Abject Mentor - Abominaciones
Chronique
Abject Mentor Abominaciones
Si CATHARTIC est récemment venu nous rappeler que le Mexique avait encore de beaux restes en matière de Death Metal, il va falloir aussi compter désormais avec ABJECT MENTOR qui venant de Aguascalientes se place déjà comme une future tête d’affiche du style au sein de son pays. Formé en 2020 et ayant seulement à son actif une Démo et quelques singles le quatuor nous balance déjà un premier opus de haute volée qui dégouline de graisse et sent à plein nez les années 80-90, tout en n’ayant rien à envier aux nouveaux venus qui pullulent dans ce domaine du rétro de l’autre côté de la frontière. Si ce long-format a eu droit à une première vie suite à sa publication limitée et autoproduite, il va réellement sortir de l’anonymat via l’intégration de ses créateurs au catalogue d’Awakening Records, dont on connait le sens du marketing et la force de son rôle promotionnel. Il aurait été dommage que ce premier jet reste cantonné à l’underground le plus profond et sombre tant la qualité globale y est impeccable et lorgne facilement vers CEREBRAL ROT comme du côté du Morrisound Studio, où l’originalité est absente mais l’efficacité sans failles.
Et tout cela va exploser d’entrée au grand jour sur le massif et impeccable « Abominaciones » où la lourdeur d’un ASPHYX et OBITUARY vont côtoyer la graisse suintante des vétérans du Swedeath, tant tout ici est d’une humidité implacable portée par un tempo qui reste majoritairement bridé mais d’où émerge néanmoins quelques accélérations bienvenues pour densifier tout cela. Si tout cela reste totalement balisé et que la technique n’est pas forcément élaborée on se laisse néanmoins totalement emporter par cette écriture simple et affûtée d’où émerge un soupçon de lumière via l’apport d’un solo impeccable. En tout cas en ce début d’album les latinos ont décidé de miser sur leur côté pachydermique tant « Miasma » qui arrive dans la foulée reprend les mêmes éléments qu’entendus précédemment, tout en ajoutant un supplément de noirceur via un grand-écart entre vitesse et frein à main plus qu’accentué vu qu’on a presque des passages d’obédience Doom greffés à l’ensemble, et dont le rendu est particulièrement efficace. Et comme on ne change pas une formule qui fonctionne « Blasfemo » va encore accentuer le trait en se faisant encore plus écrasant (tel un poids-lourd ayant du mal à gravir une côte) bien calé entre quelques rasades débridées où une sensation oppressante est presque à son paroxysme, vu que tout est d’une noirceur absolue puant la mort et le cadavre par tous les pores. Pourtant au milieu de ce néant une certaine mélodie va émerger ainsi quelques passages bien remuants parfaits pour headbanguer, et offrir ainsi une plage très dense et variée, où la fluidité reste de mise sur cette production très crue et crachotante sonnant comme en live.
Si cette première partie de disque rendait grâce à sa facette la plus grasse et écrasante en revanche la seconde va miser sur les accélérations et l’entrain communicatif, et pour commencer place à « Abject Mentor » où les blasts et passages menés à cent à l’heure sont majoritaires et proposent une sacrée envie d’en découdre, tant ça dégomme tout sur son passage. Si tout est passé en revue du côté des tempos la rapidité est clairement montée d’un cran et cela va continuer sur la doublette « El Miedo Apegado A La Fé » / « Apóstol Del Mal », qui bien qu’étant presque un copier-coller au niveau des riffs comme la construction va montrer un groove incandescent et une allure qui ne ralentit jamais. Simplifiant ici son propos au maximum l’écriture va être encore plus dépouillée et lorgner du coup vers MASSACRE et MASTER pour la primitivité et l’entrain permanent vu que ça ne baisse jamais du côté de la cadence, même si une sensation de répétition et linéarité va poindre un peu le bout de son nez à ce moment-là. Néanmoins malgré ce sentiment logique de redondance et d’interchangeabilité on reste totalement imprégné par l’ambiance générale qui va encore gagner en radicalité sur le violent « Mala Vida » où le Punk est mis à l’honneur, sentant le pogo à l’ancienne sur fond de riffing primitif et mené à fond la caisse en ralentissant quasiment pas... tout ça avant que l’équilibré « Viaje Eterno » ne vienne finir un enregistrement totalement réussi et qui ne se pose pas de questions.
Car tout ici est authentique et rend un hommage appuyé aux pionniers qui sont largement récompensés de leurs efforts, vu que la formation offre au public une galette très agréable qui malgré un manque de titres mémorables et la sensation persistance que les gars jouent un peu dans la retenue, a des arguments intéressants à offrir. S’il leur faudra à l’avenir lâcher un peu les chevaux et diversifier un peu plus leur propos (pour espérer se démarquer de la redoutable concurrence internationale dans ce style en plein renouveau), on ne peut que saluer ce premier jet très abouti qui défile facilement sans sensation de lassitude, et comblera aisément le plus grand-nombre. Cela correspond en tout cas tout à fait à l’esprit de ce que propose le label chinois depuis quelques temps... preuve une fois encore de sa redoutable qualité de découvreur, et on ne peut de fait qu’encourager vivement le public à pencher une oreille dessus (voire les deux) car il y’a tout ici pour satisfaire le plus grand nombre, et ainsi offrir de bons et longs moments d’écoute sans fioritures mais à l’efficacité sans bornes.
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