Death Reich - Disharmony
Chronique
Death Reich Disharmony
Enfin ! C’est le premier mot qui est venu à l’esprit suite à l’annonce de la sortie de ce premier opus du quintet qui aura mis du temps à voir le jour, celui-ci préférant jusqu’à présent se contenter de courts Ep… au demeurant particulièrement réussis. Si celui-ci n’a jamais eu la prétention de réinventer quoi que ce soit on ne peut pas lui en vouloir vu que les deux sorties précédentes se montraient fort agréables, sans surprises mais très efficaces pour mettre à mal les nuques les plus résistances. Du coup il semblait évident que pour ce passage au long-format les mecs n’allaient pas se compliquer à changer quoi que ce soit à une musique qui a fait ses preuves jusqu’à présent, et de ce côté-là c’est net et sans bavures et ça va rester dans la droite ligne de ce qu’ils nous avaient proposé jusque-là, via un Death Metal sobre et sans fioritures qui défouraille sec et sans s’éterniser outre mesure.
Car tout cela donne l’impression d’avoir été enregistré dans la foulée de
« Death Camp » et
« The Final Plague » mais on ne va pas s’en plaindre, tant le combo conserve sa redoutable efficacité via des titres toujours aussi rapidement expédiés au niveau de la durée comme du rythme général. Dès que l’introduction aux accents cinématographiques se termine c’est en effet à une déferlante de rage haineuse au possible auquel on va avoir droit, via en premier lieu le furibard « World War » qui porte parfaitement son nom tant c’est primitif et virulent via la présence de blasts et parties rapides jouées en alternance, mais de façon continue. Si ce schéma se montre dépouillé à l’extrême il est aussi renforcé par une production abrasive et granuleuse pour ne pas faire de quartier, tant ça ne débande pas un instant sans pour autant sonner linéaire… un choix qui va se retrouver plus loin sur le disque avec les impeccables et tout aussi implacables « Fall Of Kings » et « Vermin » à la puissance démoniaque et menés à deux cent à l’heure. Cependant maintenir cette écriture si basique et frontale tout du long aurait pu vite être rédhibitoire quant à l’accroche générale de cette galette, mais heureusement les gars vont proposer suffisamment de variété sans pour autant s’éloigner de leur zone de confort qui leur sied parfaitement. Il suffit d’écouter « Dissimulation » pour s’apercevoir de quelques variations bienvenues vu qu’on se surprend à y trouver des plans tribaux qui sonnent très « Roots Bloody Roots » de SEPULTURA, calés au milieu de variations rythmiques nombreuses et qui se mêlent parfaitement entre deux rasades de classicisme débridé. Si ici on a pu entendre quelques relents des Brésiliens on va aussi avoir droit sur « Oblivion » à des patterns et riffs qui sentent bon CANNIBAL CORPSE, et qui se greffent parfaitement aux passages enragés comme plus lents et bien massifs - qui sont d’ailleurs plus présents ici, offrant ainsi une musique plus sombre et suffocante. Ces accents nocturnes et étouffants vont permettre d’ailleurs à l’ensemble d’offrir une densité plus importante montrant que les Suédois ne font pas que jouer vite et fort, mais qu’ils savent aussi lever le pied sans que cela ne nuise à leur qualité artistique. A ce petit jeu on peut facilement citer le monstrueux « Suffocation » qui va notamment montrer un groove intense via un mid-tempo ravageur parfait pour headbanguer (et qu’on aurait aimé entendre plus fréquemment).
Cependant le point d’orgue à ces ralentissements sera la conclusion intitulée « Atrocity » qui va durant plus de cinq minutes (un record sur cette galette !) se contenter de miser sur les ambiances rampantes et le bridage en règle (sans oublier néanmoins d’accélérer quand cela est nécessaire), afin de proposer des passages aérés permettant ainsi de souffler au milieu des déferlantes continues tout en restant en total raccord avec le reste. Car si cette ultime plage dénote un peu par rapport aux autres elle n'en reste pas moins ultra-efficace et cohérente à l’instar de tout cet enregistrement qui défile tel une tornade dans le sud des Etats-Unis, et se termine en moins de temps qu’il n’en faut pour être lassé. Si évidemment tout cela finit par être un peu semblable et construit de la même façon on n’en tiendra absolument pas rigueur tant tout cela est effectué avec sérieux et professionnalisme, sans chercher plus loin que l’envie de faire plaisir… un point de vue totalement assumé et c’est tant mieux vu qu’il n’y a rien à jeter ici. Et même si on aurait apprécié un soupçon de variété supplémentaire (afin de bien différencier chacune de compositions) on ne fera pas la fine bouche devant cette réalisation impeccable et sans fautes de goût, qui certes ne marquera pas l’année 2023 de son empreinte mais a suffisamment d’arguments positifs pour qu’on y revienne régulièrement, et c’est bien là le principal.
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