Shovel - Lat... »
Metharoma - ... »
Vespéral - Nuits Blanches
Chronique
Vespéral Nuits Blanches
Projet québécois initié à Montréal en 2022, Vespéral réunit dans ses rangs quelques musiciens dont on a déjà évoqué le parcours ici puisque l’on retrouve en effet Sovannak (chant, synthétiseurs) et Atrocité (guitare) d’Ossuaire ainsi que Cauchemar (basse) et Nakkabre (batterie) de Conifère. Un line-up alléchant pour un groupe qui très vite a su se mettre en ordre de marche. Préférant d’ailleurs laisser de côté les prémisses timorés et tout en retenu, Vespéral a choisi d’entamer son histoire non pas par la sortie d’une démo ou d’un EP comme c’est souvent le cas mais d’un premier album de près de quarante minutes. Un disque intitulé Nuits Blanches paru en janvier 2023 au seul format numérique.
Naturellement, celui-ci n’est pas resté longtemps perdu dans les méandres de Bandcamp puisque quelques semaines plus tard il était effectivement proposé au format cassette par les labels Analog Worship (Human Agony, Ride For Revenge, Ill Omen, Fell Voices...) et Productions Haineuses (Ossuaire, Oppression, Putamen Insula, Basalte...). Il faudra cependant attendre février 2024 pour le voir pressé en vinyle grâce au concours du label chinois GoatowaRex qui comme à son habitude n’a pas manqué de faire de l’excellent travail. Outre l’implication de labels dont les réputations ne sont plus à faire, ce premier album a également pour lui une illustration désuète des plus charmantes. Une peinture qui ne date probablement pas d’hier et qui d’une manière élégante bien qu’un tantinet torturée évoque la maladie, la solitude et la mort. Bref, il n’en fallait pas davantage pour attiser ma curiosité.
Composé de neuf titres parmi lesquels une introduction ainsi que deux interludes nommés comme tel, Nuits Blanches est un album de Black Metal dépouillé et rudimentaire servi par une production abrasive et lo-fi dénuée elle-aussi de tout artifice. Un son âpre, naturel mais néanmoins parfaitement balancé (on y entend même assez distinctement la basse de Cauchemar) au service de compositions évoluant dans un registre relativement personnel bien que très canadien, ne serait-ce que pour son usage du français. Car outre ces tirades scandées dans la langue de Molière (en tout cas parmi celles que l’on parvient à distinguer), il y a dans l’air ainsi que dans la manière toute particulière et un brin dégingandée d’approcher chaque composition ce petit quelque chose de typiquement québécois. Un charme de terroir ainsi qu’une profonde authenticité au service d’une musique faisant cohabiter sonorités Black Metal, Punk Rock et Post-Punk pour un résultat à la fois agressif et mélodique, mystérieux et mélancolique.
Au-delà de cette basse dont la présence affirmée fait effectivement écho aux scènes Punk et Post-Punk (ce côté vibrant et presque leader), Nuits Blanches se distingue également par quelques passages bien Rock’n’Roll taillés pour taper du pied (notamment sur l’excellent "Ô Solitude" ainsi que sur "Le Goût De La Mort" à 1:33, "Paralysie" à 0:53 et dans une moindre mesure sur "La Tristesse De Mes Murs") ainsi que par quelques mélodies particulièrement entrainantes et presque guillerettes ("Jusqu'à La Fin Du Monde"). Ajoutez-y quelques lignes de chants déclamées un tantinet désuètes (un petit côté Goth / Post-Punk très 80’s) et théâtrales ("Ô Solitude", "Jusqu'à La Fin Du Monde") ainsi que des nappes de synthétiseurs chargées et poussiéreuses ("Prière", "L'Étoile Du Matin" à 0:26, "Ô Solitude" à 3:52, "Le Goût De La Mort" à 1:59, "Paralysie" à 3:42, "La Tristesse De Mes Murs » à 1:01, "Jusqu'à La Fin Du Monde" à 1:51 ainsi que les deux interludes) contribuant à ces atmosphères mystérieuses, magiques et vespérales (bah oui, tant qu’à faire, autant le placer) dans lesquelles trempe l’essentiel de ces neuf compositions et vous voilà face à un album qui en effet ne manque ni de caractère ni de personnalité.
Et s’il n’est pas le groupe le plus agressif que la scène Black Metal ait enfanté (Nuits Blanches est de ces albums atmosphériques menés pour l’essentiel à coups de mid-tempo fiévreux et entêtants), Vespéral n’est pas sans parfois corser le ton. Certes, ces quelques coups de boutoirs sont plutôt brefs (les premières mesures de "L'Étoile Du Matin" et de "Le Goût De La Mort") mais ils permettent d’apporter une touche d’agressivité supplémentaire que l’on ne manquera pas d’accueillir avec enthousiasme. Toujours dans l’idée de varier les plaisirs, le chant est également l’un des atouts de ce premier album. Les vocalises les plus arrachées de Sovannak possèdent cette urgence et ce désespoir qui collent à merveille aux thématiques viscérales de ce premier album (dépression, solitude, mort...) alors qu’à l’inverse ces parties scandées, susurrées ou chantées d’une voix claire et aux intonations bien différentes les unes des autres apportent contraste, mélodie ainsi qu’un petit côté fédérateur qui ne manque pas de faire mouche en dépit d’une approche peut-être un brin bancale et encore mal assurée.
Produit 100% québécois, Nuits Blanches ne surprendra probablement pas les amateurs éclairés de Black Metal canadien qui par bien des éléments, tournures et autres partis pris y retrouveront en effet ce qui fait le charme et la particularité de cette scène. Est-ce à dire que Vespéral n’a rien d’autre à offrir qu’une relecture de ce qui se fait au sein de cette dernière ? Non, pas vraiment puisque malgré un ancrage des plus évidents dans ces sonorités qui en font le sel, le groupe de Montréal a su y apporter sa propre vision pour un résultat à la fois convaincant et terriblement attachant. De cette production décharnée et abrasive à ces vocalises (qu’elles soient déclamées et parfois un tout petit peu à côté de la plaque ou bien beaucoup plus intenses) en passant par ces rythmiques et autres sonorités Punk, Post-Punk et Rock’n’Roll, ces ambiances vaporeuses ou encore ces grosses nappes de synthétiseurs d’un autre temps, ce premier album de Vespéral ne manque clairement ni de charmes, ni d’atouts, ni de personnalité et s’inscrit parmi les bonnes surprises offertes par une scène québécoise toujours en pleine effervescence (la dernière bonne surprise étant d’ailleurs un autre groupe dans lequel officie également Nakkabre et sur laquelle je reviendrai prochainement). Bref, un disque de saison à découvrir d’urgence.
| | AxGxB 15 Octobre 2025 - 673 lectures |
| |
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par Lestat
Par Jean-Clint
Par xworthlessx
Par Ikea
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par Lestat
Par Krokodil
Par Niktareum
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène