[ A propos de cette chronique ] La carrière de Satanic Tyrant Werwolf est remplie comme un cubi de Beaujolais nouveau un mois de novembre. Après avoir quitté HORNA en 1999, il fonde son propre groupe la même année ; son projet porte un nom inspiré par la démo du légendaire groupe polonais LORD OF EVIL sortie en 1993 :
Satanic War Master. L'homme bourlingue dans la scène Black Metal, se targuant de nombreux splits avec des groupes comme KRIEG, CLANDESTINE BLAZE ou encore AKITSA, j'en passe et des meilleurs, splits de qualité fort variable il faut bien l'admettre. En 11 ans de carrière, l'homme n'aura sorti que 4 disques à part entière dans un registre on ne peut plus homogène : un Raw Black Metal des plus primaires, joué avec cette ineffable patte finnoise. En effet,
Strength and Honour,
Opferblut,
Carelian Satanist Madness et le petit dernier en date,
Nachzehrer, dont il sera question ici, se complaisent dans une recette qui exclut toute innovation, toute exploration malencontreuse. De toute façon, l'innovation est au True Black Metal ce que pisser dans un bénitier serait pour la religion chrétienne : un gros blasphème.
Partant de là, il est donc évident que ce
Nachzehrer n'apporte rien au style. Ceci étant dit, il n'a jamais été question d'autre chose avec SATANIC WARMASTER : c'est donc sous cet angle qu'on doit aborder ce dernier album tant attendu par toute une frange d'intégristes de l'Art Noir pour en apprécier toute la saveur. Car au-delà des innombrables sorties du sieur Satanic Tyrant Werwolf, c'est bien son talent dans la pratique du Black Metal que tout le monde retient ! Ses albums auront marqué leurs auditeurs à leur sortie, à l'image de
Carelian Satanist Madness qui proposait en 2005 un Black Metal crû, assez malsain et on ne peut plus primitif, basique, et un Black Metal aux hymnes fédérateurs, à l'image des géniaux « The Vampiric Tyrant », ou « Carelian Satanist Madness », ou encore « Eaten by Rats » pour ne retenir qu'eux. En 2010, si on se souvient encore de ces baffes, SATANIC WARMASTER ne change pas d'un iota son processus de composition pour cette nouvelle offrande à Satan, et même joue presque mieux que sur le précédent disque ! Rempli de dévotion jusqu'aux sourcils, ce nouvel opus se targue lui-aussi d'une production des plus crûes, dans la même veine que les précédents albums : aucune triche pour pallier le manque de technique, à l'image de la batterie, qui sonne très « nature » lorsqu'elle bat la mesure avec une frappe minimaliste, que ce soit pour des blast-beats authentiques ou pour des parties très basiques. Les guitares sont toujours aussi grésillantes, voire même encore plus sales et encore moins lisibles que le précédent album. Et donc pour le grand bonheur d'oreilles amatrices de crasse et de malsanités, le son sur
Nachzehrer perpétue à merveille la tradition SATANIC WARMASTER pour mettre en relief et valoriser parfaitement des compositions vraiment abouties.
Mais alors, me direz-vous, qu'est-ce qui différencie SATANIC WARMASTER des autres groupes qui jouent dans ce registre ? C'est bien simple, prenez un titre comme « Warmaster Returns » : l'arpège d'entrée a été entendu au moins 666 fois, mais ce qui fait la force des finlandais revanchards (et ce qui l'a toujours fait), c'est que ces gens-là savent apporter à un schéma absolument pas original un petit quelque-chose en plus, une noirceur réelle, une pincée de talent qui fait qu'on reconnaîtra directement la patte des scandinaves. Ces morceaux mal élevés, crasspec et bruyants, sont parsemés de mélodies diaboliquement poignantes ; et il ne faut rien, un riff excellent, un trémolo efficace apposé à une batterie simpliste, pour que la mayonnaise prenne. Si « Warmaster Returns » en constitue l'apogée, tout l'album est dans cette veine, ce qui fait qu'en plus le groupe arrive à se renouveler avec brio dans un style où les ouvertures sont très réduites ! Dès le premier titre, « Satan's Werwolf », la magie noire opère, les riffs du tyran déploient toute leur aura et amènent, à travers une simplicité qui n'a d'égale que la spontanéité avec laquelle semble avoir été enregistré cet album, un esprit unique qui habite réellement ce disque prenant. Quelques touches de claviers viennent servir de condiment en soulignant une partie de guitare bandante, et le tour est joué, la saveur de ce dernier disque n'en est que meilleure ! La déferlante de True Black Metal, car oui, là on est dans le vrai, barrée du nom de
Nachzehrer parvient à emporter l'auditeur, avec ses six titres de musique effective (sans compter l'introduction et la conclusion somme toute assez moyennes comparées au reste) et ne lui laisse pas le temps de souffler. Contrairement au prédécesseur, aucune longueur envahissante n'est à déplorer, et tous les morceaux sont jouissifs à un moment ou à un autre.
Même si ce nouveau pavé dans la mare n'est pas indemne de reproches, puisqu'il ne prend absolument aucun risque et se contente de reprendre les acquis des précédents opus,
Nachzehrer n'oublie pas non plus d'être assez varié (toute raison garder). Satanic Tyrant Werwolf a toujours cette voix criarde caractéristique qui rappelle les grandes heures de la Seconde Vague et ses cris vicieux ne prennent que plus de relief lorsque le bougre s'époumone durant les parties plus « posées » de sa dernière offrande à Satan. Un « Rotting Raven's Blood », « mid-tempo » des plus contemplatif et presque mélancolique, vient achever un auditeur déjà séduit par les précédentes tueries, du nom de « One Shining Star » ou « Bestial Darkness », au début de laquelle on voit toute la rage du bougre prendre une dimension occulte en hurlant à qui veut bien l'entendre que toute la clique de chrétiens enragés qui le fait suer depuis tant d'années n'a qu'à bien se tenir. A souligner, les quelques soli qui nous offert ici et là par l'hérétique de Finlande sont d'une qualité certaine et se marient bien à l'ensemble, qui ne souffre d'aucune faiblesse réelle autre que son manque d'originalité. En définitive, cet album réunit toutes les conditions pour devenir un classique en puissance du genre, et en ces temps fastes qui voient l'émergence des VITSAUS, PREVALENT RESISTANCE et autres jeunes compatriotes aux dents longues, SATANIC WARMASTER signe un brillant retour qui le propulse parmi les meilleurs de cette scène Raw Black actuelle. Et oui, pour venir cracher un venin blasphématoire à la sauce traditionnelle, les ficelles ancestrales du tyran sulfureux fonctionnent toujours aussi bien.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo