Sur la fameuse compilation
« Brutale Génération » (1995), un titre m’avait particulièrement marqué : « Long Suffering Process » par
FORLORN EMOTION. La musique ne ressemblait à rien de ce que j’avais pu écouter jusqu’alors, un mélange de
death metal atmosphérique bizarroïde, d’
indus et d’un truc en plus que je n’explique toujours pas. Aussi quand deux ans plus tard la formation a sorti son premier (et hélas unique) album «
The Sweet Decline », ça sentait l’incontournable, voire le génial. Il faut dire qu’il y avait du très lourd dans les rangs avec notamment
Frédéric Fievez de
SUPURATION et
Philippe Reinhalter de
PUTRID OFFAL (tous les deux également présents dans
DIVISION ALPHA dont je réhabiliterais bien le
« Palingenesy » présent en ces pages).
Ce qu’il y a de certain à l’écoute de ces huit titres, c’est qu’il y a un fossé entre les démos parues sur la période 1993 – 1995 et l’album. En effet, les musiciens ont évolué vers un… Je ne sais même pas vraiment comment décrire ce vers quoi ils ont évolué en fait. C’est plus mélodique, moins obscur, globalement beaucoup moins brutal même si quelques plans, par exemple sur « Deep », inscrivent encore la formation dans une veine
thrash death jamais reniée, en revanche beaucoup plus froid, aussi pale que le modèle de la pochette. A la limite, nous pourrions imaginer un croisement entre
FIELDS OF THE NEPHILIM,
THE CURE,
SUPURATION et
TYPE O NEGATIVE, pour peu que ce mélange ait du sens. Un OVNI, un vrai. Aussi éphémère (le groupe n’ira pas plus loin) que talentueux, capable de composer l’une des chansons les plus troublantes du
metal français (« A Part of Me »), d’invoquer la puissance sans pour autant se départir de sa profonde mélancolie, le chant de
Jean-Christophe Majka sachant trouver les intonations justes pour toucher la corde sensible. Du growl ? Ah non, il n’y a pas de ça ici. Alors est-ce encore du
death metal ? Je ne le pense pas, même si je ne vois guère une meilleure étiquette pour qualifier l’objet de mes convoitises de jeunesse.
Outre un talent mélodique indéniable, chaque titre fourmillant d’idées, de trouvailles, le groupe a également énormément travaillé les arrangements, notamment en intégrant de nombreux passages acoustiques assurés par
Karine Loez, certainement la sœur des frères du même nom (c’est profond ça). La scène était sans doute alors un tout petit milieu où tout le monde se connaissait… Mais « acoustique » ne signifie pas pour autant « chaleureux » dans le contexte qui nous intéresse : ces instants faussement calmes ne font finalement que renforcer la froideur globale. Nous pourrions parler de romantisme c’est vrai, mais à la façon de Théophile Gautier dans « La morte amoureuse » alors.
Un autre aspect surprenant de ce «
The Sweet Decline », c’est que la formation se trimballe certains titres depuis des années. « Trance » était sur la démo éponyme (1994), « Incestuous Love » (j’espère que ça ne parle pas de la famille
Loez) figurait sur la «
Démo Tape 95 », « Farewell » provient du split avec
S.U.P. et
M.PHERAL donc, sans affirmer que
FORLORN EMOTION recycle son vieux matériel, il est évident qu’il avait trouvé très tôt sa voie et que, finalement, l’évolution se fait plus sur la subtilité du son que sur le fond musical. Dit autrement, je vois l’album comme une possibilité pour les musiciens d’enfin proposer leurs titres tels qu’ils les souhaitaient, arrivés à maturation.
A titre purement personnel, c’est vrai que la première fois que j’ai écouté l’album, j’ai été déçu. J’étais tellement resté bloqué sur « Long Suffering Process » que, dans mon esprit, un long format ne pouvait être que la déclinaison de cette inspiration géniale. Mais pas quand en face il y a de tels créatifs, en évolution perpétuelle, et c’est finalement tant mieux car la musique ne fait que se bonifier avec le temps, chaque écoute soulignant l’intemporalité des compositions qui, tout en étant typées « années 90 », demeurent attractives en termes d’émotions, de langage musical et d’atmosphères. Et puis cette illustration… C’est marrant comme elle me laisse à croire que
MY DYING BRIDE s’en est inspiré pour son très sous-estimé «
34.788%... Complete », on dirait un zoom sur l’araignée. Par conséquent, si vous êtes en mal de formation atypique…
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