La fin des vacances d’été, la rentrée pour les marmots, la reprise du boulot… On y est à peine et on en a déjà marre ! Face à ce petit coup de mou bien naturel chacun a sa solution : qui un footing, qui un petit ciné tranquillou, qui un dernier barbecue entre potes, qui un bon album de grind. N’appréciant que peu de courir sans une bonne raison, n’ayant pas le temps pour un ciné et m’étant déjà farci ma dose de viande carbonisée cet été, je me rabattrai donc sur la dernière option. Quelle aubaine puisque le petit label qui monte Kaotoxin nous sert sur un plateau ce ‘’3 way split’’, comme on le dit dans le Gers, tout trouvé pour une rentrée à cent à l’heure !
C’est avec Infected Society que sonne le réveil matin. On avait déjà croisé les douces mélopées de ces Picards fatals avec leur premier EP
« Get Infected » sorti l’an dernier. Pas de surprise, les sept titres fournis ici s’inscrivent dans la droite lignée de l’EP à savoir un grind moderne et varié, fortement inspiré par les dieux de Birmingham. Construits sur des riffs assez classiques mais de qualité mélangeant allègrement les influences death, hardcore voire thrash, Infected Society convainc aisément grâce à une efficacité remarquable. Les riffs de bouchers de Fack sont donc passés à la moulinette des rythmiques hystériques orchestrées par une BAR qui ne dit pas son nom tant elle sonne extrêmement naturelle, à l’image d’une production imposante, moderne mais sans artifice qui permet aux compos de bien vous exploser les membranes tympaniques. Tout y passe donc, des blasts survitaminés aux accélérations thrashy voire d-beat et évidemment du tchouka tchouka des familles pour un festival de réjouissances qui éveille encore davantage mon intérêt pour le groupe qui a de plus pris la peine de composer sept titres inédits. Toujours mené par un Brett (Decline Of Humanity) aux vocaux rugueux Infected Society frappe fort dès l’entame de ce split,
« une boucherie » comme le dit si bien Clubber Lang au début de « Definetly-dead ». Si l’évolution et l’originalité ne sont guère au rendez-vous, la qualité par contre fait plus que se maintenir tant on a l’impression que le duo a encore gagné en intensité et en efficacité (il faut dire que le résultat est plus évident sur sept titres que sur quatre). Vivement donc un premier album !
Un petit grognement plus tard et c’est au tour de F Stands For Fuck You d’envoyer la sauce. Une sauce sensiblement différente puisque le trio mené par la paire Adrien Guérin (chant) / Kevin Foley (batteur international de renom), tout droit sortis de chez Benighted, officie dans un grind n’ roll grassouillet et bien plus dansant que leurs confrères nordistes. Le changement s’identifie d’emblée par une production bien plus ronde qui sied farpaitement au style décliné ici. Festival de rythmique encore une fois avec une bonne dose de groove, de popotins qui remuent et de grosse caisse qui sautille sous les éructations d’Adrien qui me rappellent un peu Sébastien Pierre de Headcharger. La recette appliquée par FSFFY s’équilibre donc entre la face ‘’grind’’ avec ses déluges de blasts (bah oui sinon autant mettre Bernard Minet derrière les fûts si c’est juste pour danser la carmagnole), ses vocaux éraillés, ses riffs dissonants et la face ‘’n’ roll’’ pendant laquelle les Stéphanois nous invitent à nous trémousser autour de la table basse avec ses riffs rebondis et ses rythmiques invitant irrésistiblement aux déhanchements les plus primaires (« The Bombing »). Agréable découverte donc que ces sept titres de F STANDS FOR FUCK YOU dont je n’avais fait que croiser le nom jusqu’ici : efficaces, groovy et dansantes tout en restant sacrément brutales. Là aussi on attend un album avec impatience !
Changement de ton plutôt radical pour finir de se réveiller une bonne fois pour toute avec Miserable Failure. Très justement placé en clôture de cet EP, les cinq titres du quatuor iront directement botter le cul des plus récalcitrants à bouger leurs fesses du lit. A l’instar du joker annonçant le chaos en ouverture de « Summoning Chaos », les Marseillais nous annoncent que la sieste est vraiment finie. Oubliez les petits pas danse débiles d’il y a quelques minutes, Miserable Failure est là pour vous insuffler la hargne d’enfiler vos 12 heures de taf sans pause. Adepte d’un grindcore des plus furibard et abrasif, puant le sang, la sueur et l’urgence, les sudistes ne font aucun compromis et ne vous laisseront aucune chance, tels une police anti-léthargie prête à secouer les plus neurasthéniques. Se démarquant par une approche bien plus old-school et radicale que ses prédécesseurs, inutile de vous préciser que le blast règne ici en maître, secondé de près par son acolyte tchouka tchouka (tout juste notera-t-on un petit passage d-beat survitaminé sur « No More Friends »). Ne cherchez évidemment pas plus de finesse au micro, la prestation vocale de Bleu n’alternant qu’entre hurlements de psychopathes et braillements de fou furieux, appuyé du growl du six-cordiste Rom ‘’Maldito’’ Sanchez, comme si cela ne suffisait pas. Il est vrai que cette approche plus extrême ne facilitera pas l’apprivoisement de ces cinq titres et j’avoue avoir mis un petit nombre d’écoutes avant d’en cerner toutes les ‘’subtilités’’, abasourdi que l’on est par une telle débauche de violence, mais force est de constater qu’une fois ce cap passé Miserable Failure, à l’instar d’un Blockheads, est une véritable machine de guerre à l’énergie dévastatrice. Assortis d’une production bien plus crue elle aussi, organique et au rendu très ‘’live’’, ces sept petites minutes passent désormais bien trop vite à mon goût ! Là encore, vivement un full length !
Essai transformé une nouvelle fois pour Kaotoxin qui nous offre ici un split de grande qualité en ayant eu l’intelligence de nous proposer trois groupes très intéressants et surtout évoluant chacun dans un style différent, évitant toute lassitude à l’écoute de ces vingt-neuf minutes ravigotantes ! Ce substitut idéal aux décoctions cafféinées pour les matins difficiles ravira tous les fans du style qui y trouveront la qualité et la variété. Même si je garde une petite préférence pour les Picards d’ Infected Society, je garderai les noms de F Stands For Fuck You et Miserable Failure dans un petit coin de ma tête en attendant la suite, que l’on espère rapide.
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