Miasmes - Répugnance
Chronique
Miasmes Répugnance
Un an à peine après le sauvage et rutilant
« Vermines » revoilà déjà le trio avec son passage attendu au format supérieur tant leur Ep avait comme seul défaut de passer beaucoup trop vite, et laissait de fait un goût d’inachevé et de trop-peu. Heureusement cela est désormais derrière nous car ici on va avoir droit à quarante-deux minutes de gros son cradingue et minimaliste au possible, qui reprend exactement les mêmes éléments que ceux entendus sur la précédente livraison. Car le combo n’a jamais eu pour objectif de (se) réinventer et ici il livre un disque qui reprend là où les choses en étaient restées, avec toujours la même faculté à rendre attractive la crasse et la saleté les plus tenaces surtout avec cette production là-encore enregistrée dans les conditions du live et qui renforce ainsi ces sentiments de froideur et de nihilisme les plus forts, à l’instar de la pochette en total accord avec le contenu auditif proposé. Autant dire que ceux qui ont aimé le précédent méfait du groupe ne vont être aucunement déçus tant ce « Répugnance » (au nom parfaitement adéquat avec le contenu) va dégueuler toute sa rage et sa haine, et placer d’entrée la barre très haut avec un « Délivrance » de gala qui dévoile tout le panel d’influences et de jeu de ses auteurs qui se font clairement plaisir.
Basé majoritairement sur le Punk le plus rudimentaire ce morceau à la fois rampant et débridé va jouer principalement sur la vitesse et le tabassage intense (où quelques légers relents Death se font entendre), tout en n’hésitant pas à jouer sur les variations qui font émerger un dynamisme constant et implacable qui se voit aidé en cela par un solo arraché et décharné en totale harmonie avec le reste. Bref tout ici est cru et puant et va s’écouter d’une seule traite sans qu’on ait envie de décrocher en cours de route, car « Prophécie » (qui s’enchaîne dans la foulée) va servir de parfaite continuité à la plage précédente tout en voyant l’adjonction d’une sensation d’obscurité renforcée tant c’est suffocant et oppressant au possible, et toujours totalement déchaîné et sans concessions. Et même si l’écriture de l’ensemble peut finir par se ressembler et donner l’impression d’être interchangeable d’un titre à l’autre le rendu y est totalement impeccable et possède suffisamment de subtilités entre chacun d’entre eux pour qu’on soit happé, jamais ennuyé ou en décrochage d’écoute. Car entre « Calvaire » particulièrement martial et orthodoxe dans sa froideur comme sa radicalité - ou le court « Peste » épique à souhait et qui donne envie de prendre les armes sur le champ de bataille, il y’a vraiment de quoi être satisfait ici vu que ça se montre remuant et entraînant et presque groovy par moments.
Si « Répulsion » qui ouvre la seconde moitié de cet album va surprendre de prime abord de par sa lourdeur plus marquée au tempo bridé (dévoilant ainsi une vision plus glauque de la musique de l’entité qui joue là-encore sur la guerre et ne laisser aucun survivant en chemin) cela ne va pas faire tâche, et totalement s’accorder avec ce qu’on a pu entendre déjà jusque-là. Et alors que le chaos était déjà intense et d’une virulence extrême la suite va aller crescendo que ce soit avec l’intense « Malemort » (aux blasts et double-pédale prépondérants), ou encore « Aversion » d’une sauvagerie absolue. Car ici les mecs se lâchent totalement avec une rapidité boostée aux amphétamines, toujours portés par un batteur qui n’arrête jamais dont le jeu simple est en totale adéquation avec les riffs basiques et répétés en boucle, mais dont le rendu s’agglomère impeccablement avec le reste... notamment un « Destructeurs » qui porte parfaitement son nom et balance la purée en continu sans se soucier de la technique (toujours aussi simplissime), ni de l’avis des autres. Tout ça sent en effet le mode "rien à foutre" assumé et revendiqué mais on n’en tiendra pas rigueur bien au contraire tant l’exécution est impeccable de bout en bout jouée avec force et vigueur, et surtout une sincérité de tous les instants dont la conclusion intitulée « Pestilence » en est l’ultime exemple, vu que tout y est dévoilé avec une férocité impressionnante (notamment le chant possédé) et où tous les tempos sont de sortie afin de terminer en beauté un disque d’une méchanceté et d’une cohésion comme on en a rarement eu récemment.
Trouvant donc le moyen d’aller plus loin dans un registre pourtant si basique et minimaliste la formation signe une œuvre qui a tout pour lui permettre de grimper haut dans la hiérarchie nationale, tout en n’étant jamais lassante malgré des compositions qui peuvent donner l’impression d’être trop longues au départ. Rien de tout cela au final avec cet enregistrement qui figurera à coup sûr parmi les meilleures de l’année 2023 et procurera une furieuse envie d’en découdre et de se défouler, en prenant une bonne dose d’électricité dans les oreilles et qui fera du bien par où ça passe procurant ainsi de quoi s’occuper pendant une période conséquente. Réussissant son travail de sape impressionnant et maîtrisé avec brio MIASMES signe une galette haletante et épuisante qui pourra laisser du monde sur le côté de par cette radicalité de tous les instants... mais attirera aussi les adeptes de ce genre rutilant et à l’ancienne où la cartouchière est de rigueur, et qui reste un hommage sincère aux pionniers dont le seul but est celui de (se) faire plaisir. Bref c’est un sans-faute dont a déjà hâte d’entendre la suite, tant on sent un potentiel conséquent qui n’a pas été encore entièrement dévoilé ce dont personne ne se plaindra tant le futur s’annonce positif pour les trois compères, qui font également briller une nouvelle fois leur label dans le paysage musical hexagonal.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène