Cosmic Putrefaction - The Horizons Towards Which Splendour Withers
Chronique
Cosmic Putrefaction The Horizons Towards Which Splendour Withers
Malgré la solide réputation du label italien I, Voidhanger Records et sa capacité avérée à mettre la main sur des formations aventureuses, originales ou tout simplement inspirées, j’avoue que je suis quand même passé à côté de pas mal de ses dernières sorties. Un acte délibéré et assumé trouvant au final une justification dans le fait que je me suis assez peu retrouvé dans les quelques disques récents sur lesquels j’ai posé mes oreilles (je pense notamment à ceux de Haunter et Esoctrilihum pourtant largement encensés par l’ami Sagamore). Du coup, rien d’étonnant à ce que je sois passé à côté du groupe Cosmic Putrefaction dont je "like" pourtant la page Facebook depuis a priori belle lurette... Il a donc fallu que l’on me mette sur la piste à coups de références déloyales pour que je ne passe pas à côté de ce qui pourrait bien être l’une des belles découvertes de l’année 2020.
Originaire de Milan, Cosmic Putrefaction est en fait un one-man band monté de toute pièce par Gabriele Gramaglia aka G.G., un stakhanoviste de talent que l’on trouve déjà derrière plusieurs autres projets ayant également trouvé refuge chez I, Voidhanger Records (Summit et The Clearing Path). Formé en 2018, le groupe compte déjà deux albums à son actif : At The Threshold Of The Greatest Chasm sorti l’année dernière et sur lequel je me pencherai prochainement et The Horizons Towards Which Splendour Withers paru il y a seulement quelques jours.
Si en plus de tous les instruments l’Italien s’est également chargé de la production, il a tout de même confié l’artwork au Chilien Daniel Hermosilla de Nox Fragor Art (Cenotafio, Fetid, Godagainst, Mortem...) et le mastering à l’incontournable Dan Lowndes de Cruciamentum. Un résultat évidemment impeccable puisque de la production écrasante et parfaitement lisible en passant par l’artwork contemplatif sur fond de pluie de météorites en feu, rien n’a été laissé au hasard. Un sens de la finition qui semble tenir particulièrement à coeur à Gabriele Gramaglia à en juger par la qualité et le soin apporté à ce deuxième album.
Je vous l’ai dit un peu plus haut, il a fallu m’aguicher à coups de sérieuses références pour que je me jette à mon tour dans le bain. En évoquant des parallèles a priori évidents avec des groupes comme Demilich ou Blood Incantation, il n’en fallait pas davantage pour attiser furieusement ma curiosité. Et bien m’en a pris car même si les ficelles s’avèrent extrêmement voyantes, on ne peut nier deux choses. La première c’est que ce deuxième album est extrêmement bien fichu. Tout y est à sa place, avec un sens de l’équilibre entre agression et séquences atmosphériques parfaitement maitrisé et des arrangements plutôt soignés et discrets. La deuxième c’est que The Horizons Towards Which Splendour Withers est un disque d’une efficacité indiscutable, pour les raisons évoquées un tout petit peu plus haut mais aussi parce qu’il nous est servi avec un esprit de concision. Bouclé en trente-quatre minutes, ce deuxième album évite l’écueil du disque trop long, l’Italien ayant préféré ne pas trop surcharger l’auditeur qui aura déjà beaucoup à faire pour ingurgiter et digérer tout ça.
À la manière d’un Blood Incantation, l’entame de ce nouvel album va se faire sur les chapeaux de roues. Une entrée en matière pour le moins soutenue qui va alors laisser bien peu de doutes quant aux intentions belliqueuses d’un Gabriele Gramaglia en pleine possession de ses moyens. Déjà évidente, la ressemblance ne s’arrête toutefois pas là puisque nombreuses sont les séquences qui vont ainsi rappeler le Death Metal du groupe de Denver. De ce lead cosmique débuté à 2:48 sur l’excellent "Between Awe And Fear Upon The Burst Of The Ominous Star" au break spatial de "This Landscape Sublimates Oblivion To Obliteration" en passant par la conclusion acoustique de "The Glooming Murk Of His Telluric Shrieks" ont tient là déjà trois sérieuses évocations au Death Metal "from outer-space" des Américains. Mais d’une manière générale cela se ressent surtout à travers le growl profond et abyssal de Gabriele, le riffing particulièrement intriqué et complexe dont l’Italien va faire preuve tout au long de l’album, ces accélérations musclées et sauvages ainsi que cette atmosphère spatiale sur fond d’éruptions solaires, de trous noirs et de transcendance cosmique. Et si Chthe'ilist et Demilich (et Immolation dans une moindre mesure) ne sont jamais bien loin (en cause notamment ce riffing à tiroirs et certaines dissonances), c’est bel et bien Blood Incantation qui vient en premier à l’esprit à l‘écoute de The Horizons Towards Which Splendour Withers.
Alors cela aurait pu suffire pour faire de Cosmic Putrefaction un groupe digne d’intérêt mais Gabriele Gramaglia a tout de même souhaité y apporter sa propre touche, aussi discrète soit-elle. En bon italien fier de son patrimoine musical, cela va passer par quelques touches à l’esprit baroque, notamment grâce à l’utilisation d’instruments à cordes (ces violons sur "Between Awe And Fear Upon The Burst Of The Ominous Star" et "Utterance Of The Fall Of Man" ou bien ce piano servant de transition entre "The Arcane Soothsayer Carefully Sculpted His Demise" et "Utterance Of The Fall Of Man"). On note également l’usage d’un clavier aux sonorités synthétiques discrètes afin de renforcer cette impression de naviguer aux confins de l’espace et même deux ou trois samples. Rien de trop chargé ni de trop envahissant mais juste de quoi amener une pointe de personnalité face à des homologues américains qui, s’ils n’ont pas vraiment à se soucier de la concurrence (bien que l’Italien ait fait fort, il faut le reconnaitre), on tout de même largement influencé un groupe qui, sans gêne ni complexe, marche aujourd’hui dans leur sillage la tête haute, avec désormais les moyens de ses ambitions.
Difficile à l’écoute de The Horizons Towards Which Splendour Withers de ne pas être emballé par ce Death Metal qui en impose par tous les bouts, de la production aux compositions en passant par son exécution et ses atmosphères sombres et grandioses. Difficile aussi de croire qu’un seul homme puisse être responsable d’une musique aussi riche et travaillée qui par la force des choses va nécessiter un certain niveau technique ainsi qu’une profonde exigence pour arriver à un tel degré d’efficacité et un équilibre aussi juste. On le verra mais Gabriele Gramaglia a fait des progrès depuis la sortie de At The Threshold Of The Greatest Chasm plus vert, plus bancal et tout simplement moins abouti. Je ne sais pas comment celui-ci trouve le temps pour mener de front tous ses projets mais une chose est sûre, ce qu’il fait avec Cosmic Putrefaction ne devrait certainement pas manquer d’intéresser tous ceux qui comme moi éprouvent un véritable enthousiasme à l’écoute de Blood Incantation, Demilich, Chthe’ilist et plus généralement tous ces groupes de Death Metal préférant s’émanciper en dehors des sentiers battus.
| AxGxB 9 Juin 2020 - 1742 lectures |
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