S’il y’a bien un groupe hexagonal qui sent bon le sampler Metallian de la grande époque c’est incontestablement CARCARIASS, tant le magazine a toujours soutenu le combo du Doubs contre vents et marées en offrant une tribune espérée à sa musique atypique et si reconnaissable. S’il avait réalisé un sans-faute jusqu’au très bon
« E-xtinction » en 2009 son retour aux affaires après un silence de dix ans a été en revanche plus mitigé et a énormément divisé les fans de la première heure, la faute à des expérimentations douteuses et une durée beaucoup trop longue. Car l’écoute de « Planet Chaos » s’est révélée chaotique et laborieuse du fait de morceaux moins inspirés qu’auparavant, complétés par l’apport vocal décevant de Jérôme Thomas (qui n’a rien à voir avec son homonyme boxeur) et avec en prime beaucoup de remplissage qui font qu’on en arrivait à soixante-huit minutes qui semblaient par moments interminables. Bref le désormais quintet devait se rattraper au risque pour lui de devenir une machine rouillée qui n’intéresse plus personne ou presque, ce qui au vu du niveau technique et de l’originalité historiquement proposés serait une grande perte au sein du paysage musical national.
Cependant si l’entité semble avoir définitivement tourné le dos à ses origines musicales (pour se consacrer désormais à un penchant plus moderne, progressif et synthétique), il faut reconnaître que ce nouveau cru bien que dans la droite lignée de son prédécesseur se montre plus inspiré et cohérent, tout en voyant quelques éléments de leurs débuts résonner de façon convaincante. Si on avait remarqué sur la précédente livraison que les mecs avaient levé le pied du côté de la vitesse cela va être encore le cas ici, notamment lors de la courte ouverture peu convaincante intitulée « No Aftermath » qui balance des accents presque Synthwave au milieu de riffs assez poussifs et d’une rythmique qui a vraiment du mal à s’emballer. Sans doute le modernisme a-t-il été ici poussé un peu trop loin, tant le rendu sied mal aux plans plus classiques du trio originel que l’on retrouve ici par bribes, même si heureusement le reste de ce long-format va voir apparaître d’excellentes compositions qui ne demandent qu’un peu de persévérance pour être totalement assimilées. Parmi les meilleurs exemples on peut facilement citer les impeccables « Identity » et « Fall Of An Empire » particulièrement doux et mélodiques - où les introductions sentent bon les influences de David Gilmour et des PINK FLOYD en général, qui nous renvoient à l’époque de « Sideral Torment » et
« Killing Process » entre son dynamisme calibré et implacable et ses ambiances planantes qui nous balancent loin dans l’espace, et font faire un voyage très agréable dans le passé où le soliste se fait franchement plaisir.
Si l’arrivée de l’actuel vocaliste a coïncidé avec un virage moins Death et plus progressif cet accent agressif n’a cependant (et heureusement) pas totalement disparu, preuve en est sur l’entraînant et efficace « Black Rain » ainsi que via le remuant et redoutable « The Hive », qui est parfaitement lancé et donne une indéniable envie de secouer la tête. N’hésitant pas non plus à jouer sur des accents Heavy avec une certaine accroche comme sur le très bon et lourd « Angst », la bande se permet ainsi d’oser un peu plus sortir de sa zone de confort quitte à frôler la sortie de route… à l’instar du mitigé « Generational Rot » qui contenait pourtant de bonnes idées (avec ses accents épiques et presque Hard-Rock lors de son démarrage), mais qui va s’enliser un peu dans sa seconde moitié malgré une originalité certaine. Si ici les gars se sont un peu loupés c’est aussi la même chose de « Machine Kult » qui s’étire à n’en plus finir tout en se faisant presque robotique et totalement hermétique… si bien qu’on n’arrive pas à rentrer dedans, tout cela avant que l’outro intitulée « Afterworld » ne vienne par sa douceur et ses accents religieux terminer doucement des débats, qui se sont montrés régulièrement trop cliniques et loin de la folie qui pouvaient ressortir des deux premières galettes des vétérans.
Néanmoins il faut admettre que techniquement chacun d’entre eux est aussi toujours impressionnant et que même si certains plans se retrouvent régulièrement sur chaque disque cela fait mouche à chaque fois (notamment les leads de Pascal Lanquetin qui n’ont rien perdu de leur superbe malgré le temps qui passe). Et même si les moments de gloire dignes d’un « Insect Killers » ou « Watery Grave » sont désormais loin et que la voix gutturale de Raphaël Couturier est dorénavant reléguée au second plan, tout cela conserve quand même une certaine classe unique au rendu facilement reconnaissable. Bref si tout cela demandera comme d’habitude du temps et de la patience pour être totalement assimilé et digéré ça sera encore plus le cas cette fois-ci, tant les nombreuses variations et arrangements extérieurs (claviers et samples) vont demander une attention soutenue. Tout cela confirme donc que les vieux briscards ont encore des choses à dire… ce qui trente-deux ans après leurs débuts est un exploit en soi, surtout dans un style si particulier et exigeant où il est facile de se louper… ce qui n’est pas le cas ici malgré les quelques imperfections. Pas au sommet de la pile (la trilogie de 1997 à 2003 restant intouchable) mais redressant la tête après la déception relative de 2019 la formation retrouve des couleurs tout en conservant son statut d’un des derniers vétérans encore actif de la scène extrême de notre beau pays, et ce malgré les coups durs et le manque de visibilité qui aurait pu lui être dommageable. Continuant son bonhomme de chemin envers et contre tous et faire uniquement ce qui lui plait, tel semble être son crédo depuis toujours et cela lui réussit plutôt bien tant elle est unique et qu’elle compte bien le rester, pour notre plus grand plaisir d’ailleurs.
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