Chronique
Glare Sunset Funeral
Qu’y a-t-il de plus approprié à l’aube de cette nouvelle rentrée qu’évoquer la fin de l’été, de ses chaudes nuits agitées et de ses espoirs et autres promesses lancées à soi-même comme autant de défis à réaliser que la chronique d’un album de Shoegaze moderne (comprendre mâtiné d’influences Post-Hardcore et/ou Alternative Rock) ? Probablement pas grand chose dans la mesure où le genre a toujours été empreint d’une certaine langueur. Une mélancolie douce et rêveuse qui colle en effet assez bien avec la fin de cette période estivale généralement propice à une plus grande liberté, aux expériences nouvelles et aux rencontres heureuses et marquantes... Bref, pour ce retour aux affaires après trois semaines de congés bien mérités, je décide effectivement de la jouer relativement tranquille.
Originaire de la région de Rio Grande Valley située au sud du Texas, Glare voit le jour en 2017 et suit un parcours tout ce qu’il y a de plus classique pour un groupe de son époque avec en premier lieu la sortie d’une série de EPs et autres modestes singles effectuée notamment sous les couleurs du label Sunday Drive Records. Après plusieurs années d’atermoiements, les Texans se sont finalement décidés à passer la seconde avec la parution en avril dernier de leur tout premier album. Un disque intitulé Sunset Funeral (comme un clin d’oeil à ce que j’évoquais dans le paragraphe précédent) paru une fois de plus chez Sunday Drive Records en collaboration cette fois-ci avec Deathwish Inc., label que l’on ne présente plus et qui n’a probablement pas manqué de flairer lui aussi le potentiel chez Glare.
Enregistré et mixé par Phillip Odom dans les studios Bad Wolf Recordings (Ceremony, Portrayal Of Guilt...) et mastérisé par un certain Will Yip bien connu des amateurs de Hardcore, de Punk et d’Indie (Pop) Rock (Angel Du$t, Blacklisted, Nothing, Superheaven, Title Fight, La Dispute...), Sunset Funeral ne fait grâce à sa production aucun mystère de sa condition. De ces guitares façon "wall of sound" à ces voix lointaines, diffuses et vaporeuses en passant par ces mélodies éthérées et mélancoliques, le doute n’est effectivement pas permis. De fait, même si le groupe et les quelques biographies que l’on peut trouver un petit peu partout sur Internet évoquent l’influences de formations telles que Slowdive, Cocteau Twins et Drop Nineteens, impossible de ne pas associer Glare à cette vague encore relativement récente de formations ayant décidé d’aborder le genre par le prisme d’une musique un tantinet plus lourde et agressive (je pense notamment à Narrow Head, Nothing, Slow Crush, Soul Blind, Trauma Ray, Split Chain, Fleshwater et d’autres que j’oublie ou ne connais pas encore...).
Décrite ainsi par ses géniteurs comme une musique destinée à ceux qui ne savent pas comment parler de leurs émotions (ou en anglais dans le texte "for people who don’t know how to talk about how they feel"), la formule déroulée par nos Texans n’est donc fondamentalement pas bien différente de celles des quelques formations évoquées ci-dessus. L’écoute de ce Sunset Funeral révèle cependant assez vite un fort penchant pour les séquences célestes où la pudeur ainsi qu’une certaine retenue semblent de mise. Le rythme y est ainsi tranquille, les ambiances feutrées, cotonneuses et rassurantes, les émotions tangibles et sincères mais néanmoins mesurées et contenues et les guitares mélodiques et surtout entêtantes. Une quiétude réconfortante qui ne sera finalement "contrariée" que par les saturations de guitares se faisant nettement plus abrasives. Un son âpre qui dans l’esprit rappelle celui de formations Alternative Rock / Grunge / Post-Hardcore des années 90 telles que The Smashing Pumpkins, Hum ou Deftones.
Dès lors, même si la musique de Glare n’est d’aucune originalité, le parti-pris de marier aussi habilement passages éthérés, presque oniriques (à ce titre les arrangements dispensés discrètement tout au long de ce premier album ne sont pas à omettre car l’apport de ces nappes synthétiques et autres sonorités y participent grandement) et séquences hyper rugueuses et un poil plus agressives (en dépit d’une certaine douceur vocale et mélodique) qui feront à n’en point douter vibrer la corde sensible de tous les "presque-vieux" ayant été adolescents durant les années 90... Doté qui plus est d’un sens du refrain et de la mélodie capable de faire mouche dès la première écoute, je vous assure que vous aurez bien du mal à ne pas succomber aux charmes abrasifs et célestes de titres tels que "Mourning Haze", "Kiss The Sun", "Saudade", "2 Soon 2 Tell", "Chlorinehouse" ou "Nü Burn" qui figurent en effet sur la liste des compositions les plus imparables de ce premier album mené d’une main de maître.
Alors que le mois de septembre se présente déjà à nous, que les jours raccourcissent à vue d’oeil, que la météo se fait plus capricieuse et les températures plus douces et que l’atmosphère générale est quant à elle propice à une certaine mélancolie (syndrome pré-automnal), Sunset Funeral n’a aucun mal à s’imposer comme l’album concentrant toutes les émotions que l’on peut ressentir à la fin de l’été avant de replonger dans son quotidien rassurant mais peut-être aussi un poil barbant... Alors non, encore une fois, Glare ne va rien révolutionner de la scène Shoegaze avec sa formule mais comme je l’ai déjà dit, les Texans ont le mérite d’aborder les choses à leur manière sans pour autant prendre le parti de tout chambouler. Certes, celui-ci ne parviendra à convaincre que les amateurs des quelques groupes mentionnés dans cette chronique mais l’idée n’est de toute façon certainement pas de plaire à tout le monde. Bref, bonne rentrée à tous !
| | AxGxB 1 Septembre 2025 - 591 lectures |
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