À Thrashocore, on a le souci de la continuité. Je vous parlais l'année dernière en termes élogieux de la première démo de Trenchrot
Dragged Down To Hell sortie sur Nihilistic Holocaust en concluant que les Américains avaient déjà trouvé refuge chez Unspeakable Axe Records, division de Dark Descent Records, pour un full-length prévu à l'automne. Hé bien voilà, il est là l'album. Il a juste débarqué plus tard que prévu comme souvent puisqu'il n'est disponible que depuis quelques semaines. Vu la qualité de la démo, j'avais de bons espoirs pour ce premier album que j'ai eu la chance d'avoir bien avant sa sortie officielle. Ce qui m'a permis de le faire tourner un paquet de fois.
Avec toujours autant de plaisir. Pas de feu de paille,
Necronomic Warfare confirme sans peine le potentiel entrevue sur la démo 3-titres que l'on retrouve ici en bonus pour ceux qui l'auraient manquée. Trenchrot a même élevé son niveau de jeu pour pouvoir rester intéressant sur tout l'opus, soit 8 morceaux pour 36 minutes (hors démo). 36 minutes d'un death metal d'obédience old-school à la Asphyx, Obituary, Death, Autopsy et compagnie. Rien de bien neuf donc mais le combo de Philadelphie fait clairement partie de ces groupes ayant quelque chose en plus que le reste de la troupe revival. Un petit quelque chose pas si petit puisqu'il s'agit du talent de composition auquel on rajoutera un feeling indéniable. La meilleure preuve en est la conclusion du disque qui se termine par "Necronomic Warfare", 7 minutes 30 pas du tout ennuyeuses de la part d'une formation qui tape dans le mille à chaque fois, excepté peut-être un "Maddening Aggression" plus anecdotique mais qui reste correct grâce à un dernier tiers incisif parcourus de bons solos.
Ce qu'il y a de bien chez Trenchrot, c'est sa facilité à composer des morceaux à la fois simples et efficaces avec un dosage parfaitement équilibré des ingrédients typiques du death metal. Le quatuor a déjà l'intelligence de varier le rythme en proposant un peu de tout, du tchouka-tchouka thrash endiablé, au mid-tempo headbangant (miam l'intro coolos de "Mad Dogs Of War") en passant par des ralentissements bien lourds ("Gustav Gun" à 1'27 très asphyxien, "Mad Dogs Of War" vers 1'40 avec un peu de dissonance, "Necrotic Victory" à 2'00 bien jouissif avec ce long growl en soutien) et des breakdowns ("Death By Trenchrot" à 2'06, "The Most Unspeakable Of Acts" à 2'22, "Mad Dogs Of War" à 3'38, "Necrotic Victory" à 3'23, "Maddening Aggression" à 1'43), sans oublier des séquences de blast-beats bienvenues ("Death By Trenchrot", "Sickening Devotion") qui ajoutent encore plus de pêche a des morceaux déjà bien couillus et gâtés par des riffs toujours inspirés et quelques solos mélodiques assez fameux ("Death By Trenchrot" à 2'56, "Mad Dogs Of War" à 2'29 posé et plein de feeling sur un sample atmosphérique et un riff down-tempo, "Necrotic Victory" à 2'58 sur un mid-tempo pépère avant que la double accélère ou encore la fin atmosphérique splendide de "Necronomic Warfare" au parfum mélancolique prenant). On retrouvera aussi de la bonne mélodie sur d'autres passages non leads, en particulier la très bonne ouverture de "Gustav Gun".
Extrême ou non, la réussite d'un album de metal est toujours une question de guitare. Trenchrot l'a bien compris. Mais pour s'assurer complètement que ce
Necronomic Warfare plaira aux deatheux, il a aussi su marquer son œuvre grâce au chant de Steve Jansson. La plupart des frontmen de death sont interchangeables. Pas lui. Son growl arraché au léger écho est tout simplement jouissif, un des gros points forts de l'album. On pourra par contre lui reprocher sa trop grande ressemblance avec le timbre de Martin Van Drunen tellement bien imité qu'on pourrait croire que c'est le grand Néerlandais au micro. Un peu abusé tout de même (le chanteur de Decaying fait la même) mais j'avoue adorer ce type de voix peu répandue et tout de suite reconnaissable. Je serai donc indulgent avec le bonhomme pour son plagiat tant ses vocaux me collent des frissons, surtout sur les moments les plus écrasants qui rappellent d'autant plus Asphyx.
Mais qui écoute encore du death metal pour l'originalité?! Tant que le feeling est là! Et du feeling, Trenchrot en possède un bon paquet. Grâce à cet excellent
Necronomic Warfare, les Américains ont même dépassé mes attentes générées par la très sympathique démo
Dragged Down To Hell. Que vous n'en ayez jamais assez du death old-school ou que vous vous limitiez aux meilleures nouvelles formations, c'est Trenchrot qu'il faut choisir en ce début d'année 2014 car personne n'a fait mieux pour le moment. Rien qu'avec cette pochette aussi bad-ass de toute façon, pastiche de l'affiche de Evil Dead 3 Army Of Darkness, personne ne pouvait lutter!
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