Infatigable depuis sa conception. Aussi régulier que ton avis d'imposition. C'est donc très logiquement qu'Esoctrilihum gratifie les auditeurs, son écurie de toujours I, Voidhanger Records et l'année 2021 d'un nouvel album - son sixième en cinq ans.
"Mais que quelqu'un arrête ce type !", semblé-je entendre du fond de la salle... Même si cette hyperactivité, qui confine à la psychiatrie, en laisse toujours bon nombre sur le carreau, force est de reconnaître qu'Asthâghul est loin d'enchaîner les bouses. Il est bon, le bougre ! Inégal, certes, mais diablement bon. Au-delà de cette intriguante mythologie qu'il développe sur ses pochettes et au fil de ses titres, au-delà même de son Black Metal qui n'a jamais peur de sortir des sentiers battus, Esoctrilihum peut se vanter de n'avoir jamais rien sorti de véritablement mauvais.
Je l'admets, il faut toujours un peu s'accrocher au rail de sécurité, tant ses méfaits sont longs et monolithiques. Mais l'auditeur attentif (et surtout patient) s'en retrouve gratifié : Oui, je crois que l'on peut qualifier Esoctrilihum, et tout ce que ce nom énigmatique englobe, de groupe
véritablement unique. Que nous réserve donc ce
"Dy'th Requiem For The Serpent Telepath" ? Alan Brown a raccroché les pinceaux, laissant sa place de choix à
Dhomth, toujours aussi surréaliste, mais qui vient apporter une teinte beaucoup plus inquiétante à l'objet - comme toujours, superbe.
"Dy'th Requiem For The Serpent Telepath" est peut-être bien la sortie d'Esoctrilihum la plus symptomatique de ce syndrome du
"trop", dont le projet souffre depuis sa création. Trop long (une heure dix-sept), trop ambitieux, trop plein, trop tout. Un patchwork d'idées tour à tour excellentes (le démarrage particulièrement sentencieux de "Ezkikur") et franchement bancales (les cordes mal accordées qui enchaînent sur "Salhn"), qu'Asthâghul semble avoir fait rentrer de force à grands coup de pied dans un disque déjà plein à craquer. Pour être complètement honnête, l'écoute intégrale en devient éreintante, l'inégalité des compositions ou le divin côtoie l'infernal faisant, immanquablement, traîner les pieds pour y retourner. Dommage, vu les tours de magie que notre Houdini en corpse-paint peut dévoiler. Quelques réveils un peu vifs font relever le nez : entre deux compositions atmosphériques, le gus n'hésite jamais à envoyer la sauce avec des
blast-beats qui tapissent littéralement le mix, rejoints par une cacophonie de claviers ("Tyurh"). Mieux que rien, mais bon... La répétition abrutissante de la plupart des motifs mélodiques sert certes fort bien le propos (et la pochette qui les renferment), mais n'aide en rien ce sentiment de lassitude à disparaître. Plus que les images mentales que l'album évoque, c'est sur la trotteuse que notre regard se fige :
"Dis, on est presque arrivés ?"
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : cette dernière livraison reste de très bonne facture. Complètement à l'écart du reste de la scène, Esoctrilihum continue de tracer sa route, dans sa propre dimension. Toujours aussi gourmand pour les effets pompiers (le trop-plein de synthé sur "Eginbaal", l'interlude From Software du pauvre "Craânag"), et, malheureusement... Toujours sans surprise. Car oui,
"Dy'th Requiem For The Serpent Telepath" reste dans le sillon des sorties précédentes. Production identique, effets similaires, même ficelles usées... Un comble pour un projet aussi singulier. Malgré des instants de grâce absolue, dispersés çà et là au sein de compositions étirées à l'extrême, cette dernière fournée, que j'attendais sans grande conviction, m'aura laissé relativement tiède. Esoctrilihum gagnerait, sans aucun doute, à jouer de concision - parce que là, clairement, c'est bien d'être généreux, mais le spectre de l'étouffe-chrétien plane tout au long de cette heure et quart. Bref, rendez-vous à l'année prochaine !
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