Il ne faudra pas se fier aux allures de joyeux déconneurs des musiciens sur la photo promotionnelle, plutôt à ce logo obscur en filaments de clémentine. Oui,
BRAANDHOLT pratique le
black metal, officiellement depuis 2006 mais ce n’est que cette année que le trio nous propose quelque chose à se mettre sous la dent via «
Einder », un beau LP de neuf titres pour quarante-cinq minutes de musique.
Un regard sur la pochette, histoire de se familiariser avec l’objet, nous sommes face à du très classique : brouillard, montagnes, forêts en hiver, grisaille, la graphie bien en évidence surplombant ce paysage fantomatique, point d’originalité mais tout de même une certaine grandeur qui se dessine, l’écoute confirmant rapidement la cohérence du fond et de la forme. En effet, comme une telle peinture le laissait à penser, le
black des Néerlandais sera froid, vif, sobre, assez guerrier à l’image du très bon « Uitzichtloos » mais, globalement, de l’ensemble des compositions. J’apprécie notamment tout particulièrement le fait que la formule trio soit ici pleinement respectée, sans surcouches de guitares, sans instrumentations ronflantes, les mecs expectorent telle quelle leur rage, cette vision d’une nature glacée qui anime chaque instant, souvent au travers de longs passages purement instrumentaux. Ainsi, le style se rapprochera assurément de l’école norvégienne, je pense principalement à
IMMORTAL bien sûr,
KAMPFAR, parfois au vieux
EMPEROR (« Weggevaagd ») sans l’emphase des claviers, soit un genre épique que j’affectionne particulièrement.
Comme l’album ne propose cependant que peu de variations, que ce soit dans les rythmes ou les sonorités, il pourrait y avoir une certaine monotonie qui s’installerait au fil de l’écoute, le tempo étant quasiment toujours le même de « Furieuze Luchten » à l’instrumental « Einder » qui clôture les débats mais c’est peut-être cette forme de constance qui confère à la sortie son charme, son attractivité, et qui en fait une fort honorable pièce de
black metal furieux qui, par je ne sais quel mécanisme de pensée, me renvoie au roman « Paul et Virginie » de Bernardin de Saint-Pierre. Non pas pour le thème des sentiments amoureux, plutôt pour la représentation que fait
BRAANDHOLT de la nature, pure, vierge de souillures humaines, les musiciens parvenant grâce à l’intensité déployée à immerger l’auditeur dans un espace figé dans la glace qui ne serait plus soumis au temps, une parenthèse contemplative au milieu d’arbres centenaires.
Je noterais également la qualité des vocaux de
Grel, également batteur, tout en croassements obscurs. Le choix d’une production claire les met bien en avant, de même que la concision des riffs, leur épure, le trio n’étant pas en recherche de démonstration mais focalisé sur une expression que je qualifierais de pastorale, aussi sombre soit-elle. Ainsi, de titres en titres, l’auditeur égaré se surprendra à renouer avec ce
black metal dit de la seconde vague, propre, carré, dogmatique et annonciateur de très belles choses pour la suite.
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