Il y a plusieurs moyens de rattraper le coup après une sortie de route digne d'un retour de boîte quinté au dernier degré, souvent consécutive à un pas de danse mal maîtrisé ou à une série de mouvements corporels un peu brusques surprenant partenaire(s), amis et surtout fans, décontenancés à la vision d'une séquence hip hop quand on attendait plutôt un bon vieux moonwalk des familles, une main au panier ou un violent high-kick ben arfien pour déclencher une bataille rangée sur le dancefloor. A l'avant, on trouve ceux qui ont donné un coup de volant salvateur pour rétablir la trajectoire en deux temps (« Leaders Not Followers » et surtout « Enemy Of The Music Business » pour NAPALM DEATH, histoire de balayer leur période indus) trois mouvements (HELLOWEEN a attendu « Better Than Raw » pour se remettre une bonne fois pour toutes de la claque « Chameleon »), ceux qui ne s'en sont jamais vraiment remis mais qui continuent d'arpenter coûte que coûte le bîtume -
doit-on mentionner un célèbre groupe brésilien retombé au quatrième sous sol après une série d'albums indignes de son glorieux passé? - à l'arrière et enfin dans le coffre réservé aux grands accidentés, ceux que la regrettable rencontre avec un platane aussi enraciné qu'un « Force Of Habit » a contraint à une rééducation longue durée (EXODUS a mis 12 ans pour ressurgir avec « Tempo Of The Damned »). Et si pour LENG TCH'E le problème se pose en des termes moins douloureux niveau enjeux, il n'en reste pas moins que l'image laissée par le groupe après un
« Marasmus » traînant la calandre n'était guère reluisante. Alors le LENG TCH'E nouveau avec Serge Kasongo (ACKROS) au chant, ça roule ou bien ?
Ceux qui se souviennent du split sorti avec FUCK THE FACTS fin 2008 s'en doutent déjà, les belges ont opté pour une voie médiane musicalement parlant, après avoir stabilisé leur line-up suite au départ de Sven De Caluwé et Boris Cornelissen. Les quatre titres sur l'EP en question laissaient présager des compositions plus brutales quoique plus réfléchies que les déflagrations made in « Man Made Predator » et c'est sans surprise que l'on retrouve un contenu mi grind mi razor similaire sur ce « Hypomanic » produit par Russ Russell, monsieur « Enemy Of The Music Business » s'il vous plaît. Le démarrage de l'album est assez rassurant pour la partie brutale, LENG TCH'E balançant avec « Wirehead Imbeciles », « Anthropocentric Suicide » et « A.Men » (entre autres, ces titres sont loin d'être les seuls à envoyer la sauce) deux petites bombes grind full frontal où le registre caverneux de Serge fonctionne à fond les ballons, même si l'on est loin des jappements hystéro du désormais lointain Isaac Roelaert. Par la suite, on retrouve cette alternance de blasts surgis de nulle part et de passages stoner/rock bien gras façon BLOOD DUSTER qui avait si bien fonctionné sur le redoutable
« The Process Of Elimination », bien mal noté par mon confrère et néanmoins ami Niktareum. L'affaire paraît bien engagée donc, Jan Hallaert faisant feu de tout bois sur une « Misleading Innuendos » bien emballante niveau riffs –
c'était déjà le meilleur extrait sur l'EP – et dégainant quelques séquences death bien senties, entre deux salves grind typiques on ne peut plus appréciables. Bien vu également le caméo de Mark « Barney » Greenway qui électrise « Totalitarian » de main de maître ainsi que l'excursion en territoire doom d'une « Perfervid Odyssey » qui avec plus de 9 minutes au compteur n'en finit plus … de ne plus finir justement. D'un point de vue général, les riffs sont plutôt bons, même lorsque LENG TCH'E ressuscite l'ombre du NAPALM DEATH dissonant de « Diatribes » à la fin de « Anthropocentric Suicide », et le successeur de Boris s'en tire très bien sur le plan des growls. Pourtant, malgré toute la bonne volonté de ses géniteurs, « Hypomanic », bien que supérieur à
« Marasmus » (et c'est heureux !), ne convainc qu'à moitié.
Car LENG TCH'E, qui avait bâti son identité sonore sur un socle d'excès en tous genres et de sautes d'humeur imprévisibles, est désormais bien trop sage à mon goût. Exit le rendu synthétique de la batterie qui pouvait en irriter certains mais qui faisait également tout le charme de « Made Men Predator » et
« The Process Of Elimination », au placard les cris surhumains de Boris et Isaac qui faisaient le sel de compositions on ne peut plus percutantes et rapides. Entre autres faiblesses plus liées à la qualité relativement moyenne des compos qu'à l'agencement du tracklisting, on regrettera que LENG TCH'E ait perdu en vitesse d'exécution ce qu'il a gagné en versatilité rythmique, pas pour le meilleur excepté peut être le temps d'un « Violence Does Even Justice » joyeusement death rock. Sans vouloir incriminer le batteur Tony Van Den Eynde, le jeu de Sven était bien plus explosif et les blasts moins attendus que sur un « Hypomanic » qui déroule des séquences grind satisfaisantes mais également plus prévisibles. Il en va de même pour les parties stoner, toujours bien grasses mais moins entraînantes que sur « Process », décidément ! Dans le même ordre d'idées, le manque de variété du chanteur pénalise quelque peu LENG TCH'E sur la durée et si les défauts dans la carrosserie
« Marasmus » ont été en partie recouverts à la bombe de peinture, on garde ce sentiment d'avoir affaire à un groupe qui se cherche encore, quelque part entre la folie furieuse des débuts –
assez absente, soyons clairs – et un fond de jeu plus réfléchi, presque plus respectable. Ce n'est pas l'image que je me fais d'un groupe dont j'attends plus qu'il roule à 220 en centre ville plutôt qu'il ralentisse en maugréant tout en laissant une chance à mamie de traverser saine et sauve le passage piéton.
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