé qu’auparavant. Concrètement cela se traduit par des morceaux ou des séquences plus posées aux ambiances blasphématoires et sournoises ("Pure Hellfire" et ses deux premières minutes angoissantes, les deux premiers tiers de l’excellent "The Ones From Hell", "Absolute Evil", "Codex Obscuritas"...), des titres instrumentaux ou quasi-instrumentaux ("Absolute Evil" et ce chant qui vient se rappeler à notre bon souvenir à seulement quelques secondes de la fin, "The Black Abyss") et une tripotée de mélodies diaboliques qui vont finir de donner à
The Ones From Hell une aura toute particulière (la guitare acoustique et un brin orientale en introduction de "Pure Hellfire" ainsi que son lead bien senti entamé à 4:57, ceux de "Codex Obscuritas" à 2:29, 3:01 et 5:17, "Darkness Supreme" à 2:30, la guitare acoustique aux sonorités là encore orientales de "Through The Black Abyss"...).
Et si l’album tend à surprendre et à dérouter lors des toutes premières écoutes, on se rend compte rapidement qu’il est pourtant le plus réussi des Français. Globalement, celui-ci demeure toujours aussi redoutable avec notamment ces accélérations particulièrement soutenues et frénétiques qui continuent de tracer un parallèle avec des formations plus anciennes telles que Grotesque ou Merciless (celle de "Pure Hellfire" à 2:09 dans un esprit typiquement Black Metal façon Watain qui ne sera pas sans marquer les esprits même si on pourrait également citer la première minute de "Luciferian Sovranty", "Darkness Supreme" à 1:33 ou ce "Necrowretch" en guise de conclusion absolument infernale). Plus possédé et schizophrène que jamais (ces cris arrachés (doublés voir triplés) complètement hallucinés, ces râles démoniaques, ces growls lointains, cette voix abrasive et véhémente aux avants-postes...), Vlad assure encore avec brio son rôle d’apôtre maléfique au service du Malin alors qu’Ilmar cravache (quel jeu mes ailles!) tel un fou (une impression qu’il laisse d’ailleurs transparaître sur scène avec ses yeux qui roulent dans leurs orbites), comme si sa vie en dépendait. Et puis il y a ces riffs obscurs, pareils mais en mieux, plus aboutis, parfois plus mélodiques, souvent plus mémorables et même un poil plus efficaces. Je ne sais pas si Vlad a laissé une partie de la composition à Wenceslas Carrieu mais le résultat, au-delà de gagner quelque peu en personnalité, se montre surtout plus redoutable que jamais.
Servi par une production et un mastering particulièrement soignés alliant puissance et atmosphère résolument malveillantes (un travail que l'on doit respectivement à Phorgath et Alan Douches), ce nouvel album se hisse sans mal comme la sortie la plus aboutie et réussie de Necrowretch. En délaissant l’agression constante au profit de séquences moins tendues mais bien plus chargées en atmosphères ou bien plus aventureuses en matière de sonorités développées, le groupe a pris un risque évident. Certains y trouveront probablement à redire mais en ce qui me concerne, c’est un OUI franc et enthousiaste. Ce faisant, Necrowretch franchi un cap supplémentaire, prouvant qu’il est bel et bien capable de revisiter sa propre formule sans pour autant la dénaturer et en restant d’une efficacité absolument indéniable. Bien joué, vraiment.
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