Chaque année est marquée par le retour de Grands Anciens. 2009 aura ainsi été l'année du retour de Megadeth, Slayer, Hypocrisy et autres Katatonia, Brutal Truth… parmi ces illustres noms, il conviendra désormais d'y rajouter le magistral come back des Anglais de Paradise Lost, dont le nouvel opus va marquer de son empreinte la fin de l'année 2009.
Sans plus attendre, je peux vous le dire : à mes yeux « Faith Divides Us, Death Unites Us » est l'un de ces albums qui deviennent dès leur sortie des pierres angulaires d'un style, d'un genre, d'une discographie. Celle des Anglais avait déjà son lot de pépites, parmi lesquels les fans, selon les tendances de chacun, porteront aux nues
« Draconian Times »,
« Icon »,
« Gothic » ou bien encore
« One Second » (voire
« Host » pour les plus téméraires, dont je fais parti). Il faudra désormais compter aux rangs de celles-ci le 11e album du groupe, qui fait ressortir tout ce que les Anglais ont de mieux à offrir : un Métal obscur et décadent, porteur d'une mélancolie, d'une beauté sombre simplement jouissive.
L'on sait que les Anglais sont passés au cours de leur longue carrière par une infidélité de 2 albums aux sonorités 100% métalliques, et que le virage amorcé vers des sonorités plus dures dès
« Believe In Nothing » avait redonné des couleurs aux fans les moins tolérants, jusqu'aux récents succès critiques que furent l'album éponyme et surtout
« In Requiem ». « Faith Divides Us… » enfonce le clou, assumant fièrement son retour franc et sincère vers un « Métal à guitares » qui avait fait le succès du groupe dès
« Icon ». On ne peut que féliciter Gregor Mackintosh, orfèvre accompli des mélodies de la 6 cordes, pour avoir une fois de plus été inspiré par les Muses et en avoir accouché de ces 11 titres aussi délicats que subtils à l'écoute. Rarement Paradise Lost n'avait sonné à la fois aussi agressif et mélodique, aussi inspiré et porteur d'une ambiance semblable à nul autre. Je fais une parenthèse à ce sujet sur l'artwork du digibook que je vous invite fortement à acquérir : cette fresque mortuaire et les photos du livret mettent d'emblée dans l'ambiance voulue par le groupe, et c'est un réel plaisir que de parcourir les paroles, imprimés sur ce papier si particulier qui avait déjà été utilisé pour le digibook du dernier Amon Amarth.
Que vous ayez ou non le digibook entre vos mains tremblantes au moment d'entamer votre session d'écoute de « Faith Divides Us »… vous ne pourrez passer au travers de la puissance qu'on ressent au démarrage d' « Horizon's End ». Condensé des morceaux à venir, ce titre d'ouverture est une parfaite mise en bouche, résumant en quelques grandes lignes la teneur de l'album : riffs lourds, on ne peut plus « heavy » ; mélodies sibyllines, aériennes, souvent en accompagnement des refrains ; des percussions aussi efficaces que subtilement complexes (malgré qu'il ne soit qu'au statut de batteur de session, Peter Damin a accompli un travail remarquable) ; et en véritable chef d'orchestre de l'ensemble, le chant de l'ancien grognard Nick Holmes. Oublié sa période bûcheron des forets, avec ce ton si vindicatif qu'on avait appris à chérir dès
« Icon », sa métamorphose est complète en chanteur accompli, aussi à l'aise dans le registre chanté, calme et posé d'un couplet de « Last Regret » ; que dans la menace d'un éblouissant « I Remain » (est-ce encore Paradise Lost qui joue ? quel morceau énergique pour le groupe !) ou « The Rise of Denial ». Il mène à la baguette chacun des morceaux, n'intervenant que quand nécessaire, et l'osmose des parties chantées et instrumentales (où Mackintosh reprend le leadership pour un lead magnifique ou un simple break aussi délicat que magique) est parfaite : les guitares ont un espace suffisamment large pour s'exprimer, sans pour autant que l'on oublie le chant qui prédomine toujours.
Ayant déjà cité quelques titres ici et là, je me vois bien obligé de vous parler davantage des quelques titres d'exception se dégageant de l'ensemble : « I Remain », « The Rise of Denial », « Universal Dream » (« Once Solemn » bis ?), la surprenante rythmique de « Living With Scars » ou le tremolo picking de « Frailty » : voilà les titres les plus énervés de l'ensemble, je le répète vraiment surprenant pour du Paradise Lost, même si quelques titres d'
« In Requiem » avaient déjà montrés une volonté de durcir nettement le ton depuis le passage à l'an 2000 et les albums associés. En face, du coté des lopettes, il faut bien reconnaître que « Fatih Divides Us, Death Unites Us » (et son clip saisissant) et « Last Regret » sont les titres les plus mélodiques et calmes de l'album, avec pour chacun une accroche particulière sur les refrains : autrement dit, ce sont ceux que vous retiendrez à la première écoute et qui vous resteront d'office en tête, étant aussi magnifique que différent du reste.
On pourrait conclure cette chronique sur beaucoup de choses, mais je n'en retiendrais qu'une : Paradise Lost a parfaitement réussi sa mue en direction des sonorités de la seconde décade du XXIe siècle, tout en gardant intact son style de prédilection et sa qualité de composition. « Faith Divides Us, Death Unites Us » est un album parfaitement ancré dans son époque, capable de plaire aux néophytes comme aux grognards fans de la première heure, et qui possède une puissance et une énergie étonnante pour du Paradise Lost, sans pour autant, et c'est là qu'est le miracle, dénaturer aucunement la douce mélancolie qui s'empare d'un auditeur à chaque nouvel album du groupe. A mes yeux donc, une vraie réussite et un come back réussi, et rien d'autre.
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