Dans la vie il y a ces groupes chanceux qui parviennent à mener leur carrière sans réelles anicroches et puis il y a les autres qui subissent de manière souvent répétée les mêmes galères. Mortual semble être de cette deuxième catégorie, lui qui enchaine effectivement depuis une dizaine d’années des changements d’effectifs à répétition. Cependant, si cela est généralement pénalisant, notamment lorsqu’il s’agit d’entretenir un semblant de régularité dans ses sorties, cela ne semble pas avoir porté particulièrement préjudice aux Costaricains qui un petit peu moins de deux ans après un excellent EP intitulé
Evil Incarnation, signent comme si de rien n’était leur retour avec la sortie d’un premier album naturellement très attendu.
Fidèle à ses travers, Mortual a donc dû faire face une fois encore à quelques nouveaux départs puisqu’Andrés Esquivel (basse) et Ramses Mora (batterie) ont en effet tous les deux quittés le navire. Si le premier n’a pas encore été remplacé (la basse est ici tenue par messieurs Justin Sánchez Barrantes et Juan Gutiérrez Salas), le second a quant à lui laissé sa place à Daniel Gonzalo Quirós que certains d’entre vous connaissent peut-être déjà pour martyriser ses fûts au sein de Chemicide. C’est donc sous la forme d’un trio que Mortual nous revient cette année avec
Altar Of Brutality, premier jet longue-durée paru au début du mois chez Nuclear Winter Records.
Si pour illustrer leur précédent EP, les Costaricains avaient choisi de piocher dans les travaux de l’artiste anglais Bruce Pennington (Blood Incantation, Inoculation, Solstice, Temple Of Void, Zetar...), ces derniers ont cette fois-ci fait appel aux talents de Marcelo Almeida, musicien et illustrateur brésilien ayant essentiellement collaboré avec des formations sud-américaines de seconde voir de troisième division (Crahda, Off Section, Paradise In Flames, Psykosis, Vermis Mortem…). À l’occasion de cette collaboration, l’artiste livre une oeuvre sobre mais particulièrement réussie qui une fois de plus ne devrait pas manquer d’attirer le regard et mettre ainsi quelques curieux sur le bon chemin.
Forcément très attendu après la branlée administrée par Mortual sur
Evil Incarnation, je dois bien avouer que les premières écoutes d’
Altar Of Brutality n’ont pas été particulièrement concluantes. Un manque d’enthousiasme que je ne parviens pas vraiment à expliquer mais qui, fort heureusement, a fini par complètement disparaître après quelques cinq / six tentatives. Comme quoi, on ne le répètera jamais assez, il ne faut jamais enterrer un album sans lui avoir véritablement laissé une chance de se révéler...
"This is not a reinvention, but a declaration, a brutal affirmation of death metal’s primal force."
Voilà ce que l’on peut lire sur la page Bandcamp du label Nuclar Winter Records au sujet de ce premier album. Une phrase qui à elle seule résume bien ce dont il est question ici. En effet, Mortual ne s’est jamais fixé pour mission de chambouler quoi que ce soit avec son Death Metal mais plutôt de rendre hommage à quelques grands anciens et marcher ainsi avec beaucoup fierté et pas mal de talent dans les pas de ces groupes qui ont contribué à façonner le genre. Sur cette même page Bandcamp il est ainsi fait mention de Deicide, Mortem, Sadistic Intent et de Monstrosity à ses débuts. Quelques évocations qui sur le papier ont de quoi mettre l’eau à la bouche de n’importe quel amateur de Death Metal mais qui surtout s’avèrent tout à fait justes à l’écoute de ces trente-cinq minutes particulièrement musclées. En effet, s’il y a bien une chose que toutes ces formations ont en commun, c’est ce goût pour une musique brutale et intense. Ainsi, malgré des titres relativement longs (entre quatre et cinq minutes bien tapées), c’est essentiellement la machette entre les dents que les Sud-Américains mènent leurs assauts. Des fulgurances qui prennent la forme d’accélérations soutenues exécutées à coups de blasts plus ou moins impitoyables et de passages thrashisants certes moins appuyés mais tout aussi dynamiques et entrainants (avec en prime l’utilisation de rototom comme à l’ancienne). Là-dessus viennent se poser tout un tas de riffs sombres plus ou moins complexes grâce auxquels Mortual va instaurer tout au long de ces trente-cinq minutes des ambiances diaboliques et infernales. Un riffing globalement assez nerveux qui voit en effet se succéder tout un tas de plans et de séquences différentes pour un résultat peut-être pas immédiat (d’où les quelques écoutes nécessaires avant de succomber à ses charmes) mais qui participe grandement à cette intensité qui émane de chacune ou presque de ces huit compositions (oui, car "Ecstasy Of Death" est en fait une conclusion instrumentale qui forcément permet de clôturer l’album sur un registre bien moins tendu). Une intensité également renforcée par le biais de ces quelques solos et autres leads plus ou moins frénétiques (les derniers instants de "Mortuary Rites", "Necromancy Ritual" à 1:51 et 3:09, "Fiendish Visions" à 3:20, "Skeletal Vortex" à 3:01, les toutes dernières secondes de "Altar Of Brutality") et contrastée par d’autres plus mélodiques et posés ("Divine Monstrosity" à 3:10, "Dominion Of Eternal Blasphemy" à 3:49).
Si l’essentiel de ce qui fait le Death Metal de Mortual tient dans les lignes ci-dessus, il convient de d’évoquer également la capacité des Sud-Américains à calmer le jeu de manière habile. Effectivement, cette conclusion instrumentale est plutôt bien vue mais d’autres moments plus lourds ou plus chaloupés viennent également ponctuer ce premier album. De "Mortuary Rites" à 1:58 à "Divine Monstrosity" à 2:21 en passant par la première minute de "Dominion Of Eternal Blasphemy" (ou encore plus loin à compter de 2:45), "Fiendish Visions" à 1:10, "Skeletal Vortex" à 1:46 ou "Altar Of Brutality" à 0:25 et 1:36, il n’est pas rare que Mortual lève le pied et offre à ses auditeurs autre chose à se mettre sous la dent que du blast, du toupa-toupa et du riff exécuté pied au plancher.
S’il a mis en ce qui me concerne un peu de temps à se dévoiler, je dois finalement reconnaitre que ce premier album de Mortual est au moins aussi réussi que son modeste prédécesseur qui, pour rappel, nous avait effectivement empli d’espoir pour la suite. Effectivement, vous ne trouverez rien de révolutionnaire à l’écoute de ces trente-cinq minutes cousues de fil blanc mais comme bien souvent lorsque les choses sont aussi bien balancées cela n’a aucune espèce d’importance car ces huit titres parfaitement dosés entre brutalité, intensité, groove et lourdeur s’avèrent d’une efficacité absolument redoutable. Si tout comme moi vos premières écoutes n’ont pas été particulièrement concluantes, je ne saurais que vous conseiller d’insister encore un petit peu car sans être un album très compliqué à assimiler,
Altar Of Brutality n’est pas nécessairement un disque très immédiat. Bref, on attendait les Costaricains de pied ferme, on les retrouve diminués (en nombre) mais toujours aussi enclins à nous dérouiller. C’est donc encore un grand OUI !
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par Lestat
Par Jean-Clint
Par xworthlessx
Par Ikea
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par Lestat
Par Krokodil
Par Niktareum
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène