Dans la Bible, Loth est le neveu d’Abraham informé par Dieu de fuir les villes de Sodome et Gomorrhe avant leur destruction. Mais c’est surtout pour les personnages féminins qui gravitent autour de lui que son histoire est connue : d’abord sa femme, transformée en statue de sel pour avoir regardé en arrière afin de contempler le désastre, puis ses deux filles Sarah et Agass avec qui il est coupable du premier coït incestueux. Il faut reconnaître à sa décharge (qui fleurait bon la châtaigne parait-il) que les deux bougresses l’ont enivré, l’accouplement se faisant dans un premier avec l’ainée avant que cette dernière n’incite sa petite sœur à faire de même. Qu’est-ce que ce peuple n’était pas prêt à faire pour croître et multiplier…
Mais trêve d’exégèse, en ce qui nous concerne
LOTH est une formation française de
black metal dit « atmosphérique », bien que je ne ressente que peu cette dimension à l’écoute de «
616 », son troisième album après «
Loth » en 2016 et «
Apocryphe » en 2017. De ce que j’ai compris, le nombre 616 serait une variante de celui de l'Apocalypse, le duo reste donc fidèle à ses thématiques religieuses, sans pour autant qu’il soit question de
metal chrétien, il ne faut pas déconner non plus. Je disais que l’appellation « atmosphérique » me semblait un peu usurpée car, si les cinq compositions sont effectivement assez longues (entre cinq et onze minutes) pour une durée totale de trois quarts d’heure, la formation s’inscrit cependant dans une veine plutôt dure, sans claviers et sans recherche particulière d’ambiance. Batterie, basse, guitare, chant, la formule classique pour une musique à l’image de la pochette : peu lumineuse, majoritairement vengeresse et aux accalmies rares (« S.E.U.M. » ; « Cœur Caligula »).
N'ayant pas pu prendre connaissance des textes, je ne sais si l’imaginaire biblique y est également développée. Le clin d’œil à Lovecraft (« La douleur tombée du ciel ») ne signifie pas que l’on soit hors cadre, l’écrivain ayant de toute façon largement puisé son inspiration dans les mythes testamentaires, de même que la référence à Caligula (« Cœur Caligula ») pourrait ne pas être anachronique compte tenu de ses pratiques également incestueuses avec ses sœurs… Thématiquement, cela semble homogène.
Il reste qu’au-delà de ces efforts indéniables pour développer un concept fort, c’est surtout grâce à sa musique que
LOTH se démarque. Il y a un côté
raw post black qui, selon moi, rapproche les musiciens du catalogue de
Les Acteurs de l’Ombre, les morceaux sonnant bien mieux à mes oreilles lorsqu’ils sont sur des tempos rapides. Cela tombe bien, c’est le cas la majeure partie du temps. L’auditeur appréciera également la très bonne tenue des vocaux, écorchés à souhait mais peut-être pas suffisamment distincts pour comprendre les paroles, c’est le principe du
black et cela ne saurait donc être un reproche.
Quoi qu’il en soit, voilà une sortie à laquelle j’ai mis un peu de temps à m’intéresser (l’album est paru en août 2023) mais qui brosse bien le fan de noirceur dans le sens du poil. L’envie de découvrir la discographie passée est là, c’est bien que l’objectif est atteint.
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