Si
« You’ll Never See » est probablement l’album qui a catapulté
GRAVE comme l’un des grands espoirs de la scène
death metal européenne, il ne faudrait pas oublier qu’avant cela il y eut «
Into the Grave », soit la genèse du mythe. Et comme la carrière est ensuite plus ou moins partie en couilles avec les peu fréquentables (mais nous y reviendrons) «
Souless » puis surtout «
Hating Life », autant repartir de zéro pour s’intéresser aux prolégomènes de l’œuvre.
En 1991, le mélodique n’a pas encore gangréné la scène suédoise, il n’existait tout simplement pas, et notre quatuor se pointe donc avec un style aussi radical que l’époque le permettait, proche des premiers
DISMEMBER ou
ENTOMBED, voisinage national oblige. Les musiciens ont amplement eu le temps de fourbir leurs armes : entre 1988 et 1991 ce ne sont pas moins de six démos, deux splits et un single qui verront le jour, l’histoire retenant surtout cette participation à «
In the Eyes of Death » aux côtés d’
UNLEASHED, d’
ASPHYX, de
TIAMAT ainsi que de
LOUDBLAST, sortie évidemment devenue culte au regard de ce que deviendront chacune des formations.
Tout cela pour dire que lorsque
GRAVE se pointe avec ses onze compositions enregistrées à l’habituel
Sunlight Studio de Stockholm, ce n’est déjà plus un groupe de débutants. Le style a muri, comprendre que la décomposition a fait son office et que l’on se bouffe donc tout du long les fluides nauséabonds d’une charogne putréfiée. C’est vrai qu’à la différence de ses comparses, le style est moins engageant : pas vraiment de titre phare (on ne parlera pas de
single à ce stade de la compétition), pas de
gimmick réellement marquant, juste du
death mid-tempo ultra épais, en apnée permanente, où même les rares solos ne parviennent pas à apporter la moindre mélodie. Et c’est peut-être pour cela que
GRAVE n’a jamais réellement décollé, trop « bas du front », trop obscur, plein de
groove certes mais peut-être manquait-il une personnalité marquante, un
Matti Kärki, un
Lars-Göran Petrov, pour réellement percer et sortir de l’ornière. Le potentiel était pourtant là et, à bien y regarder, je pense que
GRAVE reste l’une de mes formations suédoises préférées de l’époque, d’autant qu’à la différence de ses compatriotes, je suis amateur d’à peu près toutes les périodes. Trop brutal ? Trop extrême ? Trop simpliste ? Autant ce disque est aujourd’hui largement audible, autant je peux concevoir qu’au moment de sa parution il a fait chier dans son froc un bon paquet de monde.
Mais est-il vraiment bien ce «
Into the Grave » ? Bah d’après toi ! Evidemment qu’il pèse un maximum et qu’il fait partie des piliers fondateurs d’un son et d’une scène ! «
You’ll Never See » bénéficiera certes d’une production plus adaptée et davantage dans l’air du temps mais la personnalité profonde de la formation, elle est là, dans ce miasme originel, cette purée de pois qu’elle nous a offerte, avec ces musiciens d’à peine vingt ans qui ne se rendent alors pas compte qu’ils sont en train d’écrire l’histoire. Certes, il s’agit là d’un travail de besogneux à qui il manque probablement une once de génie pour réellement faire de cette sortie un objet dantesque mais, à l’heure où le nombre de formations se pignolant le salsifis sur la vielle école explose, il est plus que de bon ton de rappeler que tout avait déjà été dit il y a déjà plus de trente ans et que même si certains groupes actuels sont bons, ils ne font que sucer les sucs de vieux cadavres.
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