Cold Decay - Cold Decay
Chronique
Cold Decay Cold Decay (Démo)
Si la scène parisienne n’a pas toujours été l’épicentre du Hardcore en France (les plus vieux se souviendront sûrement de villes comme Rennes et Nantes qui lui ont longtemps tiré la bourre et de tout ce qui se passait également dans le reste de la France à commencer par l’est et le sud eux aussi très actifs), elle est pourtant devenue depuis quelques années absolument incontournable. Déjà parce que l’essentiel des tournées européennes ne font escales que dans la capitale ou presque mais aussi et surtout parce qu’elle a vu fleurir plus ou moins récemment tout un tas de formations des plus prometteuses. De Worst Doubt à Sorcerer en passant par Take It In Blood, Cavalerie, Headbussa, Calcine ou bien encore Forbidden Zone, la relève est en effet bien installée.
Parmi ces jeunes formations issues des rues crasses de Paris et de sa banlieue, un certain Cold Decay. Composé de quelques têtes "connues", ce groupe compte en effet dans ses rangs des membres et anciens membres de xDigx, Mad At The World, Syndrome 81, Harm Done, Prisonnier Du Temps, Worst Doubt, Corruption Pact, Jaw Crack et Deviant. Pour sa première sortie, celui-ci n’a pas eu les yeux plus grands que le ventre puisque c’est avec une démo six titres qu’il débarque en cette fin d’année 2023. Une modeste cassette (et rien d’autre) sortie sur l’excellent label anglais Quality Control HQ, terre promise pour tout un tas de groupes plus cool les uns que les autres (Stiff Meds, Pest Control, Instructor, Existence, Big Cheese, The Flex, Foreseen, Zulu...).
Alors qu’attendre de cette toute première démo ? Côté chiffres, les Parisiens se montrent plutôt généreux (en tout cas pour le format) puisque ce sont six titres (dont une introduction idéalement taillée pour s’échauffer les cervicales et autres articulations) qui se succèdent ici durant un petit quart d’heure (treize minutes). Pour le reste, on soulignera le soin apporté à l’artwork avec une illustration signée du tatoueur Romain Perdrizet rehaussée par un bleu électrique fort à propos et un logo bien Talmé réalisé par Hugo Zerrad de Worst Doubt. Enfin notons que l’ensemble a été enregistré par Maxime Smadja (Rixe, Condor, Boss, ex-Youth Avoiders, ex-Black Spirals) au Chateau Vergogne et que, sans surprise, le résultat s’avère bien béton.
Côté musique, Cold Decay évoque pour influences des groupes tels que Everybody Gets Hurt et Billy Club Sandwich, soit la fine fleur de l’intelligentsia Hardcore new-yorkaise (auquel je me permets d'ajouter également Merauder). Aussi les Parisiens ne vont pas se faire attendre pour mettre les pieds dans le plat puisque comme évoqué plus haut, le décor est effectivement planté dès l’introduction. Une entrée en matière pour le moins chaloupée où le groupe va dérouler en moins de deux minutes ce qu’il faut de riffs métalliques ultra efficaces, de lignes de basse vibrantes et de groove bien virile histoire de mettre tout le monde dans le bain.
La suite va évidemment prendre le même chemin si ce n’est qu’il faudra désormais y ajouter la voix hargneuse de Benoît (même si à titre personnel je la trouve un peu loin dans le mix). Un chant abrasif et amer dont les paroles froides et désabusées vont aborder des sujets plutôt personnels évoquant les revers de l’amour, la difficulté d’être soi et de trouver sa place dans ce monde, la solitude du quotidien et le poids de celle-ci sur notre santé mentale... Bref, des propos loin d’être légers qui apportent une évidente profondeur aux compositions de Cold Decay malgré son côté Hardcore de babouins mal élevés.
Car comme évoqué brièvement un petit peu plus haut, l’essence même de Cold Decay réside non pas dans sa faculté à mener ses attaques pied au plancher (si on trouve bien quelques petites accélérations ici ("Crystal Silence" à 0:29) et là ("Cold Decay" à 0:28), celles-ci sont loin de constituer l’essentiel de cette première démo) mais bel et bien dans le groove particulièrement affuté qui anime chaque instant de ces six compositions. Une approche redoutable d’efficacité qui par ses rythmiques chaloupées et vicieuses (pas un seul titre n’y échappe, offrant entre ces riffs Metal / Hardcore qui puent le bitume et les couloirs du métro parisien et cette batterie délicieusement groovy de quoi vous donner envie de rouler des mécaniques tout en cassant des bouches) et ses breaks assassins ("Same Rope" à 1:44, "Crystal Silence" à 1:50, "Autumn Nocturne" à 1:39, "Alone Together" à 1:31, "Cold Decay" à 2:21 là encore taillés pour transpirer à grosses goûtes) pousse irrésistiblement à la bagarre. Une baston de tous les instants qui confère au Hardcore des Parisiens un côté ô combien fédérateur.
Après la lecture de ce dernier paragraphe, vous devriez avoir une idée assez claire de ce qui vous attends à l’écoute de cette première démo (en ce qui me concerne j’ai épuisé mon vocabulaire sur le sujet). Une mise en bouche qui ne réserve effectivement aucune véritable surprise si ce n’est celle d’être face à un nouveau groupe parisien une fois encore particulièrement bien armé pour espérer pouvoir convaincre le plus grand nombre. Reste maintenant à savoir si Cold Decay sera en mesure de poursuivre son chemin sans encombre et confirmer le potentiel révélé tout au long de ce petit quart d’heure sur un format que l’on espère un petit peu plus conséquent (et disponible autrement qu’en cassette). En attendant que ce jour arrive, on ne manquera pas de revenir sur ces quelques titres diablement efficaces qui a défaut de révolutionner la scène Hardcore continueront à la faire vivre avec passion et intensité. Bien joué messieurs.
| AxGxB 23 Octobre 2023 - 566 lectures |
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