Grabriele Gramaglia ne fait peut-être pas grand bruit avec ses multiples projets mais les personnes ayant déjà croisés le chemin des groupes dans lesquels il officie seul ou en bonne compagnie (The Clearing Path, Turris Eburnea, Vertebra Atlantis et quelques autres encore) sont néanmoins rarement déçus par ce qui leur est donné à entendre. Parmi ses contributions les plus récentes, ce troisième album de Cosmic Putrefaction intitulé
Crepuscular Dirge For The Blessed Ones dont la sortie chez les Canadiens de Profound Lore Records (ainsi que chez Caligari Records pour ce qui est de l’édition cassette) remonte au mois de mai de cette année. Une montée en gamme qui devrait mettre le one-man band italien sur le chemin de quelques nouveaux auditeurs pas forcément très au fait de ce qui se passait jusqu’à présent sur le plus modeste et le plus discret I, Voidhanger Records (structure dont la renommée n’est pourtant plus à faire chez qui sont parus les deux premiers albums du groupe).
Contrairement à
At The Threshold Of The Greatest Chasm et
The Horizons Towards Which Splendour Withers sur lesquels Grabriele Gramaglia s’est chargé lui-même de tous les instruments (sans avoir recours à une boîte à rythmes), ce troisième album est marqué par la participation derrière les fûts de son compatriote Giulio Galati (Continuum Of Xul, Mass Infection, Hideous Divinity...). Un compagnon pour le moins expérimenté qui va permettre à l’Italien de gagner en souplesse et d’expérimenter des séquences qu’il n’osait jusque-là peut-être pas imaginer. Et comme celui-ci possède plus d’une corde à son arc, le jeune homme de vingt-huit ans (à son âge je glandais sur World Of Warcraft pendant des heures) signe également la production de A à Z à l’exception cependant du mastering confié une fois de plus à l’Anglais Dan Lowndes. Quant à l’artwork, celui-ci est l’oeuvre du Slovaque Dávid Glomba (Teitanblood, Malokarpatan, Cult Of Fire, Svartidauði, Krolok, Markgraf et j’en passe) qui, une fois n’est pas coutume, signe une illustration quelconque et finalement assez décevante au vu de son pédigrée et de son immense talent.
Album particulièrement convaincant,
The Horizons Towards Which Splendour Withers avait permis de mettre le nom de Cosmic Putrefaction sur la longue liste de ces jeunes formations à suivre de près. Pour autant, la musique de l’italien n’était pas exempte de "défauts" à commencer par des influences parfois un poil trop évidentes (les noms de Blood Incantation et Demilich venant en effet rapidement à l’esprit à l’écoute de ces quelques titres) pour espérer pouvoir être autre chose qu’une copie, certes particulièrement digne d’intérêt mais une copie malgré tout. Un point qui semble avoir été entendu et compris par le principal intéressé puisqu’avec
Crepuscular Dirge For The Blessed Ones, Grabriele Gramaglia donne en effet le sentiment d’avoir cherché non pas à se défaire de ses principales influences qui, ça et là, demeurent toujours perceptibles mais plutôt à les diluer de manière bien plus habile dans une formule dorénavant beaucoup plus personnelle. Cela ne veut pas dire que l’Italien a changé son fusil d’épaule ni même sa manière d’aborder les choses, seulement qu’en s’émancipant de sources d’inspirations effectivement trop flagrantes, le Death Metal de Cosmic Putrefaction a définitivement gagné en maturité ainsi qu’en personnalité.
Cette identité trouvée ou du moins affirmée ne passe en rien par une recette où prime l’originalité (encore une fois, les influences de l’Italien apparaissent comme relativement évidentes) mais plutôt par des compositions toujours aussi bien ficelées où se mêlent cependant de manière plus subtile et à des degrés différents ce qui faisaient déjà le charme de
The Horizons Towards Which Splendour Withers. Ce qui frappe lors de la découverte de ce troisième album c’est notamment l’aspect technique encore un petit peu plus prononcé. En effet, si son prédécesseur n’était déjà pas en reste, le riffing encore plus dense et ciselé de l’Italien mêlé à cette explosivité des plus réjouissantes insufflent à
Crepuscular Dirge For The Blessed Ones une nervosité ainsi qu’une impression de puissance particulièrement tangibles qui rendraient presque son prédécesseur obsolète. Aussi les vives secousses et autres coups de boutoirs (à ce titre saluons la prestations de Giulio Galati qui a su apporter sa pâte à la musique de Cosmic Putrefaction et notamment davantage de variétés et de subtilités) se font nombreux et relativement intenses tout au long de ces quarante-deux minutes effectivement chargées en blasts et autres joyeusetés en dépit de toutes ses nuances.
Des instants de fureur néanmoins contrebalancés par tout un tas de séquences cosmiques aux sonorités éthérées particulièrement évocatrices (les mélodies lointaines de "Sol's Upheaval Debris" qui font leur apparition aux alentours de 4:35, celles de "From Resounding Silence To The Obsidian Womb" à 2:33 ainsi que ses voix fantomatiques à 3:11 ou ce chant clair et aérien à 4:02, celle de "Amniotic Bewilderment" à 4:35, les évocations lointaines entendues à 1:29 sur "Lysergic Sulfuric Waters" et qui pourraient rappeler des groupes comme diSEMBOWLMENT, Thergothon, Spectral Voice et compagnie, la mélodie de "Cradle Wrecked, Curtains Unfurled" à 4:23 et 5:44, le plus vaporeux et entêtant "Crepuscular Dirge For The Blessed Ones"...) ainsi que par tout un tas d’arrangements divers et variés qui vont amener un peu plus de caractère et de profondeur à l’ensemble (cet orgue sur "Sol's Upheaval Debris" à 3:24, la guitare acoustique de "From Resounding Silence To The Obsidian Womb" à 4:02 ou de "Amniotic Bewilderment" à 4:12, ces quelques notes de piano sur "Cradle Wrecked, Curtains Unfurled" à partir de 5:44, "Crepuscular Dirge For The Blessed Ones" et ses nombreuses nappes de synthétiseur capables de vous faire voyager dans l’immensité de l’Espace...).
Si Grabriele Gramaglia continue donc d’impressionner par la maitrise technique de tous ces instruments et ce feeling naturel, presque inée qu’il dégage,
Crepuscular Dirge For The Blessed Ones séduit une fois encore pour les mêmes raison que son prédécesseur à savoir l’intelligence de son propos, de sa mise en place impeccable, de sa fluidité sans accros et de ses nombreux apports mélodiques qui nourrissent autant ces atmosphères qu’ils participent au caractère ainsi qu’à une certaine identité du Death Metal de l’Italien. À l’heure de faire les comptes, je ne dirais pas nécessairement que ce troisième album est au-dessus du déjà excellent
The Horizons Towards Which Splendour Withers mais une chose est certaine à l’issue de ces quelques titres c’est que Cosmic Putrefaction a été en mesure d’élever son niveau de jeu et de se détacher de ses influences sans que cela nuise à l’efficacité de sa formule. Désormais, la marge de manoeuvre pour évoluer semble mince pour l’Italien mais s’il continue de fournir des albums de ce calibre, on saura amplement s’en satisfaire.
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