Même pochette que pour la
galette précédente, à peine une simple inversion des couleurs pour illustrer ce deuxième méfait hexagonal, nous aurions pu penser à une blague, que
BROZERZ ne serait qu’un projet éphémère voué à s’éteindre aussi vite qu’il était apparu… Eh bien non. Le duo nous revient bien
géchar avec six nouveaux titres à l’esprit toujours aussi
DIY et toujours aussi inaboutis que leurs ainés, adjectif en l’occurrence absolument pas péjoratif dans ma bouche pour ce style à l’arrache aussi agréable à contempler qu’un vilain ongle incarné qui pousserait sur un pied bot.
En effet, même en étant un acharné du genre
grind, nous pourrions être enclins à penser que c’est désormais devenu un refuge exclusivement composé de tueurs éternellement en mode
hyper blast sur-technique ou alors de pervers se baladant sur la frontière de la monstruosité
goregrind (dans les deux cas, se reporter aux récents articles de
Sagamore), alors qu’il subsiste encore quelques types, dont font partie
Manu (guitare, chant) et
Julien (batterie, chant), qui pensent et jouent de leurs instruments comme des punks fracassés à la Bavaria tiède. Ils parviennent par je ne sais quel miracle à esquisser des bribes de morceaux sans que l’auditeur ne sache jamais réellement comment ils démarrent et quand ils finissent, le pire de tous les pignoufs finis à la pisse semble parfois plus abouti qu’une composition de
BROZERZ. Mais ce ne sont pas des confiseries au miel que l’on recherche en lançant cette
Démo II nous deux et ce n’est certainement pas pour ses fignolages ou autres enluminures qu’on l’appréciera. Ce qui attirera le quidam, c’est plutôt son côté « on n’en a plus rien à foutre de quoi que ce soit, allez bien tous vous faire mettre ».
Si le duo parvient à étirer le temps jusqu’à des deux minutes sur « Alpha Bêtas », tu te doutes que cela correspond à peu près à sa période hebdomadaire de sobriété, le reste correspondant davantage à des passages express aux chiottes, entre étincelantes gerbes brutales et punitifs cacas mous post beuverie bon marché. Cependant, aussi repoussant que soit la selle, nous la contemplons avec une délectation curieuse avant de tirer la chasse et c’est exactement pour une raison similaire qu’encore et encore nous relancerons cette sortie dans nos enceintes, afin d’être sûr et certain de ne pas passer à côté d’un truc, d’une blague, d’un trait d’esprit, d’un riff dingue… En vain : elle est terminée l’époque « Rires & Chansons ». Autant je parvenais à sourire, une grimace serait plus exact, en écoutant « Aimez-vous » (c’est loin, en janvier dernier) autant à présent je me contente de regarder mes pompes en espérant que ces deux branques ne montent pas dans ma rame de métro…
Ils essayent de se rendre sympathiques pourtant, avec « Agricultueurs » par exemple, mais nous sommes loin de la bonhomie d’un
AGRESSIVE AGRICULTOR, avec qui tu as immédiatement envie de taper la causette autour d’un verre de patxaran. Là ça sent juste le lisier, la colère paysanne, les fourches fourrées au fond de culs récalcitrants, la vieille chaussette de célibataire, rien d’autre. D’ailleurs, en dépit de textes on ne peut plus expéditifs (de « J’M la mode » à « Génération vid’idéaux », on ne dépasse guère les vingt mots), les compères parviennent à atteindre la sagesse du haïku, politisé certes mais jamais donneur de leçons, chose que j’apprécie tout particulièrement car je ne supporte plus que des gens essayent de m’expliquer comment je dois penser parce que je suis vraisemblablement trop con pour comprendre le monde qui m’entoure.
Avec cette deuxième démo en un an,
BROZERZ n’évolue pas, ne stagne pas non plus, il affirme son penchant pour la salade piémontaise un peu trop grasse, les cuites au mauvais pinard et les bastons d’ivrognes. J’imagine mal ce qu’un album en bonne et due forme pourrait changer à la donne, peut-être que des splits seraient plus intéressants pour développer l’enseigne mais, quel que soit le chemin qui sera emprunté, j’essaierai de rester fidèle à cette sommité du bon goût à la française.
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