Supuration/S.U.P. - Imago
Chronique
Supuration/S.U.P. Imago
Depuis bientôt 16 ans, SUP se ballade sur la scène française, ne manquant pas d’entraîner avec eux moults fans intrigués par la musique peu accessible du combo. Le groupe s’est peu à peu détaché du Death métal old-school de ses débuts, passant de Supuration à SUP (pour Spherical Unit Provided), pour expérimenter, multiplier les albums étranges et surprenants. Leur dernière œuvre en date, Angelus, était le fin croisement entre un métal d’une lourdeur sans précédente à la limite du Doom, d’influences électro et cold wave, le tout tourné à la sauce SUP. Trois années séparent Angelus de celui qui est l’objet de cette chronique, lors desquelles l’actualité du groupe a été assez mouvementée, de part la sortie d’un album de Supuration et d’une réédition limitée des premiers essais de ce dernier. C’est donc avec une envie certaine doublée d’appréhension que l’on attendait cet Imago. Quelles étrangetés et autres bizarrerie nos lillois nous apportent-ils cette fois-ci ? Réponse en lisant la suite.
Une fois installé chez moi après une rude journée, bien au chaud, c’est avec des doigts presque tremblants (« presque » parce que bon, faudrait pas exagérer non plus : qui tremble en déballant un cd ?) que j’arrache le cellophane, et c’est sans surprise que je découvre un artwork somptueux, comme à l’habitude avec SUP. Toujours aussi classieux, le digipack présente quelques dessins des membres illustrant le concept d’Imago, ainsi que les paroles, indispensables à la bonne compréhension du concept, que je n’avoue ne pas avoir compris moi-même, si ce n’est que c’est l’histoire d’un mec qui se transforme en insecte à force d’abuser d’une certaine drogue, ou quelque chose dans le genre. Mais rassurez-vous, si le concept est assez inaccessible pour le commun des mortels et quiconque n’a pas 990/990 au TOEIC, la compréhension et l’écoute de l’album n’en sont pas gênés pour le moins.
En effet, SUP fait preuve d’une notion qui semblait être l’antithèse du groupe : la facilité d’accès. Relative du moins. Un auditeur découvrant le groupe et ne sachant pas à quoi s’attendre, à de grandes chances d’être conquis dès la première écoute, alors qu’un fan du groupe risque au contraire d’être rebuté par cette pénétration trop rapide dans l’univers d’Imago. Ainsi, SUP développe la difficulté d’appréciation de l’album, en donnant paradoxalement l’impression d’avoir à faire à une œuvre simple. Vous voilà maintenant familiarisés avec l’esprit tordu des deux frères Loez, nous pouvons rentrer dans le vif du sujet.
A ce stade de la chronique, je mettrais ma main à couper que la question qui vous brûle les lèvres est : « Mais en quoi donc cet album parait-il si facile ? ». Peut-être dans une approche plus « pop » de la musique. Rassurez-vous, le groupe ne compose pas pour autant dans l’optique d’être diffusé sur Europe 2 ; cette influence « pop » est perpétrée par une plus grande utilisation des vocaux clairs par rapport à d’habitude, un plus grand travail de recherche et d’arrangement de la part du compositeur/chanteur/guitariste Ludovic sur ses performances vocales. Les parties chantées sont donc toujours aussi accrocheuses, mais également plus variées, évitant intelligement une redondance qui pouvait paraître évidente lors de l’écoute. Ainsi, au grand regret de certains, les growls si particuliers et si séduisants de Ludovic sont peu présents comparés au reste de la discographie, et surtout après un Incubation leur taillant la part belle. Mais ils sont toujours de la partie, et s’ils se raréfient, c’est pour nous permettre de mieux apprécier leur puissance, notamment sur Apprehension, qui devient un véritable délice. C’est après l’écoute d’un album comme Imago que l’on se rend compte de l’excellence des capacités vocales de Ludovic Loez, possédant aussi bien un timbre remarquable dans le chant clair et une super palette de nuances et de tonalités (je ne parlerai pas d’émotions, étant donné que son chant est volontairement froid), qu’une voix death puissante et à l’originalité marquée.
Il est également intéressant de remarquer que les claviers se font plus présent que jamais, alors qu’auparavant utilisés avec parcimonie. Des quelques notes tristes et assassines comme sur Nothing I Control ou sur l’envoûtante instrumentale Imago, aux nappes atmosphériques régnant sur la majorité de l’album, en passant par les désormais habituelles incursions électroniques, le clavier forge le caractère organique propre à Imago. Le son est chaud, presque chaleureux, certains samples inquiétants alors que simplement viscéraux (encore sur l’étonnante Imago), des voix amenant à la schizophrénie, une bonne tripotée de riffs en palm-mute, une batterie épurée et martiale : toute une alchimie se créée pour forger une identité propre à Imago, qui n’a pas à rougir par rapport à la merveille qu’était déjà Angelus.
Pour leur 7e album, SUP n’a pas hésité à prendre plus de risques qu’à l’habitude, en empruntant une voie peut-être plus simple pour l’auditeur, mais plus difficile à appréhender. On ne peut que remercier le groupe de nous offrir l’un des albums de l’année. Et à ceux qui annonceraient d’ors et déjà le début de la fin pour nos lillois, sachant que le groupe n’a pas pondu deux albums semblables, je me permettrais ceci, après avoir pas mal discuté organes : prout.
| Krow 20 Décembre 2005 - 2701 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo