Avant même toute considération musicale, si l’on m’avait demandé de statuer « à l’aveugle » sur le style musical pratiqué par les Italiens de
DEADLY CARNAGE, le
black metal n’aurait clairement pas été la piste que j’aurais privilégiée. Le
death plus certainement… Et lorsqu’on se penche un peu sur la discographie, déjà conséquente depuis 2006 (cinq LP en comptant le dernier «
Endless Blue », deux EP, un split et une démo), on s’aperçoit également que visuellement, soit la formation se cherche toujours une identité, soit elle a la capacité artistique de changer d’univers à chacune de ses sorties. Quoi qu’il en soit, c’est quand même systématiquement esthétiquement réussi, la pochette de ce nouvel album étant une illustration dans l’esprit des estampes japonaises. C’est beau, original, totalement raccord avec le concept développé (le folklore japonais et ses légendes océaniques) mais, surtout, cela donne réellement envie de découvrir ces huit compositions.
Du côté des musiciens, nous avons affaire à des personnes bien expérimentées qui interviennent ou sont intervenues dans de nombreux autres groupes certes plus ou moins confidentiels mais qui vont du
progressif au
doom en passant par toutes sortes de
black (pagan, ambiant, dépressif, atmosphérique, etc.), ce qui me laisse à penser que le sujet devrait ici être parfaitement maîtrisé. Par conséquent, je me jette à l’eau et lance « Dying Sun », le morceau d’ouverture. Le riff introductif est ample, chaleureux, puissant puis l’on passe à de doux arpèges, un chant clair…. Mais ce n’est pas du tout du
black metal ! Que nenni ! Il est passé où le groupe de l’excellent «
Through the Void, Above the Suns » ? C’est plutôt du
doom prog atmosphérique que j’entends là, certes beau, doux et outrageusement romantique mais tout de même, je sens poindre une once de déception.
Bon, vocalement, j’avoue qu’il n’y a pas grand-chose à reprocher au chanteur. Il possède un timbre parfois proche de celui de
Vincent Cavanagh, la comparaison avec le grand
ANATHEMA revenant souvent, les aspects
rock étant selon moi assez proche de la période post 2010 des Anglais. Une question d’ambiance, de production lumineuse, d’absence totale de noirceur ou même tout simplement d’une once d’ombre, tout baigne dans l’éclat de la félicité. Cependant, une fois que l’on se remet des faux espoirs que l’on plaçait en
DEADLY CARNAGE, l’auditeur sensible se surprendra tout de même à se laisser happer par ces mélodies fouillées, dotées d’une belle complexité guitaristique et d’un côté très soigné au niveau des arrangements. Définitivement pas un disque de brutes donc.
Et alors ? Il en faut pour tout le monde… Mais je comprends mieux mes interrogations initiales quant à l’éclectisme visuel constaté. Un balayage auditif rapide des différents disques atteste que ces habitants de Rimini font systématiquement évoluer leur style, que si nous sommes là sur une écriture effrontément raffinée, rien n’exclut que demain les types partiront dans un trip
black radical, cela fait à la fois la particularité du groupe mais également peut-être sa faiblesse, cette versatilité ne permettant sans doute pas de fidéliser des auditeurs. En effet, j’imagine mal les amateurs de «
Sentiero II – Ceneri » accrocher à cet album, et inversement. L’écart me semble trop important.
Après, je ne perds pas de vue qu’au détour de certaines compositions (« Mononoke » par exemple ou encore « Moans, Grief and Walls »), les musiciens accentuent les aspects les plus
metal de leur musique et que lorsqu’ils le font, tu devines qu’ils sont capables de faire très mal. C’est juste que là, le choix a été fait de diluer la dimension noire dans une composante plus ambiancée, plus relaxante, les presque quarante minutes finissant par emporter mon adhésion. Au détour de « Swan Song », je décèlerai même de menues influences
ALCEST et cela non plus ce n’est pas pour me déplaire.
Pour finir, je dirai donc que si l’on s’hôte de l’esprit le fait que
DEADLY CARNAGE soit une formation de
black metal, même « post » et que l’on aborde «
Endless Blue » avec le désir de prendre une douche de bonnes ondes en bord de mer, alors le miracle se produira et vos oreilles vous remercieront. Un peu douceur ne fait jamais de mal, le groupe développe des mélodies inspirées et donne l’apparence de la simplicité en jouant de façon relativement complexe, c’est une très belle façon de mettre le
metal à la portée du plus grand nombre.
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