À l’inverse de formations telles que Blood Incantation ou Tomb Mold dont on a largement parlé ces dernières semaines et qui, on le voit bien, continuent de susciter un vif intérêt au sein de l’underground après pourtant plusieurs années d’activité et de nombreuses sorties à leurs palmarès, Bastard Grave n’a jamais figuré sur la liste des groupes de Death Metal dits "sexy" aux yeux du "grand public". À cela plusieurs raisons, la plus évidente étant probablement que les Suédois n’ont jamais véritablement brillé par leur originalité, eux qui depuis leurs débuts en 2012 s’adonnent en effet à la pratique d’un Death Metal particulièrement balisé pour ne pas dire convenu.
Malgré tout, le groupe originaire d’Helsingborg n’a jamais vraiment démérité, produisant des albums à un rythme régulier, restant fidèle à ses premiers amours et offrant que ce soit sur disque ou sur scène une expérience suffisamment sympathique pour avoir envie d’y revenir sans rechigner. Ainsi, après deux albums honnêtes et efficaces à défaut d'être particulièrement renversants (
What Lies Beyond en 2015 et
Diorama Of Human Suffering en 2019), Bastard Grave revient à la charge en cette année 2023 avec à la clef un troisième album intitulé
Vortex Of Disgust. Une sortie opérée une fois de plus sous les couleurs du label asiatique Pulverised Records et dont l’illustration plutôt réussie et engageante a été confiée cette fois-ci à l’Allemand Thomas Westphal (Cryptic Brood, Defeated Sanity, Excarnated Entity, Infester, Morbific, Morbus Grave, Slaughterday...).
Décidés à s’impliquer davantage dans tout le travail d’arrière-boutique, les musiciens de Bastard Grave ont choisi de se charger eux-même de l’enregistrement de ce troisième album à l’exception cependant de la batterie dont la captation a été confiée à leur ami producteur Ulf Blomberg (Crawl, Screamer, Ultra Silvam...) avec qui ils ont d’ailleurs déjà collaboré par le passé. Côté mixage et mastering, c’est Greg Wilkinson (Autopsy, Brainoil, Deathgrave, Static Abyss, co-fondateur et co-gérant des Earhammer Studios) qui a été sollicité pour l’occasion et le moins que l’on puisse dire c’est que le résultat final est extrêmement probant, bien moins tape à l’oeil que ce qui avait été fait à l’époque de
What Lies Beyond sans pour autant manquer de puissance ou de caractère à l’image de ce que proposait déjà son direct prédécesseur.
À vue de nez, ce nouvel album ne réserve donc pas de véritable surprise si ce n’est tout de même côté chant puisque Rickard Persson a en effet plié ses gaules il y a de cela plus de trois ans, laissant ainsi sa place à un certain Tiago Dias (Wokeh, Wölfblood...). Un changement qui n’en est pas vraiment un puisque les deux hommes possèdent un timbre de voix et un growl finalement assez proche.
Du coup, c’est sans surprise que Bastard Grave reprend le chemin de ce Death Metal qui est le sien. Une formule toute simple, essentiellement construite autour de séquences mid-tempo plus ou moins chaloupées auxquelles viennent s’ajouter quelques accélérations jamais trop virulentes mais néanmoins bienvenues et bien senties histoire de corser le ton et de varier les plaisirs. Une formule qui, si cela ne m’avait pas sauté aux oreilles il y a quatre ans, rappelle quand même énormément celle des Américains de Vastum et leur Death Metal de babouin. D’ailleurs, ce n’est sûrement pas un hasard si madame Leila Abdul-Rauf a été invitée à pousser la chansonnette sur "Consumed And Forgotten".
Mais s’il n’y a effectivement rien de bien sorcier dans tout ce que déroule Bastard Grave tout au long de ces trente-huit minutes, il faudrait quand même être de sacrée mauvaise foi pour ne pas affirmer que l’on tient ici un album suffisamment solide pour espérer convaincre ne serait-ce que l’amateur de Death Metal n’ayant que faire de la notion d’originalité. Entre ces quelques déflagrations certes mesurées mais néanmoins vitales pour amener un soupçon d’intensité et de variété à l’ensemble ("Sunder The Earth" à 1:00 et 2:19, "Icon Bearer" à 0:56, "Necrotic Ecstasy" à 0:38, "Consumed And Forgotten" à 1:53, "Nameless Horror" à 4:12...), ces nombreuses séquences au groove pour le moins contagieux et redoutable (les premiers instants de "Sunder The Earth" et "Necrotic Ecstasy", "Icon Bearer" à 1:25, "Nameless Horror" à 1:27, "Eternal Decomposition" à 2:40) et ces quelques passages plombés qui vont sérieusement alourdir l’atmosphère ("Necrotic Ecstasy" à 1:56, l’essentiel de "Consumed And Forgotten", la deuxième moitié de "Nameless Horror", les premiers instants de "Vortex Of Disgust" puis à compter de 3:38...), les raisons de se réjouir sont nombreuses tout au long de ce très bon
Vortex Of Disgust qui effectivement enchaîne les bons moments sans véritablement discontinuer. Parmi les quelques petites nouveautés et outre la présence au chant de Tiago Dias, on notera également une inclinaison mélodique nouvelle et particulièrement viciée qui n’est pas sans rappeler cette fois-ci un groupe comme Cerebral Rot et ses leads sinistres et déglingués. Si le parallèle est flagrant sur un titre comme "Icon Bearer" à 0:27, on peut également s’en rendre compte sur "Sunder The Earth" à 2:06, "Nameless Horror" à 0:56, "Hunger To Devour" à 2:51 ou "Eternal Decomposition" à 0:29.
Bref, après quatre ans d’absence, ce retour de Bastard Grave est plutôt une bonne surprise. Les quelques changements constatés sont soit sans réel impact (le chant de Tiago Dias effectivement très proche de celui de son prédécesseur au point que certains ne devraient même pas constater de différence) soit bien pensés à défaut une fois de plus d’être originaux (l’ajout de ces leads menaçants aux sonorités un brin étranges). Dans tous les cas, les Suédois poursuivent leur petit bout de chemin sans autre prétention que celle de pratiquer un Death Metal convenu mais efficace en s’offrant le luxe de sortir ce qui est assurément leur meilleur album à ce jour. Les rabat-joies trouveront assurément à y redire mais en ce qui me concerne, j’y trouve ici largement mon compte alors pourquoi pas vous ?
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