Hemorrhoid - Raw Materials Of Decay
Chronique
Hemorrhoid Raw Materials Of Decay
Avec un nom comme celui-ci peu de doutes subsistent quant au degré de finesse dont vont faire preuve ici ces jeunes américains. Actifs depuis 2021 mais révélés aux yeux du monde l’année dernière avec la sortie chez Extremely Rotten Productions d’une seconde démo intitulée bêtement Demo ’23, Hemorrhoid nous arrive tout droit de Portland et est composé de trois garçons ayant largement fait parler d’eux ailleurs. On retrouve en effet messieurs Seth Traver (Cemetery Lust, Nekro Drunkz, Torture Rack...) au chant et à la guitare, Vincent Van Dell (Apraxic, Witch Vomit) à la basse et Dylan Laviolette (Headsplit Records, Cemetery Lust, Hacksaw, Nekro Drunkz...) au chant et à la batterie. Un line-up qui ne prétend pas arracher un quelconque prix Nobel mais dont l’expérience promet de pouvoir se caler sous la dent quelques compositions bien sales et faisandées.
Raw Materials Of Decay est donc le premier album d’Hemorrhoid. Un disque paru en mars dernier sur Headsplit Records et qui s’apprête à bénéficier à la fin du mois d’une sortie plus globale grâce au soutien du label danois Extremely Rotten Productions. Composé de quinze titres aussi imagés que "Hemorrhoidal Removal Surgery", "Rancid Rectal Rupture" et "Dante’s Fecal Inferno" (ce dernier étant d’ailleurs tiré de la précédente démo des Américains), celui-ci se voit torché (le choix des bons mots) en moins de vingt-cinq minutes. Une belle diarrhée auditive illustrée avec tout autant de subtilité par un Grant Hatfield aka Filth Effigie (Chasmdweller, Noxis, Malgöth...) qui a bien saisi le propos de ses compatriotes.
Si ce genre de production "pipi caca" peut parfois revêtir un côté tristement anecdotique, elle n’en demeurent pas moins diablement efficaces lorsqu’elles s’avèrent aussi bien troussées. Certes, rien de ce que propose Hemorrhoid sur ce premier album ne relève du génie ni même d’une quelconque quête d’originalité mais peu importe puisque l’essentiel est bel et bien là. Outre une concision dans le propos concrétisée par des morceaux plutôt courts (seuls quatre titres affichés à plus de deux minutes et pas une de plus) et de savoureuses séances de blasts mais aussi de toupa toupa, Raw Materials Of Decay est également truffé de riffs à trois notes jamais bien compliqués mais dont l’efficacité immédiate suffit amplement à compenser l’absence flagrante d’originalité.
Bref, une formule vieille comme le monde qui n’a rien de bien nouveau à offrir mais qui devrait pourtant continuer de réjouir les amateurs de ce genre de saloperies putrides et dégoulinantes. Aussi, en dépit de ce qui sonne comme un album vu et entendu des milliers de fois auparavant, tout est définitivement carré chez Hemorrhoid. De ces riffs de babouins exécutés à toute berzingue ("Ultimate Commode Of Chaos & Carnage", "Moderate To Severe Plaque Psoriasis", "Stool Borne Illness", "Dante's Fecal Inferno", "Esophageal Rupture"...) à ces accélérations aussi jouissives que redoutables ("Exogenous Intestinal Blockage" à 0:32, le démarrage en fanfare de l’excellent "Ultimate Commode Of Chaos & Carnage", "A Dozen Suppurating Masses" à 0:58, "Dante's Fecal Inferno" à 0:08, "Liquified In A Caustic Sludge" à 0:58...) en passant par ces quelques ralentissements et autre séquences moins soutenues mais au groove bien collant (les premiers instants de "Exogenous Intestinal Blockage", "Moderate To Severe Plaque Psoriasis" à 0:52, la première partie bien chaloupée de "Sliced And Tucked", "Ectopic Scrambling", "Festering Blood Pit" à 1:19) sans oublier naturellement toute ces belles gerboulades vocales quelque part entre gargouillis suspects, fuites buccales et autres growls de fonds de cuvettes, rien ne manque à l’appel. Un cahier des charges scrupuleusement respecté qui offre effectivement peu de place à la nouveauté mais qui a le mérite d’être d’une efficacité à toute épreuve.
Produit par l’infatigable Charlie Koryn (Ascended Dead, Autophagy, Dipygus, Hulder, Torture Rack, VoidCeremony et j’en passe) et Noah Buchanan (200 Stab Wounds, Inoculation, Midnight, Noxis, Sadistic Force...), Raw Materials Of Decay jouit qui plus est d’une production assez crue qui naturellement colle à merveille avec la formule d’Hemorrhoid. Un son plutôt organique avec des guitares particulièrement abrasives qui bourdonnent, une batterie dépouillée et naturelle, une basse ultra saturée et des voix parfaitement audibles (je n’ai pas dit compréhensibles). Bref, une production taillée pour le job qui rend service aux compositions des Américains sans jamais chercher à trop en faire.
Après une précédente démo particulièrement engageante mais passée plutôt inaperçue, Raw Materials Of Decay devrait permettre à Hemorrhoid de trouver son public. Certes, un tel patronyme pourrait en dissuader plus d’un d’y jeter une oreille attentive mais entre cette illustration réussie, ces couleurs plutôt engageantes et surtout ces quinze compositions diablement efficaces, il n’y a pas à "tortiller du cul pour chier droit", ce premier album botte effectivement des culs bien comme il faut… Je tire donc ma révérence sur ces expressions particulièrement subtiles et vous invite une fois de plus à vous pencher sur le cas de ces trois Américains qui méritent, vous l’aurez compris, toute votre attention.
| AxGxB 14 Juin 2024 - 560 lectures |
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