Chainsword - Born Triumphant
Chronique
Chainsword Born Triumphant
Si on ne va pas revenir une fois encore sur l’incroyable héritage musical laissé par BOLT THROWER et les nombreux rejetons de qualité qu’il a engendré, en revanche il faut parler un peu des polonais de CHAINSWORD qui sont parmi ce qu’il y’a eu de mieux dans le genre ces dernières années... tout ça grâce à un
« Blightmarch » de gala qui avait frappé fort il y’a un peu plus de trois ans. Du coup on se demandait si le quintet allait réussir à confirmer l’essai, même s’il aurait été surprenant que l’inverse se produise tant on avait bien senti que les gars possédaient un très gros potentiel et qu’ils en avaient franchement gardé sous la semelle. Et ça n’est pas le départ du guitariste Piotr Dobrowolski qui va avoir un impact sur la puissance de l’armada de Varsovie qui livre ici un deuxième opus du même tonneau que le précédent, où aucun survivant ne réchappera de ce combat intense et épique, où les nuques et cervicales vont être sacrément mises en continu à rude épreuve durant trois-quarts d’heure.
En effet nulle trace d’intro ou d’outro ici, le combo ayant décidé une fois encore d’aller à l’essentiel sans possibilité d’échappatoire ou de pause inattendue... preuve en est le démarrage intitulé « Nekrodermis » qui va montrer directement que les mecs sont dans une forme olympique, et qu’ils vont tout balayer sur leur passage. Reprenant tout le panel musical de la regrettée entité de Coventry on y trouve ici ces plans pachydermiques rampants au possible, et complétés par de brutales accélérations et du mid-tempo implacable idéal pour martyriser les cous les plus solides. A cela il faut ajouter un excellent solo (il faut d’ailleurs saluer le boulot effectué dans ce domaine tout au long de ce disque) pour faire de cette ouverture une suite parfaite au précédent opus, tout en étant un chouia au-dessus de celui-ci de par son accroche encore plus fracassante et son groove toujours aussi impeccable. D’ailleurs l’équilibre des forces va être encore une fois majoritaire ici, et créer ainsi une densification musicale jouissive au possible... preuve en est le dynamisme de dingo des furibards et explosifs « Sinistramanus Tenebrae », « Ov Flesh And Style » ou encore « Death To The Enemies Ov Man », qui jouent avec précision sur l’alternance régulière sans jamais en faire des tonnes tant la musique du groupe est affûtée et précise, mais reste relativement simple à exécuter. D’ailleurs les mecs n’hésitent pas à la simplifier de façon encore un peu plus forte sur le martial et tout en cassures « Wrapped In Barbed Wire And Yelow Fog », ainsi que sur « Abominable Intelligence » qui montre progressivement en pression avant d’exploser et de jouer la carte de la vitesse continue, afin d’obtenir le parfait défouloir pour se vider un peu plus la tête.
De toute façon que ce soit sur cette plage ou les autres on oublie instantanément les tracas du quotidien, vu qu’on est happés immédiatement et sans aucune trace de lassitude dans les parages... que ce soit via le grand-écart massif de « Grand Funeral Pyre » ou le monstrueux « Trident, Rise! » (aux influences Heavy délicieuses et absolument réussies), dont le riffing fait mouche sur du headbanging contagieux du plus bel effet. Et même si on passera rapidement sur « Mankind's Last War » (pas mauvais en soi mais qui s’étire inutilement en longueur) on en terminera de bien meilleure manière avec l’excellentissime « L-G P » qui malgré sa durée ne va jamais donner la sensation de se traîner et se répéter. Proposant ici deux parties bien distinctes et différentes rythmiquement il va clore les hostilités par des visions totalement opposées entre entrain communicatif et plans oppressants d’une grande noirceur, qui lorgnent même vers le Doom le plus massif et inquiétant où là-encore les gratteux se font plaisir du côté des harmonies en solitaire. Idéale donc pour terminer cette galette cette ultime composition est clairement une des plus abouties et prouve que sans se renier ses auteurs ont clairement gagné en impact, notamment grâce à l’apport du nouveau-venu qui réussit aisément son bizutage, quant aux autres ils confirment largement les espoirs placés en eux précédemment. Du coup il est évident que ce « Born Triumphant » a plus d’un tour dans son sac et est promis à un bel avenir, rendant un hommage sincère et appuyé aux mythiques britanniques... qui désormais n’ont rien à envier à leurs cousins polonais. Tenant tête dorénavant aux VADER, BEHEMOTH et autres noms ronflants de son pays la formation a ce qu’il faut pour tenir dans le futur, et continuer à offrir de la bonne parole et des bons souvenirs à ceux qui prendront la peine de se pencher dessus. Car ici l’hommage à une certaine forme de Death et à une époque révolue est d’une sincérité impressionnante, montrant encore et toujours que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes... et il n’y a pas de raison que ça change, tant ce long-format va occuper les oreilles et les esprits pendant un bon moment sans aucune trace de lassitude ou de bâillement dommageable.
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