Qu’est-ce qu’elle a pu me faire rêver cette pochette d’«
Extinction » en 1991…
LEMMING PROJECT, ce fut typiquement le genre de groupes sur lesquels je fantasmais à bloc, à force de voir la publicité dans tous les magazines sans jamais pouvoir l’écouter, faute de distribution correcte. En plus, dans mes souvenirs, c’était une espèce de
all stars band, ce qui alimentait encore le mythe, alors que pas du tout ! Que des Allemands aussi obscurs que besogneux et qui semblent avoir mis fin à leurs activités musicales après «
Hate and Despise » (1992), un second LP sur lequel les avis sont d’ailleurs assez mitigés.
Mais ce «
Extinction », évidemment abrité chez
Noise Records, il respire tellement les années 90 que ce serait malheureux de passer plus longtemps à côté. Il sent bon le
MORGOTH d’avant
« Odium » mais tout de même avec une dimension un peu plus expérimentale au niveau des structures, des solos, qui, sans en faire une formation d’hurluberlus, la place dans la catégorie des chercheurs, de ceux qui avaient alors déjà pigé que le
death metal pouvait être autre chose que des meuglements putrides. Bon, quand je dis « chercheur », n’imaginez pas non plus le professeur Tournesol, nous sommes plus au niveau du petit laboratoire de campagne qui subvient à ses besoins en organisant des kermesses pour vendre quelques
würste et faire des appels aux dons mais, tout de même, l’objectif est atteint. Par certains aspects, je trouve même que ce disque a un côté pré «
Spheres » (
PESTILENCE), pas tellement pour l’usage de synthétiseurs, ils sont ici totalement absents, mais davantage pour l’approche plus complexe du riffing ou encore du fait de certaines ambiances hallucinées.
Et puis il y a le chant de
Hendrik Vanegrow, parfait et typique de l’époque dans cet exercice subtil du guttural raclé en fond de gorge, ce petit glaviot que l’on n’arrive jamais à dégager et qui donne à la voix ce ton gras de malade en souffrance. On aime bien évidemment ! De toute façon, pourquoi je m’embête à vanter les mérites d’un disque de
death paru en 1991 ? Il n’y avait que des génies à cette époque et l’on en a un petit aperçu ici, dans un style certes peu démonstratif en termes de vitesse ou de solos flamboyants mais plutôt en matière d’ambiance, de tessitures, avec en prime un
finish teinté de
hardcore qui n’est pas sans faire un clin d’œil à la première démo «
Negative Hatecore ». Car oui,
LEMMING PROJECT, ça reste de la haine, certes mâtinée d’humour noir mais focalisée sur les travers d’une société que les musiciens percevaient déjà comme pervertie, malsaine, des complotistes avant l’heure (« Reality is a lie ») qui parlaient de manipulations génétiques, d’expérimentations pratiquées sur des humains, etc. On ne peut pas dire que l’actualité récente leur donne tort à ces braves teutons, cet album n’en devenant que plus essentiel à la culture de tout un chacun.
Allez faire vos devoirs, écoutez «
Extinction » deux ou trois fois, le grand oral approche et le Tout Puissant ne sera pas content si l’on répond faux à la question « qui est
Thomas Jaschke ? ».
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