Anneke van Giersbergen & Agua de Annique - Air
Chronique
Anneke van Giersbergen & Agua de Annique Air
Avec une pochette comme celle-ci, vous vous dites sans doute que Dead s'apprête à faire son "coming out" et qu'il compte nous présenter le premier album du tout nouveau travelo à la mode, fétichiste des hôtesses de l'air. Au risque de décevoir mes admirateurs et admiratrices, je prends le risque de mettre les choses au point d'amblée : oui, ce disque à un rapport avec le metal, certes lointain mais là quand même. Car derrière cet artwork au goût douteux digne des pires albums que la dance et le R'n B rassemblés aient pu engendrer, se cache une femme, Anneke Van Giersbergen. Et oui, notre chère Anneke qui après avoir décidé dans le courant de l'année de quitter le mythique The Gathering, s'est empressée de former ce groupe au nom pour le moins... rose ? Certains crient déjà au gâchis, au caprice de star car The Gathering sans Anneke, c'est un peu comme un album de Rhapsody novateur : difficilement concevable. Mais... Agua bon se lamenter ? (même pas honte) Attendons de voir. Peut-être que cet événement majeur dans la vie du combo hollandais leur donnera un second souffle et leur permettra de rebondir après un "Home" en demi-teinte.
Mais The Gathering n'étant pas le sujet de cette chronique, revenons plutôt à Anneke. Officiellement, si cette dernière a pris la décision de continuer seule, c'est pour proposer sa propre musique. Le nom de Agua de Annique n'est donc qu'un subterfuge pour essayer de faire preuve de modestie et de nous faire croire que ce disque est l'oeuvre d'un groupe uni et soudé. Excepté un ou deux titres, l'ensemble de l'album a été écrit et composé par elle et elle-seule. Pour ceux qui suivent encore, peut-être vous restent-il quelques questions en suspend. Pourquoi un nom de groupe aussi pourri ? Pourquoi une pochette aussi moche ? Pourquoi ce trip de l'hôtesse de l'air ? A ces questions, je ne pourrai répondre qu'à la dernière en vous disant qu'il s'agit en réalité du concept de l'album. "Air" représente l'expression de la fascination de sa génitrice pour ces femmes toujours tirées à quatre épingles, souriantes et avenantes mais qui cachent sans doute beaucoup de choses derrière ce masque. Au cours de ses nombreuses tournées au quatre coins du monde avec The Gathering, Anneke les a apparemment beaucoup observées et voit en elles le reflet de la dualité de la vie, l'adorable et le détestable qui font de nous des êtres humains et que nous cherchons parfois à effacer. Je ne vous dévoile pas tout le sens de son propos pour ne pas gâcher votre plaisir car Anneke l'explique très bien dans le livret. D'un point de vue textuel donc, on comprend bien qu'un tel album n'auraient eu aucun sens dans son ancien groupe tellement le thème fait référence à des impressions et analyses personnelles.
Mais d'un autre côté, ceux qui ne s'arrêteront qu'à la musique, ne pourront que déplorer son départ de The Gathering. Anneke composait déjà pas mal pour son groupe et sans réelle surprise, on retrouve sa griffe sur cet album solo. Entre rock et musique atmosphérique, "Air" déroule des ambiances posées, mélancoliques comme sur ses derniers albums, avec une note globalement plus légère, plus lumineuse. Malgré quelques sursauts électriques ("Witnesses", "You Are Nice!"), les compositions restent très très calmes et mettent en avant la fantastique voix de la demoiselle, l'élément central comme on pouvait s'y attendre : le chant est superbe, le talent incontestable, une des plus belles voix que le metal/rock ait connu. Anneke sait en jouer et viendra arracher vos émotions tout au long de l'album, démultipliées dans les moments de grand dépouillement ("Take Care Of Me", "Come Wander With Me"). Dans sa simplicité, l'instrumentation ne manque pas de raffinement, toujours juste et sans excès. Le piano et la guitare notamment, accompagnent tendrement le chant afin d'en étendre la portée émotionnelle ; Même sur les passages les plus rock, rien ne dépasse la voix, comme si la base instrumentale n'était là que pour pousser Anneke. Les arrangements minutieux et subtils apportent la touche finale, donnant à l'ensemble un véritable sentiment de travail de perfectionniste. Après question qualité, on navigue entre le très bon et le juste bon en ce qui me concerne. Les morceaux les plus atmosphériques et mélancoliques s'en sortent bien pour la plupart ("Day After Yesturday", "Beautiful One", "Take Care Of Me") ; j'ai par contre plus de mal avec les titres *faussement* électriques ("Your Are Nice!" en tête) qui manquent cruellement de génie et peinent à décoller et/ou émouvoir. Par contre, les petits solos disséminés ici et là, sont vraiment très bien sentis, simples et magiques à tel point que je ne me l'explique pas ("Beautiful One" par exemple).
"Air" est en fin de compte, un album de bonne facture qui malgré ses quelques défauts, n'a pas à rougir de son contenu devant son cousin "Home". Anneke prouve qu'elle s'en sort très bien toute seul et nous sert un disque prometteur, personnel dans le fond, un peu moins sur la forme, à la musique mélancolique mais à l'atmosphère toujours légère. On voyage, on rêve, on s'abandonne à cette voix si émouvante, si douce, si sensuelle avec laquelle on pourrait faire le tour du monde... Un album qui porte finalement bien son nom.
| Dead 25 Octobre 2007 - 7728 lectures |
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