Risqué, comme tout retour d’une formation qui a marqué de son empreinte une époque, une génération. Attendu, comme tout retour d’une formation qui a marqué de son empreinte une époque, une génération. Il faut dire qu’entre 2003 et 2007, les Parisiens de
THE OLD DEAD TREE ont sorti trois bijoux (en toute subjectivité) de
dark death gothic metal dont le style me semble aujourd’hui toujours aussi original et atypique, ne trouvant guère son équivalent stylistique même en lorgnant sur les pointures internationales généralement nommées en références :
KATATONIA,
PARADISE LOST. «
The Nameless Disease » (2003), jeunesse sombre au tempérament ombrageux,
« The Perpetual Motion » (2005), crise existentielle tiraillée entre pulsion et raison, «
The Water Fields » (2007) pour la maturité apaisée, nombreux sont ceux qui pensaient que l’aventure en resterait là. Pourtant, en 2019, l’EP «
The End » voit le jour, cette fin devant finalement plutôt être lue comme une clôture du passé puisque depuis 2023 plusieurs
singles nous préparaient à ce «
Second Thoughts », énormément demandé par la
fan base dont je fais effectivement partie.
Cet album est le plus long de la discographie, cela se joue à peu (quelques minutes) mais c’est déjà un signe : les musiciens ont beaucoup à dire. Ils ont également pu s’appuyer sur quelques amis pour jouer les
guests de luxe :
T.C. de
REGARDE LES HOMMES TOMBER,
Ludovic Loez de
S.U.P ou encore
Raphaël Verguin du trop méconnu
PSYGNOSIS, chacun amenant ses couleurs, vocales ou instrumentales, à un disque hélas un peu trop monochrome. Enfin, la pochette, l’une des plus belles du groupe (merci
Henri Lejeune), tout met l’eau à la bouche au moment de lancer l’écoute. Nous espérons du grandiose, de la beauté à l’état pur, des éclats d’or vaporisés sur un visage de défunte, et nous l’avons. Un peu. Parfois. Pas tout le temps. Par intermittence. Avec parcimonie. Quelques passages gemmés au milieu de minéraux que je peine à devoir qualifier de plus quelconque, trop marqués stylistiquement parlant voire trop anecdotiques. Ou alors peut-être est-ce moi qui aie (mal) vieilli ? Peut-être que le parfum des fleurs fânées n’éveille plus en mon âme les mêmes sentiments de langueurs automnales qu’au temps jadis… Le souci, c’est que j’ai l’impression de passer beaucoup de temps à établir des parallèles au lieu de simplement écouter l’album. Par exemple, les premières notes de « Unpredictable », c’est la version d’« Astronomy Domine » par
VOIVOD non ? Et dans « Better of Dead », c’est ce putain de
Jeff Buckley qui s’invite à la table de
MUSE non ? Et le pont vocal à la fin de « Luke », c’est du
QUEEN non ? Et les quelques vocaux
black metal qui traversent le LP (« The Lightest Straw » par exemple), c’est issu de la modernité française non ? Et « Fresh Start », c’est un croisement entre
DEPECHE MODE et le
PARADISE LOST de
« Host » non ? Même si j’adore tout ce que je viens de citer, cela ne ressemble pas exactement au
THE OLD DEAD TREE que j’ai connu, à celui que j’appelais de mes vœux, il y a comme une partie de son
mojo qui s’est perdu en chemin. Non ?
Evidemment, le chant clair reste sublime, je retrouve dans ces vocalises des esquisses de magie, ce sens si unique de la mélodie (parfois même trop mélodique, pour ne pas dire franchement
pop), ou encore des vapeurs du passé sur les sursauts un peu
punk émotif à la « I Whish I Could » ou encore l’excellent « Story of My Life », les meilleurs titres à mon goût. Mais il y a également des chansons plus dispensables, comme ce triste « OK », des lignes qu’on a déjà entendues maintes fois chez le vieil arbre (« Without a Second Thought ») : gage de continuité fervente, signe d’essoufflement précoce ? Pour ne pas être influencé, je ne suis pas allé lire les chroniques des confrères mais, étrangement, je serais pourtant en mesure de défendre un avis tout comme son contraire.
D’un côté, «
Second Thoughts », du fait de la présence accrue de vocaux rageurs et d’un retour à une certaine simplicité, se présente comme une suite logique de «
The Nameless Disease ». À ce titre, il ne déçoit pas car, comme son prédécesseur, il comporte ses temps forts (certaines mélodies sont particulièrement touchantes, empreintes de sensibilité) et ses instants de faiblesse, eux-mêmes faisant en définitive partie du charme de
THE OLD DEAD TREEE, quoi qu’on en pense. Autrement dit, l’album efface les décennies d’absence et entre dans la pièce comme si rien ne s’était passé depuis. Cela me plaît, énormément.
D’un autre, je ne retrouve pas dans ce quatrième LP un seul titre qui me rende amoureux transi du début à la fin. En effet, même les compositions que je préfère contiennent toutes un passage plus faible, une mièvrerie de trop, un riff simpliste, une sensiblerie appuyée et ce principe de variations de pics d’intensité me fait d’autant plus penser à «
Showbiz » : quelques titres à placer au panthéon (« Sunburn » ; « Muscle Museum » ; « Showbiz ») et d’autres dont on se lasse rapidement, sauf qu’à la différence d’un
MUSE, je n’entends aucun « vrai » single potentiel dans cette sortie : une chanson qui te foutrait la gaule olympique tout en te tirant les larmes, une chanson qui ne te sortirait pas de la caboche, syndrome
PLACEBO, syndrome
OASIS, syndrome
pop anglaise de façon globale car, pour moi, les Parisiens sont surtout des mélodistes avant d’être des métalleux et, en cela, je les trouve bien plus proches des univers
pop rock certes un peu musclés (salut Framboisier !) que basiquement
metal. Et cela me va très bien ! J’adore plein de formations hyper mélodiques qui n’ont rien de commun avec la brutalité quotidienne mais le défaut principal que je ne note c’est cette faille, cette impossibilité absente jusqu’alors à écrire un titre qui soit magique de bout en bout. Ces musiciens l’ont déjà fait par le passé, je ne doute pas qu’ils recommenceront mais là, je reste au bord de l’orgasme, trop impliqué dans l’acte pour me retirer mais insuffisamment excité pour chanter La Traviata au moment d’ensemencer les berges.
Pourtant, il y a tout un passage purement rythmique dans « The trap » qui est excellent, il y a des fulgurances tragiques, encore et toujours la voix inimitable de
Manuel Munoz, du
spleen par hectolitres (« Solastalgia ») mais je reste à la porte de la perception. Je toque et elle ne s’ouvre pas. J’ai une invitation pourtant, je connais les codes, le chemin parcouru et celui restant à parcourir mais rien n’y fait, écoute après écoute j’aboutis à la même conclusion : ce retour est bon, il serait survenu en 2009 je n’y aurais rien trouvé à redire, alors que telles des illusions perdues ces titres arrivent quinze ans trop tard, l’espoir et la mythification ayant bâti une attente que la réalité s’avère incapable de combler. Ce n’est pas grave, maintenant que nous sommes redescendus sur Terre, nous sommes enfin prêts pour la suite.
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