J’avais laissé les Américains d’Ossuary en plan après ma chronique de
Supreme Degradation publiée ici en septembre 2019. Depuis, si les choses n’ont pas beaucoup avancé du côté des trois Américains (un nouveau EP trois titres paru l’année dernière seulement), on ne peut pas dire non plus que j’ai cherché à combler les trous d’une discographie certes modeste mais bel et bien digne d’intérêt. Une faute que je m’apprête à corriger même si avant de m’intéresser à
Forsaken Offerings, je vais tout d’abord me pencher sur la première démo du groupe de Madison sortie il y a déjà un petit peu plus de neuf ans...
Intitulée
Cremation Ritual, celle-ci est tout d’abord parue sur Bandcamp avant d’être éditée l’année suivante (2016) en cassette par le label allemand Darkness Shall Rise Productions qui à l’époque n’avait donc déjà pas manqué d’exprimer son intérêt pour le trio et sa musique. Ornée d’une illustration particulièrement sympathique dont le caractère fauché et amateur lui confère d’emblée un très fort capital sympathie, cette dernière se compose de quatre titres pour une durée d’un petit peu plus de vingt-deux minutes. Une démo plutôt généreuse qui à l’époque m’était complètement passée sous le nez mais qui méritait néanmoins d’avoir sa place ici.
Sortie un petit peu moins de quatre ans avant
Supreme Degradation,
Cremation Ritual n’a pas grand chose à lui envier grâce, en premier lieu, à une production granuleuse et particulièrement épaisse qui sied à ravir à ce genre de Death Metal faisandé bien davantage porté sur les mid-tempos vérolés que sur les attaques frontales et autres démonstrations de force brutes et sans pitié. Car si tout les instruments de la formation sont parfaitement restitués et l’ensemble plutôt bien équilibré, il s’en dégage pourtant quelque chose de sale et de maladif qui correspond bien à ces atmosphères sournoises qui ponctuent le Death Metal d’Ossuary.
Naturellement, cette production n’est pas l’unique raison qui me pousse à affirmer que cette première démo n’a pas à rougir face à sa petite soeur puisqu’en 2015 le trio américain avait pour lui une formule déjà parfaitement rodée ne souffrant d’aucun déficit et autres petits défauts de jeunesse.
Ainsi, à l’image de
Supreme Degradation, les quatre titres proposés ici se caractérisent par l’usage de rythmes mid-tempo majoritairement lancinants même s’il arrive parfois que la cadence se fasse un tout petit peu plus "soutenue" (oui avec des guillemets car pas de blasts ni même de toupa toupa ici) comme c’est le cas par exemple sur "Cremation Ritual" à 1:23 et 3:01 ou "Execration Hymn" à 1:05 et 4:23. Dans tous les cas, ne vous attendez pas transpirer à grosses goûtes car là n’est clairement pas le propos d’Ossuary qui préfère préserver nos cervicales en nous régalant d’un groove rampant mais néanmoins infaillible.
Tout aussi efficaces, les riffs simples mais pourtant vicieux d’Izzi Plunkett qui effectivement n’a peut-être rien inventé mais dont le caractère lourd et répétitif nourrit quelque chose de terriblement pesant et malaisant. Ainsi, de l’excellent "Retributive Maiming" à "Cremation Ritual" en passant par "Execration Hymn" et "Gaping Mental War-Wound" tout pue la mort et la décrépitude chez Ossuary. Une odeur rance et viciée qui vous colle aux naseaux et jamais ne vous lâche.
Et puis il y a cette voix, celle de madame Plunkett, perdue au loin et bardée d’effet mais dont les intonations (une sorte de growl arraché et plaintif) révèlent quelque chose de sournois et de menaçant. Une sensation dérangée et dérangeante qui nous place dans une situation d’inconfort et de malaise permanent tout au long de ces vingt-deux minutes.
Chronique somme toute assez brève, je pense néanmoins avoir fait le tour de la question ici. Ce que propose en effet Ossuary sur cette première démo est ce que l’on retrouvera quatre ans plus tard sur l’excellente
Supreme Degradation. Un Death Metal mid-tempo qui n’a rien de bien sorcier et dont les principaux atouts résident dans ce groove faisandé qui ponctue chaque titre, dans ces riffs entêtants jamais très compliqués mais néanmoins toujours efficaces, dans ces atmosphères où règnent à chaque fois un véritable malaise et dans ce chant vicelard et mauvais d’Izzi Plunkett. Alors c’est sûr, on a déjà entendu plus inspiré, plus rapide, plus brutal, plus sombre ou ce que vous voulez mais il y a malgré tout chez les Américains quelque chose de particulier. Un trait de caractère, un soupçon d’identité, un parti-pris qui dès cette première démo va leur permettre de tirer leur épingle du jeu et de se différencier du reste de la masse bien souvent occupée à copier Incantation et compagnie. Bref, il y a neuf ans, le trio était l’auteur d’une excellente première démo, il était temps de lui rendre justice en ces pages.
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