Morgue Breath - Plaga Sin Rostro
Chronique
Morgue Breath Plaga Sin Rostro
"Peste sans visage", hein ? C'est pourtant une brochette de têtes connues qui se cache derrière Morgue Breath...
Ivan Naranjo (Malpractice Insurance, Radiation Vomit, The Men's Toilet...), porteur de projet (comme disent les mecs de droite) à la guitare et au chant, Emi Tamura (Shitbrains) à la basse et au chant, et l'infatigable Isaac Horne (Sulfuric Cautery, Lurid Panacea, Murderman, Desairologie pour ne citer que les plus notables de sa vingtaine de projets) derrière les fûts. Apportez-moi un bavoir, s'il-vous-plaît. Que de numéros 10 dans cette team, portant à bout de bras et de riffs "Plaga Sin Rostro", second album très attendu après un "Expectoraciones exequiales desde las profundidades fantamiasmáticas" qui n'avait pas déçu.
Avis aux amateurs de Death/Grind qui patauge dans la tripaille, cette deuxième fournée est un mets de choix. Une assiette cinq étoiles au Michelin de l'horreur. Affublé d'une superbe pochette de Pierre de Palmas/Plasma (Blue Holocaust et l'extraordinaire Vomi Noir), décliné en cassette (chez Blast Addict), en LP et en CD (chez les Polonais de Behind the Mountain), "Plaga Sin Rostro" mérite amplement son macaron "Album Grindcore de l'année" - et la concurrence était rude. Mais j'y viens.
"Je suis un régurgitateur souterrain", "Dévorer le spectre tumoral", "Pénitence cryonique pour gestation pestilentielle", "Possession suppurante"... Le programme est suffisamment clair pour savoir où le disque met les pieds : d'abord dans les Pataugas, puis en pleine gueule. Non pas trois coups de balai, mais quatre coups de caisse claire marquent le coup d'envoi : vingt-six minutes de carnage sans mi-temps... Ou presque.
(Très) influencé par l'historique scène Grindcore du vieux continent, Morgue Breath l'est, et ne s'en est jamais caché. "Plaga Sin Rostro" est un concentré des plus belles heures de General Surgery, Dead Infection, Pulmonary Fibrosis et autres germes de pourriture. De l'ancien dopé à l'EPO, la faute à Isaac Horne - l'on connaissait son invraisemblable vélocité chez Sulfuric Cautery, il dévoile ici toute l'étendue de son talent, disséminant blast beats chirurgicaux et D-Beats croûteux pour soutenir les riffs furieux d'Ivan, entre carpet bombing (l'attentat "Devorando el espectro tumoral" et le casseur de nuques "Mortificación fungaempiémico") et leads sulfuriques empruntés directement à Carcass (la doublette "Enmohecido" / "Abismo de ácido" ou "Osario"). La production est absolument parfaite, évitant le piège évident de la caisse claire couscoussière et du rendu brouillon sur les riffs, pour ne rien gâcher à l'ensemble. C'est cracra comme le veut le style (cette basse qui crachote !), tout en restant audible - "Plaga Sin Rostro", pourtant mené tambour battant, saura ainsi plaire aussi bien aux amateurs de Death Metal qu'aux férus de Grindcore. Préparez vos tympans, condamnés à être dilatés par des kilomètres de riffs monstrueux, écrasés par du blast au quintal. Oui, c'est un supplice. Oui, on en redemande.
En fait, je ne trouve qu'une seule chose à redire sur ce quasi-sans faute : l'avant-dernier titre, "Ulceramente gurgitando la unción repugnante", le fameux "titre mid-tempo syndical de tout album de Death/Grind qui se respecte", petite panne d'un disque qui, jusqu'alors, la tenait droite et bien dure. En faisant le choix d'un mid-tempo un poil bancal sur sa première moitié, puis se perdant dans des errances à base de samples et d'un vieil orgue faussement sentencieux sur sa seconde moitié, ces trois minutes et demi me paraissent un peu longuettes... Du chipotage ? J'en conviens, ce n'est pas vraiment une faute de goût. Mais bon, les seize autres titres de l'opus sont d'un tel niveau, tant dans le feeling que dans l'exécution, que ce léger travers fait tâche d'huile - ou de sang séché, au risque de friser l'overdose de fluides corporels.
Bref, pas grand chose à ajouter, la mention "Album Grindcore de l'année" ayant déjà été couchée au début de ce papier. Morgue Breath est la synthèse parfaite du pedigree de ses trois membres. "Plaga Sin Rostro" fait du neuf avec du vieux, et le fait (très) bien - en même temps, quand on conjugue une exécution redoutable avec un amour sans bornes pour le genre tout entier, difficile de sonner faux. A écouter d'urgence.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo