Cette pochette… Non mais vous avez vu ça ? Autant il m’arrive de détourner pudiquement le regard, rédigeant alors l’article en prenant l’air de rien, tel ce pet que personne n’ose avouer sentir, autant là, comment ignorer une telle abjection ? Ce serait d’ailleurs causer une grave offense à
DISGUSTIBUS que de ne pas en parler tant l’effort réalisé pour dégoûter est maximum, surpassant de la tête et des épaules les précédentes illustrations de «
The First Amputation » (2021), «
Isolation Apocalypse » (2021) puis «
True Taste of Terror » (2022).
Au risque de déranger, je l’affirme : l’auto-cannibalisme, cela me répugne. Moi en plus j’ai les bras très velus donc ça m’écœure encore davantage de m’imaginer en train de mâchouiller des poils (oui, bon, il y en a que je mâchouille de bonne grâce, là n’est pas le sujet) et il faut dire que l’être qui s’y adonne avec un plaisir non feint n’a rien d’un
playboy des plages… En plus il se trouve privé de chocolat à cause de son vilain moignon !
Le bocal d’urine positionné au premier plan reste une valeur sûre absolument incontournable. Sa couleur foncée laisse à penser que le ou la propriétaire est lourdement déshydraté(e), je soupçonne également qu’elle sente fort l’ammoniac (la pisse, pas la personne). Assurément pas une boisson destinée à tous les palais. Cependant, l’effet loupe des panards dégueulasses à travers le verre n’est pas dénué d’un certain sens de l’esthétique, il y a là une petite touche artistique indéniable.
La gamelle du chien remplie d’étrons ? Sans être un éminent spécialiste des selles, nous sommes certainement en présence de quelqu’un en mauvaise santé, avec vraisemblablement un excès de gras dans son alimentation, cette teinte jaunâtre malodorante ne saurait mentir.
Evidemment, une pochette répugnante ne serait rien sans un peu de pornographie : une levrette pratiquée sur un matelas crasseux, une rondelle béante, bizarrement ça ne me donne pas vraiment envie de me cabosser férocement la braguette.
Enfin quelques détails graphiques moins évidents à analyser, contribuant néanmoins à l’horreur de l’ensemble : un œil pelé ? Un gland cloué à la table ? Si c’est le cas, j’ai le sentiment que les clous sont le dernier des problèmes de ce chibre maladif à l’apparence d’une vieille limace immonde…
Allez, je pense que l’on a fait le tour complet de l’illustration de «
Psychopathological Exploration of Perversion », qui bat donc tous les records 2025 d’immondices, nous allons enfin pouvoir parler musique. Je ne sais même pas si c’est réellement encore la peine d’ailleurs… L’air de rien, c’est déjà le quatrième LP pour
Manuel Lucchini, le malade derrière le groupe, également membre émérite de la légende italienne
PUTRIDITY et, à présent que le nom est lâché, chacun comprendra mieux de quoi il retourne : du
brutal death metal dans sa pire expression, avec évidemment un tas de délires malsains qui, si tant est que tu aies des doutes, font finalement de toi une personne parfaitement saine d’esprit en comparaison. Et si tu n’en es pas encore totalement convaincu, je te laisse reproduire ce tableau chez toi puis poster la photo en commentaire.
Je ne me suis pas imposé dans le détail les trois EP précédant cette sortie (deux en 2021, un en 2022) mais avoir laissé s’écouler un peu de temps (et de pus) a été plus que bénéfique à ces neuf monstruosités : nous sommes passés d’un
death metal brutal aux sonorités excessivement sourdes à un
death metal ultra brutal, fortement teinté de technicité et dont l’intensité burlesque se rapprochera de groupes tels que
NITHING,
ENMITY ou
MALIGNANCY mais en conservant un aspect viscéral propre aux formations latines,
PUTRIDITY et
DISGORGE en tête. Après, essayer de détailler telle ou telle composition relève presque de l’impossible. Tout n’est que jusqu’au-boutisme, accumulation de micros-riffs dévastateurs joués à toute berzingue, harmoniques dégoulinantes,
blasts façon vitesse lumière… Pourtant, les vingt-sept minutes paraîtraient bien peu supportables si le musicien ne nous gratifiait pas de quelques ralentissements surpuissants qui, s’ils sont aussi brefs que minoritaires (les introductions d’« Aroused by the Taste of Humanity » et de « Cadaverous Entwinement »), n’en aèrent pas moins cette bouillie d’une intensité remarquable. Nous pourrons également noter le début bien lourdingue de « Manipulation into Forbidden Attraction », hyper efficace dans son usage dépouillé de la basse, avant d’enchaîner sur un tempo de brute.
Pour ce genre d’album, passer à côté des textes serait regrettable. Bien entendu, c’est scabreux au possible et si mon anglais rudimentaire ne me permet pas de parfaitement comprendre, je saisis l’essentiel. Des échanges buccaux de bile (« Emetophiliac »), une femme violée qui devient elle-même prédatrice d’autres femmes (« Psychosadism »), l’inceste (« Erotic Incestual Delirium ») avec cette phrase incroyable :
Am I my mother’s pet or this man’s wife?… J’en passe et des meilleures, le concept est poussé à son paroxysme. Pourtant, au-delà de l’exubérance absolue de «
Psychopathological Exploration of Perversion », par quelque bout qu’on le prenne, il demeure parfaitement audible, même fondamentalement séduisant. Il faut dire que le disque jouit d’une excellente production, massive et compacte comme il se doit, certes assez commune pour ce registre musical, mais qui a l’avantage de permettre à l’auditeur de profiter pleinement des multiples subtilités imaginées par le maître d’œuvre.
Je le reconnais sans honte, je suis totalement refait par cet album. Pas parce qu’il est bêtement outrancier, ça, d’autres y parviennent également très bien notamment dans la scène
goregrind. Plutôt parce qu’en dépit de sa barbarie, les compositions sont variées, toutes possédant une trouvaille qui facilite la démarcation et donc l’appropriation par l’auditeur. Ensuite, parce que
Manuel Lucchini garde ses deux pieds ancrés dans le
death, son approche profondément organique évite l’écueil du simplement démonstratif ou d’une trop grande froideur. La performance vocale est également à souligner, le chant sonnant de façon naturelle en dépit de son inhumanité, de nombreuses variations de timbre venant enrichir chaque morceau.
Si je ne mets pas dix, c’est uniquement pour me laisser une marge de manœuvre d’ici quelques mois, à la hausse ou à la baisse, une fois que j’aurai digéré le monstre. En attendant, c’est le disque qu’il fallait à mon été.
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