Si vous suivez un tant soit peu l’activité de la scène Black Metal canadienne, vous n’avez alors probablement pas pu passer à côté de Vespéral. Déjà parce qu’il compte en son sein quelques musiciens actifs dans d’autres formations et dont l’intérêt n’est aujourd’hui certainement plus à démontrer (Ossuaire et Conifère) mais aussi et surtout parce qu’en deux albums le groupe s’est taillé une solide réputation parmi ses pairs (qu’ils soient d’ailleurs Canadiens ou non). Paru en avril dernier au format cassette chez les Belges de Phantom Lure (Draugveil, Old Nick, Grundhyrde, Conifère, Coffret De Bijoux...),
La Mort De l’Âme est déjà le deuxième album du groupe de Montréal. Un disque qui en août dernier a bénéficié d’un pressage vinyle grâce là encore au concours du label chinois GoatowaRex.
Pour illustrer ce nouvel album, le groupe a fait le choix de poser sobrement en toges noires et bracelets cloutés tels des spectres menaçants et de superposer ce cliché le plus naturellement du monde sur une photographie de NGC 6960 probablement plus connue sous le nom bien plus cool et imagé de nébuleuse du Balai de Sorcière ou de Petite Dentelle. Bien qu’assez clichée (des groupes comme Arcturus, Limbonic Art, Odium, Sirius ou Vargrav l’on déjà fait par le passé), je lui trouve en ce qui me concerne un charme désuet particulièrement plaisant et cela même si Vespéral ne verse pas dans la pratique d’un Black Metal Symphonique propre à tous ces groupes dont l’esthétique est effectivement bien souvent inspirée par ces phénomènes naturels aussi beaux que poétiques.
Doté d’une production bien plus léchée que celle de son prédécesseur décrite comme dépouillée et abrasive le mois dernier dans ma chronique de
Nuits Blanches,
La Mort De l’Âme n’a aucun mal à attraper l’oreille de l’auditeur. En effet, le choix d’une production au caractère toujours bien trempé mais néanmoins plus ronde, plus dynamique et oserais-je dire plus "professionnelle" permet aux Canadiens d’offrir à leur Black Metal une dimension bien moins bancale et hermétique et cela sans pour autant sacrifier à l’authenticité ou à la force de leur propos.
Laissant momentanément les claviers de côté, c’est au son d’une introduction acoustique touchante et gorgée de mélancolie que Vespéral entame ces retrouvailles. Une introduction agrémentée par des bruissements d’insectes nocturnes pour une immersion tout en douceur avant de faire-valoir plus significativement les atouts de cette production parfaitement balancée que j’évoquais un petit peu plus haut. D’ailleurs, celle-ci ne constitue pas le seul changement qui accompagne
La Mort De l’Âme puisque l’on va vite s’apercevoir que le groupe canadien a en parallèle légèrement retravaillé sa copie pour un résultat toujours assez personnel mais néanmoins plus homogène. Un propos également resserré puisque même si la durée des compositions s’est quelque peu allongée, ce deuxième album ne compte finalement qu’un seul interlude d’à peine plus d’une minute (d’ailleurs assez dispensable). Bien qu’il ait moins de titres au compteur (sept contre neuf pour son aîné), celui-ci s’avère donc un tantinet plus long.
Ainsi, là où
Nuits Blanches se distinguait par des sonorités Post-Punk et Punk Rock assez marquées,
La Mort De l’Âme en conserve évidemment de nombreuses traces en prenant néanmoins le parti de les intégrer désormais de manière plus subtile. Celles-ci vont se manifester essentiellement d’un point de vue rythmique (même si un titre comme « Souffle Glacial » apporte tout de même un certain contraste avec les autres titres de ce deuxième album) avec encore tout au long de ces quarante minutes de nombreuses galopades Punk toujours aussi efficaces et entrainantes. Un allant au service de compositions une fois de plus très variées mais effectivement moins dispersées qu’à l’époque de
Nuits Blanches où certains titres tels que "Ô Solitude" ou "Le Goût De La Mort" marquaient effectivement une cassure assez franche (en tout cas sur certaines séquences) avec le reste sans pour autant trancher de manière complètement inopportune.
Animé par une approche encore une fois très "canadienne" (entre amour de la langue française, respect d’un certain terroir et errances dans les paysages parfois verdoyants, parfois enneigés mais toujours solitaires qui font le pays), Vespéral livre avec
La Mort De l’Âme un disque toujours aussi cafardeux et contemplatif et cela grâce à un travail mélodique foisonnant une fois de plus extrêmement bien troussé. De ces guitares tantôt acoustiques tantôt électriques qui puent la nostalgie, la mélancolie et le romantisme à ces constructions au long-cours propices aux variations et aux errements (les excellents "La Perte De Soi / Brouillard Fantômatique" qui effectivement ne font qu’un malgré tout un tas d’idées et de passages bien différents les uns des autres au tout aussi réussi "Cruel Silence" qui conclut ce deuxième album sur une touche de tristesse assez grandiose (notamment autour de cette séquence entamée à 3:29 qui personnellement me donne systématiquement la chair de poule) en passant par ces nappes de synthétiseurs toujours aussi bigarrées (de ces voix fantomatiques proposées le plus souvent en arrière-plan à ces quelques notes de clavecin évidemment désuètes sans oublier ces autres touches synthétiques elles aussi poussiéreuses mais néanmoins davantage dans l’air du temps) ou bien encore ces lignes de chant déclamées (sur les derniers instants de "La Perte De Soi / Brouillard Fantômatique") et parfois encore un poil bancales (notamment sur "Souffle Glacial"), tout chez Vespéral confère à l’excellence malgré d’évidentes petites imperfections qui font justement partie du charme des Canadiens.
À l’issue de ces presque quarante-et-une minutes, difficile de ne pas se montrer une nouvelle fois enthousiaste face à un groupe qui a su murir et progresser sans pourtant changer drastiquement ce qui a fait jusque-là sa particularité. Car si
La Mort De l’Âme n’est pas exempt de petits défauts (un interlude sans grand intérêt, des vocalises déclamées à la limite de la justesse...) et qu’il s’inscrit dans une scène canadienne répondant à un certains nombres de codes, il n’en reste pas moins un album poignant et personnel à la sensibilité à fleur de peau. Bref, ne vous fiez peut-être pas à cette illustration certes assez chouette mais évoquant néanmoins un énième groupe de (revival) Black Symphonique et croyez-moi sur paroles quand j’affirme que l’on tient ici l’une des plus belles confirmations de cette année 2025.
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