Leng Tch'e - Marasmus

On ne peut pas dire que Leng Tch'e passe inaperçu au milieu de groupe de l'écurie Relapse. La promo a été assez massive, un avant-goût a été proposé grâce au slip split avec les dingos de chez Warscars. Les préventes ont été lancé avec une panoplie complète pour se transformer en true fan et les arguments vendeurs ont aussi été balancé. Du genre « production Fredrik Nordström » ou « mixé au Studio Fredman ». Personnellement, ce genre de phrases promotionnelles me fait un peu peur. C'est donc avec une legère appréhension que je m'envoie la galette dans les conduits auditifs.

Leng Tch'e (pour la signification, direction la chronique de The Process Of Elimination) a évolué en l'espace de 6 ans pour créer un style qui, il faut le reconnaître, est bien propre au groupe : le razorgrind. Alors non ce n'est pas du grind avec un rasoir electrique à la place de la guitare, cette étiquette précise que Leng Tch'e tranche dans le vif, sans trop de détails. Je suis d'accord si on parle de Manmadepredator, qui est pure décharge de violence. Mais je suis plus reservé si on applique ce terme pour ce Marasmus. Mais pourquoi que ?

Un album estampillé (entre autre) « grindcore » produit par celui qui s'occupe de grosses usines telles que At The Gates, Dimmu Borgir ou encore In Flames donnera à coup sur une production enorme. Mais trop clinique pour un groupe de cette trempe. Il manque un côté dégueulasso-cradingue à Marasmus pour me renverser complétement les intestins. Le son est assimilable à un groupe de death suédois, avec un grain stoner dans les guitares et une batterie un peu trop en retrait à mon goût. Je prefère celle du split sorti l'année précédente, plus « à l'arrache ».

Je parlais de la batterie, c'est un bon point de l'album. Il faut avouer que Sven se défend très bien derrière les fûts en assurant quelques backings à la Aborted. Je parlais également de stoner, c'est une des (nombreuses) influences de l'album. Et il y en a beaucoup, du sludge (« Confluence Of Consumers »), du hardcore (les coeurs et la rythmique de « The Sycophant ») et un côté rock'n'roll étrange (« The White Noise » ). J'ai même cru entendre Converge pour le début de « Obsession Defined ». On retrouve aussi pas mal de riffs typés death dans les compositions. En tout cas, avec cet étalage d'influences le groupe est original, on ne peut pas dire le contraire.

Mais à trop vouloir en faire, Leng Tch'e oublie souvent la rapidité au détriment de breaks peu orthodoxes. La fin de l'album se durcit avec des débuts bien sauvages et du gros blast gruikisant mais l'efficacité en prend un coup quand un passage HxC arrive on ne sait d'où. Leng Tch'e aime aussi les mosh-part. Il y en a souvent et beaucoup. Mais la production ne leur rend pas vraiment service car ils sont beaucoup trop axés sur le son rond des guitares. Il y a également beaucoup de riffs dans chaque titre mais ces derniers ne sont pas toujours accrocheurs.

Il manque cet esprit « destroy » que l'on peut retrouver dans un confrère de label tel que Cretin. Ce côté moderne et innovant n'est pas dérangeant en soit, mais il aurait merité d'être mieux integré dans la musique des belges. Après, on pourra toujours dire que cet opus plaiera à un public assez large, que ce soit du fan de hardcore ou à l'amateur de metal extrême en tout genre.

Ce Marasmus est donc pour moi une déception. Le temps de Manmadepredator est loin et le groupe prefère multiplier les influences afin de rendre son grindcore plus original. Mais cette démarche rend l'album trop hétérogène et trop moderne à mon goût. Je suis certain que cet album recevra bon nombre de louanges pour sa production ou encore l'audace des compositions mais ce n'est pas mon cas. Trop dilué pour être estampillé « grindcore », Marasmus plaiera à coup sur aux fans des groupes de l'écurie Relapse.

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