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Coffin Curse - The Continuous Nothing

Chronique

Coffin Curse The Continuous Nothing
Si le début de carrière du binôme de Santiago a été particulièrement productif en sorties diverses sous tous les formats possibles celui-ci a depuis sensiblement levé le pied, vu qu’après la publication de son premier album « Ceased To Be » en 2020 seul le single « Spectral Vermin » publié l’été dernier était venu nous rappeler que le combo était toujours actif. Si ce morceau seul était évidemment beaucoup trop court pour nous rassasier en revanche on avait repris espoir quant à l’enregistrement d’un nouvel opus, qui a fini enfin par arriver après plus de quatre années d’attente... et dont heureusement le résultat va être à la hauteur des espoirs engagés. Car si on sait bien que le Chili est parmi ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle du côté du Death Metal on pouvait se demander si les deux compères allaient être au niveau des autres jeunes formations de leur pays, qui a vu depuis quelques temps l’apparition entre autres des vindicatifs et qualitatifs SUPPRESSION, PUTRID YELL, ROTTEN TOMB, SUFFERING SIGHTS ou encore CONCILIVM. Si tous ces noms ont marqué récemment les esprits par leurs disques impeccables, furieux et même sacrément jouissifs COFFIN CURSE ne va rien avoir à leur envier, et même leur tenir la dragée haute vu que ce long-format se cale directement dans le haut du panier local pour cette année 2024.

Si on avait déjà remarqué que le duo était largement influencé par le son d’outre-Atlantique des années 90, il a cette fois poussé tout cela plus loin encore tant rôde l’ombre des premiers opus de MORBID ANGEL vu que la musique ici se fait d’une obscurité impénétrable où tout est gras, puant et occulte... d’ailleurs le ton va être donné d’entrée sur la plage la plus courte de ce disque intitulée « Thin The Herd », qui ne va pas faire dans la finesse. Car ici hors de question de laisser des survivants en chemin et ça se révèle parfait pour annihiler toute volonté de résistance, tant ça tabasse fort et en continu entre quelques rasades de vitesse débridée sur fond de production opaque et d’ambiances qui prennent à la gorge directement, le tout sans jamais relâcher l’étreinte durant presque trois quart-d’heure. Si cette durée va parfois un peu donner la sensation de se répéter d’un titre à l’autre en revanche aucune lassitude ne va poindre à l’horizon, tant les gars ont la justesse de varier juste ce qu’il faut leur propos afin de maintenir un niveau de vigilance important comme « Bacchanal Of The Mortal » et « Deceased Races » vont le confirmer. En effet la densité va clairement s’accentuer et outre les traditionnels moments menés à toute berzingue le groupe va y rajouter des forts ralentissements particulièrement remuants et rampants, histoire d’affirmer un peu plus son autorité et d’ajouter encore de la noirceur à un rendu qui n’en manque pourtant pas... tout ça en conservant une attractivité permanente où le niveau technique grimpe d’un cran, mais sans jamais être excessif. D’ailleurs cela continue sur l’autre doublette enchaînée « Reeking Filth Of Ages » / « Primitive Doctrines Crushed » qui outre appliquer le classique grand-écart entre accélérations et ralentissements pachydermiques, va aussi miser sur une facette néanmoins plus basée sur la vitesse sans qu’elle soit trop prédominante... histoire d’offrir un rendu assez équilibré.

Et puis à partir de l’excellent « Mauled By Unseen Atrocities » les choses vont aller encore plus à l’équilibre après un démarrage à la montée en puissance progressive (qui n’est pas sans rappeler le « Black Magic » de SLAYER) et qui va voir le mid-tempo apparaître de façon plus prononcée, et qui va donner l’envie de secouer la tête comme il se doit. Si l’on peut regretter que celui-ci se fasse trop rare sur l’ensemble des compositions en revanche cela ne nuit pas au rendu global comme sur celle-ci qui est équilibrée au possible et possède un headbanging contagieux... comme on pourra aussi le constater sur le très bon « Among The Suffering Souls ». Celui-ci étant du même acabit nous sert de bonne piqûre de rappel sur la variété des forces en présence, tout ça avant que cela ne se termine sur le long « The Dead’s Deafening Silence » inquiétant et suffocant par son bridage généralisé. Durant pratiquement dix minutes on va avoir droit à un sentiment d’isolement intégral (aidé notamment par ce démarrage aux ambiances désertiques et venteuses où quelques arpèges froids en reverb’ se font entendre) à la pression impressionnante, et où l’on a la tête prise en étau dans un océan ténébreux sans repères ni espoir. Heureusement pour éviter toute lassitude cela se clôt par une explosion finale orageuse, venant à rappeler que même si l’entité sait jouer de tout rythmiquement elle excelle dans cette propension à annihiler toute forme de désagrément par sa véhémence au niveau de la rapidité et de ses riffs affûtés.

Du coup on n’aura rien à reprocher ou presque à ce « The Continuous Nothing » qui se place parmi les meilleures réalisations du style de ce premier semestre pourtant hyper concurrentiel et qui a tout ce qu’il faut pour lancer définitivement ses auteurs, ce qui serait totalement mérité. Rien de neuf ou d’innovant ici c’est évident mais un hommage sincère à une époque dorée qui ne cesse d’inspirer encore à l’heure actuelle, chose à laquelle on a droit ici et de très belle façon même si ça manque vraiment d’une plage qui se dégage et se démarque de la masse informe enregistrée ici. Néanmoins il y a tout ce qu’il faut pour qu’on y revienne régulièrement et avec un plaisir non-dissimulé pour prendre sa bonne baffe d’éclairs et de tonnerre qui gronde à l’horizon, et qui annonce la fessée qui va suivre qu’on redemandera de façon récurrente. Comme quoi une fois encore la nation toute en longueur et des Andes mystérieuses a toujours de quoi nous surprendre et nous étonner, confirmant que les dieux anciens lui ont donné l’occasion de faire parler d’elle en dehors de ces clichés qui lui collent à la peau. Et vu comment l’activité musicale extrême est puissante là-bas il fait peu de doutes qu’on aura d’ici peu de nouveaux rejetons toujours aussi brutaux, et dont la qualité générale sera appréciée à travers le monde aussi bien par des labels pointus que du côté du public toujours exigeant et en quête de nouveautés implacables.

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Coffin Curse
Death Metal
2024 - Memento Mori
notes
Chroniqueur : 7.5/10
Lecteurs : (1)  8/10
Webzines :   -

plus d'infos sur
Coffin Curse
Coffin Curse
Death Metal - 2012 - Chili
  

tracklist
01.   Thin The Herd
02.   Bacchanal Of The Mortal
03.   Deceased Races
04.   Reeking Filth Of Ages
05.   Primitive Doctrines Crushed
06.   Mauled By Unseen Atrocities
07.   Among The Suffering Souls
08.   The Dead's Deafening Silence

Durée : 43 minutes

line up
parution
22 Avril 2024

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