Disillusion - Gloria

Peu de groupes peuvent se venter d'avoir sorti un premier album de la trempe de "Back To Times Of Splendor". Il y a deux ans à peine, le trio allemand surprenait tout le monde en accouchant de ce petit bijou, plongeant dans la frustration les amateurs de jeux de mots vaseux (pour oser s'appeler ainsi, il vaut mieux avoir du talent...). Mais le plus dur pour un groupe dans ce genre de situations, c'est l'après. Qu'allait bien nous proposer Disillusion pour son deuxième album alors que presque tout était dit ? Un "Back To Times Of Splendor" bis ou tout autre chose ?

C'est finalement dans cette seconde optique que s'inscrit "Gloria", et ça n'est pas franchement une surprise connaissant les allemands. Mais on a beau s'y attendre, cette seconde offrande reste tout de même un énorme contre-pied. Audacieux, presque suicidaires, les teutons ont complètement changé de cap, brouillant volontairement les pistes, avec évidemment le risque de laisser beaucoup de monde se perdre dans les méandres d'un album trop radicalement différent.

Si cette démarche de totale remise en question est à saluer, elle est d'autant plus courageuse que le groupe n'a pas cédé à la facilité en s'engageant dans un style des plus particuliers (contrairement à d'autres...). Sur le papier, on pourrait croire "Gloria" revenu à une formule plus traditionnelle du haut de ses 11 titres pour un peu plus de 50 minutes, abandonnant les morceaux fleuves qui ont fait la réputation du précédent album. Mais musicalement, ce nouvel album est un nouveau témoignage de l'identité musicale de nos trois compères. Loin des sentiers battus, Disillusion expérimente, cherche d'autres chemins de communiquer tourments et confusion, et mélange guitares incisives et choeurs aux allures religieuses avec une touche électronique. Le style est original, volontairement froid et austère, où le côté mécanique des rythmiques syncopées prend souvent le dessus sur le côté atmosphérique des claviers. Le chant de Schmidt se retrouve souvent compressé sous un amas de filtre, renforçant cette impression de machine.

Alors je ne vous cache pas qu'étant un grand fan du précédent album, la découverte de "Gloria" m'a fait repensé à ces vieilles vannes évoquées en introduction... Puis au fil des écoutes, il se laisse doucement apprivoiser. Mais pour cela, il vous faudra voir Disillusion comme un nouveau groupe et oublier ce passé qui risque de leur faire de l'ombre pendant un moment. Car si "Back To Times Of Splendor" frisait la perfection, ça n'est malheureusement pas le cas de ce nouvel album. Dans l'ensemble plutôt bon, "Gloria" présente tout de même quelques titres de moindre qualité et des choix "sonores" contestables. Et pourquoi avoir tant masquer le chant sous cette nuée d'effets ? Même s'il est évident que sa voix fait parti du concept, c'est à croire que l'ami Schmidt en a honte.

Comme beaucoup s'en doutaient en découvrant le premier extrait "Don't Go Any Further", "Gloria" va décevoir. Il ne fallait pas se faire trop d'illusions après un album tel que "Back To Times Of Splendor". Mais quoique vous en pensiez, il y a fort à parier que les allemands n'en ait cure, leur démarche s'inscrivant dans une logique pleinement artistique et non commerciale. Disillusion est libre et cet album en témoigne, avant tout différent et personnel, ouvrant une nouvelle ère dans leur carrière. Et au final, vous ne perdrez sûrement pas votre temps à lui en accorder un peu. A découvrir !

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