Avec le départ du bassiste Tim Lower, les Américains de Decrepisy ont dû naturellement repenser leurs effectifs. Afin de palier à cette absence, le plus simple aurait été de partir en quête d’un nouveau bassiste ce qui dans une ville telle que Portland ne doit probablement pas manquer. Kyle House a cependant décidé de procéder autrement quitte à laisser de côté l’une de ses principales attributions. En effet, s’il tient toujours l’une des deux guitares et donc dorénavant la basse, ce changement s’est fait au détriment du chant qu’il a donc choisi de laisser de côté. Pour prendre sa place, le groupe n’a pas fait appel à un inconnu puisque c’est désormais Daniel Butler (Vastum, Acephalix, Draghkar...) que l’on retrouve derrière le microphone.
C’est sous cette nouvelle configuration que le groupe a sorti en mars dernier
Deific Mourning, un deuxième album évidemment très attendu même s’il m’a tout de même fallu huit mois pour que je me décide à rédiger finalement cette chronique... Et comme un changement n’arrive jamais seul, c’est cette fois-ci chez les Californiens de Carbonized Records (Clairvoyance, Mortuous, Steel Bearing Hand, Vile Rites...) qu’est paru ce nouvel effort. Un disque plus généreux que son prédécesseur puisque celui-ci compte deux titres supplémentaires (dont une reprise surprenante de The Sisters Of Mercy) pour près de trois quart d’heure (soit dix minutes de plus que pour
Emetic Communion) d’un Death Metal toujours aussi lourd et rampant. Enfin côté production, si l’enregistrement s’est fait à la discrétion du groupe, mixage et mastering ont une fois de plus été confiés à l’infatigable Greg Wilkinson qui comme à son habitude a fait de l’excellent travail.
Avec une moyenne de six minutes ++ par titre, Decripisy a sensiblement réduit la voilure en termes de durée et en a également profité non pas pour modifier drastiquement sa formule mais plutôt pour en revoir le dosage des éléments qui la composent. De fait, si
Deific Mourning conserve toujours un certain allant grâce à quelques accélérations bien secouées et autres séquences non dénuées de groove, on va tout de même se rendre compte au fil des écoutes que l’accent a été porté ici sur les ambiances à travers notamment ces sonorités et autres accointances Doom pourtant déjà largement présentes auparavant. De "Ceremony Of Unbelief" et sa longue et sinueuse montée en tension au suffocant "Deific Mourning" en passant par le bien nommé "Dysautonomic Terror" et sa seconde partie bien dense en dépit de quelques soubresauts en toute fin de parcours, le très funéraire "Spiritual Decay 1/4 Dead" avec ses cloches macabres dispensées lors de sa longue introduction ou bien encore cette surprenante réinterprétation du "Afterhours" des Anglais de The Sisters Of Mercy (un titre dense et suffocant que les Américains se sont véritablement appropriés le menant notamment à la guitare là où les claviers tiennent le rôle principal sur la version originale), Decrepisy nous plonge dans une sorte de terreur diffuse et insidieuse instaurée par ces rythmes lancinants et plombés, par ces leads légèrement dissonants dont les errements angoissants et légèrement déglingués rappellent ceux d’un Corpus Offal ou d’un Cerebral Rot, par ce growl d’outre-tombe que le père Butler prend plaisir à cadencer au son des coups de boutoirs d’une batterie à l’économie et bien entendu par ces nombreux samples et autres passages purement atmosphériques (comme sur les premières mesures de "Deific Mourning" ou de "Spiritual Decay 1/4 Dead") qui vont effectivement instaurer tout au long de ces trois quarts d’heure un climat de terreur pour le moins palpable.
Ne souhaitant pas laisser l’auditeur sombrer dans une certaine torpeur pour le moins inévitable face à de telles séquences plombées, Decrepisy a naturellement choisi d’y apporter un minimum de contraste. Pour cela, rien de plus simple, il suffit de rompre avec ces rythmes lourds et ces leads faisandés en plaçant ici et là et de manière judicieuse quelques accélérations bien senties. Rien de très excessif mais quelques (semi) blasts comme ceux dispensés sur "Dysautonomic Terror" à 1:26 et 2:25, "Spiritual Decay 1/4 Dead" à 4:33 ou "Severed Ephemerality" à 0:55 et 3:47 et surtout beaucoup de frappes thrashisantes toujours très efficaces et dont la relative simplicité (toupa toupa toupa...) apporte finalement un peu d’air à l’ensemble ainsi que quelques passages plus chaloupés dont le groove simiesque va permettre de détendre momentanément l’atmosphère mais aussi le corps et l’esprit ("Ceremony Of Unbelief" à 3:17 et 4:47, "Deific Mourning" à 3:52, 4:53 et 6:11, "Dysautonomic Terror" à 0:27, 1:56, 2:47 et 4:52, "Spiritual Decay 1/4 Dead" à 3:23 et 5:01, "Severed Ephemerality" à 3:25 et 4:37). Bref, rien de bien sorcier mais comme vous pouvez le constater par leur énumérations, ces moments sont suffisamment nombreux pour entretenir ce qu’il faut de relief tout au long d’un deuxième album autrement plus écrasant et terrifiant que son pourtant très bon prédécesseur.
Album un tantinet plus exigeant qu’
Emetic Communion,
Deific Mourning est également un album bien plus personnel et terrifiant. Un disque dont il sera difficile de sortir indemne tant les passages les plus lourds s’avèrent effectivement particulièrement suffocants et éreintants. Alors il est probable que même parmi ses aficionados de la première heure les Américains ne fassent pas l’unanimité avec ce virage effectivement un poil plus Doom mais une fois laissé de côté ses propres attentes on ne peut nier être face à un album absolument redoutable et imposant qui a le mérite de voir Decrepisy aller de l’avant sans se contenter de réitérer encore et toujours la même recette en espérant un résultat identique. Bref, il m’a effectivement fallu un peu de temps pour vous en parler mais c’était nécessaire pour saisir l’entièreté de ce
Deific Mourning définitivement sinistre.
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