Warfuck - This Was Supposed to be Fun
Chronique
Warfuck This Was Supposed to be Fun
J’ai découvert Warfuck de façon tardive, lors d’un concert l’année dernière au Grrrrnd Zero en première partie des Suédois de The Arson Project. J’étais plutôt venu pour ces derniers, mais Warfuck m’a mis une telle baffe…et je ne vous parle même pas de Whoresnation qui jouait ensuite, et qui m’a fait très mal aussi .. qu’au final, The Arson Project a été le moins mémorable… J’avais été bluffé par la puissance du duo (Nico chant/guitare, Mak à la batterie), qui dégagent à eux deux plus de fureur que moi quand je commande sur Just Eat à 20h et suis livré à 23.. alors, quand l’occasion s’est proposée de m’occuper de leur nouveau méfait, je n’ai pas hésité.
15 titres pour 23 minutes, sans connaitre leurs précédents albums (deux sont chroniqués dans nos colonnes), je ne prends pas trop de risques à dire qu’on tient là un nouvel opus plutôt homogène avec le reste de leur discographie. Je ne me suis jamais défini comme un connaisseur ou un vrai amateur de Grind, pour autant j’ai toujours pris un pied énorme avec mes amis de Nasum, Napalm Death ou Rotten Sound.. et la férocité live de Warfuck n’a pas été atténuée par le passage sur album, car le son est tout à fait à la hauteur des productions actuelles, avec une clarté sonore, presque clinique, qui me rappelle les brulots de Rotten Sound. On n’est pas du tout sur du Grind brouillon et inaudible, ce qui est plutôt heureux car les compos, aussi courtes soient-elles, sont réservées aux auditeurs qui en ont dans le slip.
Riffs dissonants, changements brusques de tempos, blasts arrivant par la fenêtre alors que ceux du salon n’ont pas attaqué l’apéro, les baffes sont multiples et ma tête a fait plusieurs 360 aux premières écoutes. Le fait que les titres s’enchainent amène une couche supplémentaire de complexité et de richesse, et à l’exception du début de « Sous l’Eau » et de « Façon Polza », les prises de respiration dans cet océan de brutalité sont rares. Et c’est jouissif. Cette attitude « don’t give a fuck », qui définirait presque le style, se retrouve dans ce dernier titre de 38 secondes, « El Bunker », qui finit aussi sèchement que brutalement l’album. Si vous jetez un œil sur leur studio report, vous verrez comme moi que l’enregistrement a nécessité un peu de travail, car derrière l’image qu’on peut avoir à tort du Grind vite fait mal fait, c’est une prestation technique de qualité supérieure qui s’offre à nous. Cela n’a l’air de rien, mais tout comme leurs collègues de Whoresnation, derrière la brutalité, c’est une musique d’une technicité très élevée qui défile aussi vite que l’éclair, et étant moi-même musicien amateur, c’est un adjectif de plus (disons, « bluffant », l’adjectif). J’allais vous faire le coup du défaut dans le concert des louanges, mais ce qui m’en semblait un au départ (le sous mixage du chant) est devenu avec le temps un atout, le chant hurlé se fondant dans les instrus pour rendre plus consistant l’ensemble.
En guise de conclusion, le rapprochement entre « This Was Supposed to be Fun » et le tout aussi excellent « Mephitism » des Whoresnation a énormément de sens : ces deux albums, sortant à un mois d’intervalle, me font aimer le Grind comme jamais auparavant, et ont accompagné avec beaucoup de succès mes dernières séances de méditation zen. Plus dissonant et torturé encore que l’album des Bisontins, les Lyonnais frappent tout aussi durement, et si vous aimez l’un vous aimerez l’autre. Et de façon plus large, si vous avez une vingtaine de minutes à tuer, vous les passerez en meilleure compagnie ici qu’en tête à tête avec votre tablette et Netflix.
| Chri$ 14 Mai 2018 - 1290 lectures |
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