Gaudeamus igitur, le fils de l'empereur et philosophe romain Marc Aurèle fait son retour. Et quel retour… Découverte majeure il y a de ça quatre ans, le prometteur Son Of Aurelius perdait certes son pénible chanteur (boulet de
The Farthest Reaches) mais aussi le fameux guitariste Chase Fraser (parti chez le voisin mastodonte Decrepit Birth) quelques mois après la sortie de son premier album. La deuxième six cordes de Cary Geare prendra seule le relais. Quant aux vocaux, un certain Riley McShane (Inanimate Existence, groupe brutal death technique signé chez Unique Leader) agrippera le micro. Comme de nombreuses autres formations frustrées par leur label, le jeune groupe de Santa Cruz délaisse sa maison mère pour autoproduire ce nouvel opus. Un enregistrement fait à l'habituel Castle Ultimate Studios du « techos » Zack Ohren (Brain Drill, Cattle Decapitation, Decrepit Birth, Deeds Of Flesh, Odious Mortem…).
Avertissement en surbrillance : virage significatif ! Les titres « teasers » dévoilés quelques semaines avant la sortie ayant déjà eu de vives réactions sur la toile, nul besoin de créer quelconque suspense. Oui,
Under A Western Sun poussera à la porte une partie des adorateurs de
The Farthest Reaches. Le coupable ? Le chant clair du nouveau frontman Riley McShane. Car autant prévenir de suite les réfractaires, les interludes instrumentaux de côté, seuls deux morceaux n’en possèdent pas (« A Great Liberation » et « The Prison Walls »). Pour le reste une alternance ou fusion (l’introduction de « Attack On Prague » comme vitrine parfaite) de cris (nettement moins poussifs que son prédécesseur, ouf !) et de passages gutturaux profonds passant désormais en second plan, dominée par les envolées lyriques de Riley. Point de virées extrêmes dans les aigus nasillards ni d’horrible vocodeur, des lignes polyphoniques teintées rock alternatif et épique (spectre de Devin Townsend) portant une nouvelle fois sur une histoire fictive de l’époque romaine (comme parallèle à la société actuelle). Pris de court comme beaucoup lors de la découverte de leur mutation, je dois avouer avoir été quelque peu défiant… Sauf qu’à ma grande stupéfaction, au fil des écoutes mes oreilles se convertiront peu à peu à la cause de ce « soleil occidental », bercées et même frissonnant sur « The Weary Wheel », « Long Ago » ou le final du titre éponyme. Comme si le chant et la musique ne faisaient plus qu’un… Envoutant.
Under A Western Sun ou le pavé musical. Il y aurait tellement à écrire… Ne pensez pas dompter la galette en quelques écoutes désintéressées, il va falloir plutôt s’habituer à être surpris à chaque nouvel essai en découvrant une énième subtilité. Son Of Aurelius garde sa base death mélodique technique mais ira la marier à un aspect progressif prononcé et surtout… Une richesse ahurissante. L’unique guitariste Cary Geare, élément central, dévoile une pléthore d’idées au feeling rare pour le genre pratiqué. Les arrangements, nappes de piano, la diversité des riffs et breaks, sans oublier les soli interminables… Une luxuriance assommante qui larguera loin derrière cet amas technico-moderne. Tout ceci dans un socle ô combien accrocheur et étonnamment fluide. Les vagues de mélodies homériques et indécrottables sont présentes sur chaque titre sans exception ! Le trio fantastique « The Weary Wheel » - « Coloring The Soul » - « The Stoic Speaks » en crucifiera plus d’un. Finalement cette musique multicouche, bigarrée, aux mélodies sous vitamines D et associée au chant clair, la comparaison avec Between The Buried And Me semble inévitable. Une influence déjà perceptible sur leur précédent album. Une référence qui témoigne ici de l’achèvement des Californiens.
Pour se délecter de ce déluge de notes enchanteresses et alambiquées, une production quasi-parfaite. Cary n’est effectivement pas isolé de cette excellence ambiante. Le travail rythmique demeure des plus impressionnants. La basse de Max Zigman (aux manettes de l’enregistrement de l’album) prend encore plus de place dans Son Of Aurelius, ses passages à la fretless donneront des bouffées chaleurs conséquentes aux amateurs de lignes vrombissantes (« Long Ago » à 2:42 ou « Strange Aeons »)… On en redemande ! Le jeu de batterie calque lui aussi toute la finesse de jeu de ses comparses. Nullement de surenchères de blast beats synthétiques ou de descentes de toms, mais une variation dans les cymbales et les frappes (mains et pieds) qui enfoncera le clou dans l’analyse sans fin des compositions de
Under A Western Sun.
Que d’éloges et pourtant... Un départ en demi-teinte (« Return To Arms » et « Chorus Of The Earth ») et un milieu d’album freinant abruptement l’enivrement. Je pense à la balade « Blinding Light » et la brutale « The Prison Walls » (comme réponse aux futurs détracteurs) qui manqueront de saveurs par rapport au reste. Avec 1h12 au compteur, peut-être aurait-il fallu amputer ce
Under A Western Sun de quelques titres ? Aux dires du groupe une dizaine de compos sont restées dans les cartons, l’inspiration ne manque clairement pas. On ne crachera pas dans la soupe.
Cum laude, Son Of Aurelius a osé et réussi son pari. Ma conclusion de
The Farthest Reaches a eu droit à sa réponse. Le groupe dévie du moule saturé et aseptisé du « death technique » pour donner libre cours à ses expérimentations et émotions. Beaucoup abandonneront les Californiens pour ce choix. Une première approche méfiante pour un résultat… Juste bluffant. Outre une richesse de composition prodigieuse et un effet complètement addictif,
Under A Western Sun démontre une réelle personnalité. Inutile de préciser la rareté de cet aspect. Adeptes de metal mélodique et progressif, vous ne pouvez pas échapper à cet album.
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