The Berzerker - World Of Lies
Chronique
The Berzerker World Of Lies
Mais quel immense bordel ! Une véritable partouse de style musical copulant à n’en plus finir. Mis à part cette image d’une poésie et d’une finesse rare, il y a de quoi se détruire la tête pour essayer de trouver une étiquette correcte pour qualifier la musique des Australiens. Indus brutal death ? Techno-grindcore ? Modern speedcore ? Brutal grinding-metal technoïde ? Bien malin serait celui qui serait capable de trouver un nom convenable en moins de vingt lettres. Pour simplifier, on va dire que The Berzerker joue du The Berzerker. Vous allez me dire : « nous voilà bien plus avancé, espèce de guignol ». Alors, déjà je ne suis pas un guignol et je vais me lancer (pas trop loin) dans une explication de cette tambouille musicale.
Ne m’étant jamais penché sur le cas de The Berzerker auparavant, ma surprise fut de taille lors de l’écoute de l’album. Une intro en crescendo doublé d’un sample à la Mortician et c’est le début de la fin, un blast sauvage mais avec un son de batterie immonde. Aux premiers abords, on croirait un groupe de death remixé par je ne sais quel artiste de la scène hardcore techno. Une véritable machine, bloquée en cinquième vitesse quasiment tout le temps et un chant doublé, l’un guttural et l’autre plus « gore » qui fait beaucoup penser à celui de Carcass. Les riffs sont très tranchants, le son est clair et très mécanique. On sent aussi une grande influence morbidangelienne dans les breaks que le groupe distille de temps à autre.
Ça n’a d’ailleurs rien de très étonnant quand on sait que le groupe s’est fait connaître par l’intermédiaire de reprise, dont une de Morbid Angel (« Day Of Suffering » si mes souvenirs sont bons). La lourdeur y fait beaucoup penser : « All About You » ressemble énormément à des passages de « Eyes To See, Ears To Ear ». Mis à part cette influence importante dans la musique de The Berzerker, il serait très réducteur et eronné de dire que cet album est un plagiat pur et simple. On pourrait résumer la musique du groupe en disant que c’est un mélange particulièrement bruyant entre le grindcore pour le côté implacable et direct des compos, du death pour les riffs et ralentissements particulièrement efficaces, et ce côté industriel qui se retrouve surtout dans la tonalité générale de l’album avec des samples et d’autres effets très synthétiques, dans le son de guitare mais surtout dans celui de la « batterie » (noter les guillemets sur le mot batterie).
Depuis Dissimulate sorti en 2002, le groupe a un véritable batteur alors que le premier album éponyme a été composé grâce à une boite à rythme. Sur ce World Of Lies, le son est très mécanique, en effet la batterie est sans doute bardée d’effets technoïdes et sonne très synthétique. Je le concède, se faire à ce son ou plutôt ce martelage incessant n’est vraiment pas évident et bon nombre n’iront pas jusqu’à la fin de l’album, préférant se jeter sur la trousse à pharmacie. Même si on apprend à peu près à s’y faire au fil des écoutes, il faut tout de même avouer que lors des passages où il y a des gravity-blast (pour les néophytes, c’est en gros un roulement ultra-rapide sur la caisse claire avec une seule baguette en utilisant le rebord de la caisse), il est très dur de suivre la machine au milieu de cette cacophonie.
Mis à part ça, les compos sont très directes, appuyé par un chant très haineux, bien placé et au débit relativement impressionnant par moment. Les titres sont aussi efficaces que du grindcore sauf que les riffs sont bien plus fouillés et moins basiques que ceux qu’on peut entendre dans le style. On y retrouve quand même quelques ralentissements intéressants ce qui permet de reprendre son souffle ou encore d’espérer echapper à la machine à broyer qui vous poursuit pendant tout l’album. Mais il paraît peu évident d’échapper à des monstrueux pavés tels que « Follow Me » et ses changements de rythme affolant ou encore « Never Hated More » qui comme son nom l’indique n’est certainement pas un hymne à l’amour et à la plénitude.
Quelques passages catchy et assez thrash sont bien trouvés (« Afterlife ») mais dans l’ensemble, la musique de The Berzerker, bien que pas si compliquée que ça n’est pas accessible à tout le monde. L’album est long (quasiment une heure) ce qui est du à la dernière piste, « Farewell » qui approche les 20 minutes. Cette fin est assez atypique pour un disque de ce calibre. En effet ce titre à des relents de post-hardcore, on y retrouve une basse grasse et grésillante, toujours cette batterie aux effets étranges sur la grosse caisse et cette guitare toujours aussi tranchante. Rajoutez-y du violon (?!?) et vous obtiendrez un morceau dans lequel la désolation règne mais aussi, à mon goût l’ennui car bien que très réussie, cette fin est trop longue et contraste beaucoup (trop ?) avec le reste des compos.
Toujours aussi atypique, The Berzerker est un ovni qui ne s’inscrit pas complètement dans un genre musical précis. Ce World Of Lies est un album destructeur, bien que pas vraiment renversant, où le caractère mécanique et implacable des compositions est appuyé par une batterie très synthétique qui ne manquera pas de décourager ceux qui veulent tenter l’expérience The Berzerker. Les autres seront ravis de secouer leur tête sur des titres efficaces avec des samples glauques en guise d’intro, des riffs morbidangeliens et une férocité quasi-palpable. En tout cas si nos Australiens ont enlevé leurs masques pour ce World Of Lies, on peut se demander ce qu’ils vont retirer pour le prochain album. Et si c’est ce que je pense, ça risque de faire encore plus mal.
| Scum 29 Janvier 2006 - 2167 lectures |
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