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Headbussa - Vengeful Mind
Chronique
Headbussa Vengeful Mind (EP)
Jeune formation parisienne née en sortie de Covid, Headbussa est au même titre que Worst Doubt avec qui il partage d’ailleurs quelques membres, l’un des plus grands représentants du Hardcore français à l’international. Et si vous pensez que je fabule parce que vous n’avez jamais entendu parler des Parisiens, sachez tout de même que le groupe a été invité par les Américains de Knocked Loose pour faire leur première partie parisienne, que le groupe a déjà tournée en Asie et aux États-Unis, qu’il vient de terminer une tournée européenne en compagnie des Californiens de Sunami et enfin qu’il est signé sur Daze Records, structure basée dans le Connecticut et hébergeant quelques noms ne nécessitant aujourd’hui plus aucunes introductions (Pain Of Truth, Mongrel, Fatal Realm, Final Resting Place, Hold My Own, Haywire, Extinguish, Momentum, Simulakra...).
Deux ans après un premier EP intitulé Necessary Violence paru alors au seul format cassette sur le label belge Death Farm Records (Broken Ankles, Final Form, Power Of Fear, Arkangel, Take It In Blood...), les Parisiens récidivent en 2023 avec un nouvel EP intitulé Vengeful Mind. Paru dans un premier temps grâce au soutien indéfectible de Death Farm Records, celui-ci a bénéficié l’année dernière d’une nouvelle exposition (sensiblement plus large) grâce à une nouvelle édition CD ainsi qu’un pressage vinyle réalisés sous les couleurs de Daze Records. Une édition CD agrémentée de quatre titres supplémentaires (tout comme la version CD-R proposée en premier lieu par Death Farm Records) issus du EP Necessary Violence mais que je n’évoquerais pas ici puisqu’ils feront l’objet d’une prochaine chronique.
Doté d’une illustration relativement chargée dont émane un certain malaise ainsi qu’un profond sentiment de violence urbaine et d’un logo affûté inspiré de l’univers du graffiti, Vengeful Mind laisse très vite supposer, avant même de poser ne serait-ce qu’une seule oreille sur la musique de Headbussa, que le groupe francilien n’est pas là pour amuser la galerie. D’ailleurs, avec pour crédo l’expression "Paris Fight Music", le doute n’est pas vraiment permis quant aux intentions belliqueuses qui animent Headbussa. Adepte d’un Hardcore / Beatdown bas de plafond et dénué de finesse, le groupe s’inspire de formations américaines telles que Shattered Realm, One Second Thought, Never Ending Game, Denied, Irate (avec d’ailleurs ce même son de caisse-claire bien sec typique de la scène new-yorkaise des années 90) tout en entretenant une attitude typiquement parisienne faisant notamment écho à un certain Kickback. Une approche agressive et négative prônant une certaine forme de violence face aux contrariétés du quotidien comme le dit d’ailleurs très bien Headbussa dans le titre "Mass Effet" : "A vicious mind and a violent way to keep up with daily aggression".
Vous l’aurez donc aisément compris, on ne va pas vraiment se marrer à l’écoute de ce deuxième EP d’Headbussa. Un EP qui s’ouvre sur un sample tiré du célèbre From Dusk Till Dawn de Robert Rodriguez dans lequel on peut entendre George Clooney aka Seth Gecko balancer la phrase suivante : "Don't you ever try and fucking run on us. I've got six little friends and they can all run faster than you can.". Un extrait très imagé qui permet d’ouvrir le bal avant une introduction chaloupée qui même dénuée de paroles pue déjà la bagarre à plein nez.
La suite ne débande pas puisque c’est plutôt bon train - au son d’une accélération thrashisante rapide mais pas trop - qu’Headbussa entame l’excellent "Mass Effet", un titre qui ne manque pas de relief puisque passées ces premières secondes entrainantes qui seront d’ailleurs répétées un petit peu plus tard, les Parisiens vont régulièrement ralentir la cadence pour nous gratifier de ces breaks bien lourdingues typiques de ce genre de Hardcore à l’image de celui bien voyou entamé à 1:42 sur lequel vient participer Tonio des excellents Take It In Blood. Sans surprise, et même si les passages rapides le sont tout de même un peu moins, "Martyrs", "PFM" et "End Of U" voient se succéder le même genre de plans c’est-à-dire des passages plus ou moins dynamiques et chaloupés (les premiers instants de "Martyrs", "PFM" à compter de 0:13, "End Of U" à 0:41) et séquences taillées pour se mettre sur la gueule avec vos voisins à coups de moulinets bien placés et autres kicks vicieux ("Martyrs" à 0:53, "PFM" à 1:32 et en guise de conclusion ce sample tiré cette fois de Bad Lieutenant (celui de 1992 avec Harvey Keitel), "End Of U" à 1:16). Une formule rodée, peut-être un brin facile et redondante mais qui a le mérite de se montrer d’une efficacité à toute épreuve. D’autant que question riffs, les deux guitaristes d’Headbussa font de l’excellent travail grâce à un jeu nerveux, syncopé, parfois mélodique et finalement plus varié qu’il n‘y paraît de prime abord.
Si depuis des années les groupes américains de passage en France sont prompt à évoquer Kickback au détour d’un riff, d’un t-shirt arboré fièrement ou d’une simple mention entre deux morceaux, les voir apporter leur soutien à d’autres groupes français actuellement en activité est naturellement un gage de qualité et une marque de respect évident. Aussi, malgré une formule bas de plafond et une image de mauvais-garçons habilement entretenue, Headbussa mérite largement que vous vous y intéressiez si vous avez de quelconques atomes crochus avec ce genre de Hardcore bien viril et tout en mosh part. Certes, les Parisiens ne révolutionneront pas le genre avec leur musique mais réussir à remettre la France sur la carte face à la concurrence américaine est déjà une belle réussite. Espérons maintenant que la suite soit du même niveau (on n’en doute pas trop) et surtout un petit peu plus conséquente cette fois-ci (après deux EPs, un album ne serait pas du luxe).
| | AxGxB 2 Juillet 2025 - 581 lectures |
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