Rares sont les groupes qui ne déçoivent pas après une série de plusieurs (bons) albums. Paradise Lost n'en fait pas partie. D'une régularité à toute épreuve depuis l'éponyme de 2005 qui a remis le groupe sur les rails, les Britanniques illuminent une nouvelle fois nos platines après les déjà flamboyants
"Faith Divides Us - Death Unites Us" et
"In Requiem".
Sans réelle surprise, le groupe reprend la recette qui a fait son succès ces dernières années: des refrains travaillés et mélancoliques sans tomber dans le larmoyant, des mélodies simples mais délicates, et des riffs noirs et frigorifiants, qui semblent pouvoir obscurcir un beau ciel bleu d'été. Il suffit que "Solitary One" se mette en branle pour que les premiers nuages fassent leur apparition: un énorme spécimen noirâtre pointe à l'horizon, c'est la guitare rythmique d'Aaron Aedy qui ouvre le bal avec un accordage plus bas que terre. Plus vicieux encore, voilà que la lead guitare de Greg Mackintosh prend forme, celle d'un cumulus moins imposant mais beaucoup plus vicieux: du genre qui semble inoffensif, mais se met brusquement à lâcher des trombes de grêles sur ce qui a le malheur de se trouver en dessous. Et voilà la foudre qui débarque, Nick Holmes aux commandes je vous prie, pour électriser un peu plus l'ambiance en déclamant d'un chant éraillé des paroles à ce point vicieuses que je ne serai pas étonné de les voir un jour parmi les derniers mots d'un candidat au suicide ayant perdu le combat contre la dépression.
Electrique, plombé, acéré, c'est ainsi que résonne ce "Tragic Idol", qui fait la part belle aux guitares après un
"Faith Divides Us - Death Unites Us" qui empruntait lui une orientation plus orchestrale. Le trait de génie, l'éclair de génie, disons le génie tout court, de cette messe noire faite musique, est et reste ce satané Greg Mackintosh, qui tantôt illumine tantôt assombrit chacune des 10 compositions. Vous avez tous déjà frayé avec ces groupes amateurs où le guitariste soliste ne peut s'empêcher d'intervenir toutes les 30 secondes histoire de rappeler qu'il existe; imaginez maintenant le même soliste, avec 20 ans de carrière derrière lui, un son de lead cristallin, et l'intelligence d'être à la fois omniprésent et suffisamment subtil pour n'être qu'à la fois accompagnateur et guide des mélodies. C'est réellement cette sensation d'une finesse absolue qui ressort du jeu de Mackintosh, et ce depuis la création du groupe: en arrière plan ou sur le devant de la scène, ses solis, ses micro interventions ou ses accompagnements mineurs sont autant de moments de bravoure de compositions qui tiennent déjà le haut du pavé. Prenons au hasard (ou pas) ce moment de grâce de "Crucify" à 2mn35, où le titre semble retenir son souffle avant d'exploser sur une mélodie lancinante et inattendue, qui reste en place en background pendant que Nick Holmes hurle aux cieux et aux enfers ce "Crucify" déchirant.. ou cette autre mélodie persistante d'"Honesty In Death" qui accompagne de la première à la dernière seconde l'ensemble ou presque du titre.
Et n'allez pas croire que Paradise Lost ne sait pas durcir le ton quand nécessaire: "Theories from Another World", ou la preuve qu'un groupe de Métal gothique peut jouer de la double pédale tout en restant crédible, surtout quand le batteur s'appelle Adrian Erlandsson et qu'il a joué dans At The Gates ou..hem...Cradle of Filth. Que dire également de "To The Darkness", un autre morceau de bravoure à ajouter au panthéon des meilleurs compos du groupe, avec une rythmique entraînante qui s'accoquine vite avec le génie une fois le refrain atteint (des frissons garantis une fois le duo Holmes / Mackintosh lancé), pour mieux surprendre à mi-parcours en sombrant complètement dans le doom à 2m17: clin d'oeil à Celtic Frost ou autoparodie des jeunes années de Paradise Lost, en tout cas le virage est surprenant mais parfaitement négocié.
Dans ce concert de louanges, seul "Worth Fighting For" ne trouve pas grâce à mes yeux, la faute à un rythme lancinant auquel je suis moins sensible et à une erreur de positionnement du titre dans une tracklist sinon homogène car l'excellent "The Glorious End" (réminiscences d'un
"Draconian Times"...) éblouit son prédécesseur par son éclatante qualité de titre de clôture.
Une nouvelle fois, Paradise Lost rappelle qu'il est le roi incontesté d'un style qui a après tout inventé selon certains
("Gothic" sera chroniqué ici un jour, soyez en assurés). A l'heure où Katatonia semble se contenter de faire des copies carbones d'un album à l'autre, et sans vouloir mettre les deux groupes en concurrence, fort est de constater que la palme de l'album qui met la larme à l'oeil sera plutôt à chercher du côté d'une Tamise perdue dans le brouillard que dans une forêt Suédoise...
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