Heresie - Hérésie
Chronique
Heresie Hérésie
En à peine moins d’un an le duo de Limoges s’est taillé une petite réputation dans le milieu underground hexagonal à force de travail intense et de fougue de la jeunesse, car le voilà déjà qui revient déjà avec son deuxième album qui a vu le jour trois mois à peine après « Par-delà les vents ». Celui-ci proposant au passage une musique moins aérienne et campagnarde que l’Ep
« Poésie Noire » mais qui était compensée par une vision plus directe et violente, au rendu tout aussi intéressant mais aussi paradoxalement plus imprévisible. Du coup on pouvait se demander ce à quoi on allait avoir droit cette fois-ci tant ce disque éponyme avait l’air de mélanger ces différents éléments, notamment de par retour une longueur générale plus importante et des titres qui s’étirent plus sur la durée, pour ainsi créer des ambiances atmosphériques et brumeuses. Et le moins que l’on puisse dire c’est que binôme a encore haussé son niveau de jeu en proposant ici sa meilleure réalisation à ce jour, qui sonne à la fois nettement plus professionnelle que la précédente et qui va aussi embarquer l’auditoire dans les grands hivers de Scandinavie où règnent la neige, le vent et le froid… vu que l’on sent une influence venue de Norvège absolument prépondérante.
Qu’ils paraissent loin les petits atermoiements amateurs du précédent long-format vu qu’ici ils ont disparu pour laisser place à une écriture plus mature, et qui si elle reste techniquement très simple et dépouillée se déroule sans réelles redondances ni accrocs majeurs tout en n’ayant rien à envier à certains grands noms du pays des fjords. Car que ce soit sur le brutal et enlevé « Hérésie » ou le plus épique « A bout de souffle » on retrouve ces sens du riff et cet entrain typiques de TAAKE et URGEHAL et portés par une vitesse prépondérante et un ressenti neigeux où le vent règne en maître. Cependant une certaine chaleur va émerger de toute cela du fait d’une basse rondouillarde qui amène de la profondeur à des compositions plus travaillées qu’il n’y parait de prime abord, et au feeling constant. Si cette doublette d’ouverture possède des accents guerriers et une variation rythmique régulière (via de longues plages instrumentales ainsi qu’une attractivité immédiate), cela va encore s’accentuer sur l’impeccable « Faux espoirs » qui va voir en prime l’apport d’un clavier léger mais présent aux accents phantasmagoriques et qui amène de la douceur à travers la nuit. Car ici si tout y est plus apaisé et propice à la rêverie - notamment du fait de ce tempo majoritairement plus posé et entraînant (mais qui n’oublie pas de s’exciter à point-nommé) qui donne envie d’en découdre, tout cela nous renvoie à la préparation du combat imminent où tout le monde se donne du courage pour la dernière nuit. Là-encore étant très nordique dans son idée le rendu sait être agressif et posé en jouant sur les deux tableaux, clôturant ainsi une première partie de disque absolument impeccable et qui se termine sur l’interlude du même nom tout en nostalgie du fait de cette guitare acoustique mélodieuse et légèrement latine où l’on retrouve des souvenirs d’un pays perdu, et qui tirent presque un sentiment de tristesse.
Cette transition nous renvoie automatiquement vers la première livraison des Haut-Viennois de par ce ressenti champêtre et mélancolique qui montre que malgré une maturité plus importante ils n’ont pas oublié leurs racines originelles, et cela va s’entendre de façon pointue sur les longs et magnifiques « Triste mensonge » et « Esprits unis ». Eléments majeurs de cette galette ces deux compositions vont mettre en exergue toute la palette technique des jeunots ainsi que le vécu rapidement accumulé depuis qu’ils bossent ensemble, en nous emmenant vers des territoires inexplorés et y ajoutant une grosse dose de lumière afin de faire ressortir un espoir que l’on n’avait pas vu venir. Car sans jamais tomber dans le kitch tout cela va miser autant sur les accélérations furieuses que les ralentissements écrasants, complétés par des épisodes rampants à souhait comme explosifs où se mêlent le blanc et le noir histoire de faire perdre tous ses repères à l’auditeur, qui ne sait plus où se protéger des vagues haineuses comme météorologiques. Mêlant ainsi la férocité du Black pur et dur avec le soleil plein de mystère et de mysticisme ces deux plages y démontrent un feeling constant et communicatif, avec une accroche générale absolument imparable et qui ne faiblit nullement au fil des écoutes… mais sans pour autant hausser le niveau technique qui reste sobre et basique sans pour autant tomber dans le minimalisme.
Du coup on pardonnera facilement la légère faiblesse que constitue « Vraiment vivre » un peu pâlichon à côté du reste (vu que ça se répète trop rapidement du fait d’une violence bien moins présente et surtout via une écriture moins inspirée), et ce malgré quelques bonnes idées malheureusement mal exploitées. Heureusement cela n’est que de l’ordre du détail et l’on se rend compte du chemin impressionnant parcouru par l’entité depuis qu’elle a vu le jour, qui sait faire sonner ce qu’elle veut juste comme il faut sans chercher à en faire des caisses, prouvant que malgré son manque évident de visibilité elle est un des meilleurs noms de la nouvelle scène Française. Telle la chrysalide sortie de son cocon celle-ci explose ici au grand-jour et confirme ainsi tout le bien que l’on pensait d’elle, montrant que la suite de sa carrière s’annonce radieuse et on a hâte d’entendre ça prochainement… ce qui risque d’arriver en un rien de temps vu la productivité impressionnante auquel elle nous habitue désormais, et si en prime la qualité reste identique on ne risque pas d’être repus de suite.
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